106. Jean-Honoré Fragonard

(Grasse 1732 – 1806 Paris)

Paysage montagneux au coucher du soleil, vers 1765

Vraisemblablement peinte en plein air, Paysage montagneux au coucher du soleil est l’une des œuvres les plus anciennes présentées dans l’exposition. C’est également l’une des très rares études à l’huile de Fragonard qui nous soient parvenues. La rapidité et la spontanéité de la touche sont manifestes et l’esquisse a récemment été qualifiée de « réaction spontanée à la nature, comme si l’artiste avait capté une impression saisie par la fenêtre d’une calèche traversant la campagne1 ». La peinture est appliquée en couches minces sur le premier plan et dans les arbres, et des touches plus denses donnent aux feuillages volume et caractère. Dans la partie inférieure de la composition, les montagnes, au centre, sont traitées dans un gris-violacé opaque et font écho aux silhouettes des nuages qui les surplombent. Le point de vue abaissé est un trait récurrent des paysages produits par Fragonard dans les années 1760. L’artiste dessina d’après nature tout au long de sa carrière, réalisant notamment une spectaculaire série de paysages à la sanguine au cours de son séjour à l’Académie de France à Rome entre 1756 et 1761, mais les esquisses à l’huile attribuées à cette période sont relativement rares.

1« a quick response to nature, as if the artist were recording an impression glimpsed from a carriage window as it rolled through the countryside », Richard Rand, dans Philip Conisbee et al., French Paintings of the Fifteenth through the Eighteenth Century. The Collections of the National Gallery of Art Systematic Catalogue, Washington, D. C., 2009, p. 158.