Les Flandrin de la Fondation Custodia à Lyon Après de longs mois de fermeture, le Musée des Beaux-Arts de Lyon voit sa persévérance récompensée avec l’ouverture de son ambitieuse exposition sur les frères Flandrin. Originaires de Lyon, Auguste (1804-1842), Hippolyte (1809-1864) et Paul (1811-1902) furent des artistes majeurs du XIXe siècle. Longtemps éclipsés par un désintérêt qui frappait de larges pans de l’art de leur temps, les Flandrin ont été redécouverts par le public à l’occasion de l’exposition de 1984-1985 au musée du Luxembourg et à Lyon. La nouvelle rétrospective présente les nombreuses découvertes qui ont été faites, depuis, sur la fratrie et pose un nouveau regard sur leur carrière. Le choix de Lyon s’impose par l’attachement constant des Flandrin pour leur ville natale, ainsi que par l’importante collection de référence conservée par le musée. Faisant dialoguer les œuvres des trois frères dont les parcours respectifs se sont sans cesse suivis ou croisés, les sept sections permettent d’interroger et de contextualiser leur production : le dialogue des portraits qui révèlent les personnalités et les liens qui les unissent, leur apprentissage dans l’atelier d’Ingres, le travail d’après le modèle vivant, la pratique active de l’étude de la nature en plein air, les grands projets de décor à sujet historique, et enfin l’héritage des Flandrin dans leur entourage proche ou jusqu’à la création contemporaine. Les 10 dessins et tableaux prêtés à cette occasion par la Fondation Custodia font exclusivement partie du chapitre dédié aux paysages, genre de prédilection pour l’institution parisienne en ce qui concerne notamment l’art du XIXe siècle. L’intégralité des peintures des Flandrin de la Fondation Custodia sont présentées à Lyon, mais bien d’autres œuvres et documents produits par ces artistes sont restés à Paris. 1. Lettre d’Hippolyte Flandrin à « Monsieur le Directeur » (non identifié), datée du 18 avril 1855 Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 1973-A.673 Ce sont d’abord les lettres des Flandrin – surtout d’Hippolyte – qui entrèrent dans les collections de la Fondation Custodia. Initié au milieu des années 1960, ce fonds s’enrichit progressivement jusqu’en 2017, pour atteindre une cinquantaine de pièces (voir pour exemple fig. 1, ou l’article consacré à l’une d’elles dans la Lettre d’information de la Fondation Custodia n° 10, décembre 2017). Nul doute qu’une édition critique de l’ensemble de la correspondance des Flandrin, faisant suite aux diverses publications de Marie-Madeleine Aubrun, constituerait une ressource précieuse pour l’histoire de l’art. 2. Hippolyte (ou Paul ?) Flandrin, Portrait présumé de Raymond Balze, 1840 Graphite. – 260 × 193 mmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2001-T.17 Mis à part le portrait présumé de Raymond Balze (fig. 2), exécuté par Hippolyte ou Paul Flandrin en 1840, héritage de la plus pure tradition des portraits au crayon de leur maître, Jean-Auguste-Dominique Ingres, les dessins des Flandrin conservés par la Fondation Custodia ne représentent que des paysages. Tracées au crayon, souvent sur papier bleu – et alors rehaussées de gouache blanche (fig. 3) –, ou délicatement aquarellées, ces vues couvrent toutes les typologies de paysages dessinés par les Flandrin. L’ensemble de ces œuvres a été acquis par la Fondation Custodia directement de la famille des artistes, en 1989. 3. Paul (?) Flandrin, Ruines dans la campagne romaine Graphite et gouache blanche sur papier bleu. – 79 × 194 mm Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1989-T.27 4. Paul (?) Flandrin, Vue de la baie de Gaète, 1838 Aquarelle et graphite. – 69 × 186 mm Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1989-T.25 5. Auguste Flandrin, Vue de la baie de Naples avec le Castel dell’Ovo et le Vésuve, 1838 Aquarelle et graphite. – 65 × 133 mmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1989-T.23 Ce sont ces vues italiennes à l’aquarelle qui furent choisies pour figurer dans l’exposition lyonnaise (fig. 4). Témoignages de l’expérimentation de cette technique que menèrent ensemble les trois frères pendant leur découverte de la péninsule (entre 1833 et 1835, puis en 1837 et 1838), ces paysages épurés et amples sont autant de notations colorées et enchantées (fig. 5). La difficulté réside dans l’attribution de celles-ci à chacun des trois frères quand elles ne sont pas signées de leur prénom, car ce « triumvirat », comme les surnommait Ingres, avait l’habitude de souvent collaborer. 6. Paul Flandrin, Album de 33 dessins Graphite sur papier calque. – 52,9 × 33,5 cmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1996-T.18(1/33) Les collections de la Fondation Custodia comptent également de Paul Flandrin un important ensemble de 33 paysages dessinés sur papier calque et réunis dans un album (fig. 6). Tous liés à des compositions de l’artiste, ils sont sans doute des ricordi – des souvenirs – de celles-ci que Paul conservait précieusement. Sous ses airs un peu défraîchis, usé par le temps, cet album constitue pourtant un document primordial pour la connaissance de l’œuvre de l’artiste. Malheureusement, son état de conservation et sa grande fragilité n’ont pas permis son transport jusqu’à Lyon. C’est également Paul qui est l’auteur des cinq petits tableaux qui ont rejoint les murs lyonnais et qui furent acquis depuis 2010 par la Fondation Custodia (fig. 7). Ils s’intègrent à la vaste collection des études à l’huile exécutées en plein air – notamment en Italie – par des artistes européens au XIXe siècle, rassemblée dans l’hôtel Turgot à Paris. Ces paysages se caractérisent, chez Flandrin, par un équilibre harmonieux de masses simplifiées afin de rendre, avec une certaine économie de moyens, cette nature italienne « calme et lumineuse » saluée par son frère Hippolyte. Poursuivant son intense politique d’acquisition, la Fondation Custodia s’est portée acquéreuse cette année 2021 d’une Vue de Rome peinte à l’huile sur papier par Paul Flandrin (fig. 8). Cette œuvre révèle une réaction aux effets atmosphériques, bien plus rare dans la production de l’artiste. Avec une grande justesse il a su traduire la nature du ciel et cette lumière jaune diffuse qui chasse lentement la brume qui enveloppe la ville de Rome au petit matin. 7. Paul Flandrin, Environs de Volterra, 1835 Huile sur papier, sur carton. – 18,6 × 24 cmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2013-S.21 8. Paul Flandrin, Vue de Rome depuis le Pincio, 1834 Huile sur papier, sur toile. – 18,7 × 27,7 cmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2021-S.5 Une partie des œuvres des Flandrin de la Fondation Custodia ont donc pris leurs quartiers d’été à Lyon. Certains de ces dessins et d’autres encore seront aussi visibles à l’occasion de l’exposition Dessins français du XIXe siècle de la Fondation Custodia prévue en 2023. Ils seront alors accessibles en ligne, sur la base de données des collections de la Fondation Custodia. Pour les plus impatients, il est toujours possible de venir admirer dessins, peintures et lettres à l’hôtel Turgot (uniquement sur rendez-vous).
Les Flandrin de la Fondation Custodia à Lyon Après de longs mois de fermeture, le Musée des Beaux-Arts de Lyon voit sa persévérance récompensée avec l’ouverture de son ambitieuse exposition sur les frères Flandrin. Originaires de Lyon, Auguste (1804-1842), Hippolyte (1809-1864) et Paul (1811-1902) furent des artistes majeurs du XIXe siècle. Longtemps éclipsés par un désintérêt qui frappait de larges pans de l’art de leur temps, les Flandrin ont été redécouverts par le public à l’occasion de l’exposition de 1984-1985 au musée du Luxembourg et à Lyon. La nouvelle rétrospective présente les nombreuses découvertes qui ont été faites, depuis, sur la fratrie et pose un nouveau regard sur leur carrière. Le choix de Lyon s’impose par l’attachement constant des Flandrin pour leur ville natale, ainsi que par l’importante collection de référence conservée par le musée. Faisant dialoguer les œuvres des trois frères dont les parcours respectifs se sont sans cesse suivis ou croisés, les sept sections permettent d’interroger et de contextualiser leur production : le dialogue des portraits qui révèlent les personnalités et les liens qui les unissent, leur apprentissage dans l’atelier d’Ingres, le travail d’après le modèle vivant, la pratique active de l’étude de la nature en plein air, les grands projets de décor à sujet historique, et enfin l’héritage des Flandrin dans leur entourage proche ou jusqu’à la création contemporaine. Les 10 dessins et tableaux prêtés à cette occasion par la Fondation Custodia font exclusivement partie du chapitre dédié aux paysages, genre de prédilection pour l’institution parisienne en ce qui concerne notamment l’art du XIXe siècle. L’intégralité des peintures des Flandrin de la Fondation Custodia sont présentées à Lyon, mais bien d’autres œuvres et documents produits par ces artistes sont restés à Paris. 1. Lettre d’Hippolyte Flandrin à « Monsieur le Directeur » (non identifié), datée du 18 avril 1855 Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 1973-A.673 Ce sont d’abord les lettres des Flandrin – surtout d’Hippolyte – qui entrèrent dans les collections de la Fondation Custodia. Initié au milieu des années 1960, ce fonds s’enrichit progressivement jusqu’en 2017, pour atteindre une cinquantaine de pièces (voir pour exemple fig. 1, ou l’article consacré à l’une d’elles dans la Lettre d’information de la Fondation Custodia n° 10, décembre 2017). Nul doute qu’une édition critique de l’ensemble de la correspondance des Flandrin, faisant suite aux diverses publications de Marie-Madeleine Aubrun, constituerait une ressource précieuse pour l’histoire de l’art. 2. Hippolyte (ou Paul ?) Flandrin, Portrait présumé de Raymond Balze, 1840 Graphite. – 260 × 193 mmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2001-T.17 Mis à part le portrait présumé de Raymond Balze (fig. 2), exécuté par Hippolyte ou Paul Flandrin en 1840, héritage de la plus pure tradition des portraits au crayon de leur maître, Jean-Auguste-Dominique Ingres, les dessins des Flandrin conservés par la Fondation Custodia ne représentent que des paysages. Tracées au crayon, souvent sur papier bleu – et alors rehaussées de gouache blanche (fig. 3) –, ou délicatement aquarellées, ces vues couvrent toutes les typologies de paysages dessinés par les Flandrin. L’ensemble de ces œuvres a été acquis par la Fondation Custodia directement de la famille des artistes, en 1989. 3. Paul (?) Flandrin, Ruines dans la campagne romaine Graphite et gouache blanche sur papier bleu. – 79 × 194 mm Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1989-T.27 4. Paul (?) Flandrin, Vue de la baie de Gaète, 1838 Aquarelle et graphite. – 69 × 186 mm Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1989-T.25 5. Auguste Flandrin, Vue de la baie de Naples avec le Castel dell’Ovo et le Vésuve, 1838 Aquarelle et graphite. – 65 × 133 mmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1989-T.23 Ce sont ces vues italiennes à l’aquarelle qui furent choisies pour figurer dans l’exposition lyonnaise (fig. 4). Témoignages de l’expérimentation de cette technique que menèrent ensemble les trois frères pendant leur découverte de la péninsule (entre 1833 et 1835, puis en 1837 et 1838), ces paysages épurés et amples sont autant de notations colorées et enchantées (fig. 5). La difficulté réside dans l’attribution de celles-ci à chacun des trois frères quand elles ne sont pas signées de leur prénom, car ce « triumvirat », comme les surnommait Ingres, avait l’habitude de souvent collaborer. 6. Paul Flandrin, Album de 33 dessins Graphite sur papier calque. – 52,9 × 33,5 cmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 1996-T.18(1/33) Les collections de la Fondation Custodia comptent également de Paul Flandrin un important ensemble de 33 paysages dessinés sur papier calque et réunis dans un album (fig. 6). Tous liés à des compositions de l’artiste, ils sont sans doute des ricordi – des souvenirs – de celles-ci que Paul conservait précieusement. Sous ses airs un peu défraîchis, usé par le temps, cet album constitue pourtant un document primordial pour la connaissance de l’œuvre de l’artiste. Malheureusement, son état de conservation et sa grande fragilité n’ont pas permis son transport jusqu’à Lyon. C’est également Paul qui est l’auteur des cinq petits tableaux qui ont rejoint les murs lyonnais et qui furent acquis depuis 2010 par la Fondation Custodia (fig. 7). Ils s’intègrent à la vaste collection des études à l’huile exécutées en plein air – notamment en Italie – par des artistes européens au XIXe siècle, rassemblée dans l’hôtel Turgot à Paris. Ces paysages se caractérisent, chez Flandrin, par un équilibre harmonieux de masses simplifiées afin de rendre, avec une certaine économie de moyens, cette nature italienne « calme et lumineuse » saluée par son frère Hippolyte. Poursuivant son intense politique d’acquisition, la Fondation Custodia s’est portée acquéreuse cette année 2021 d’une Vue de Rome peinte à l’huile sur papier par Paul Flandrin (fig. 8). Cette œuvre révèle une réaction aux effets atmosphériques, bien plus rare dans la production de l’artiste. Avec une grande justesse il a su traduire la nature du ciel et cette lumière jaune diffuse qui chasse lentement la brume qui enveloppe la ville de Rome au petit matin. 7. Paul Flandrin, Environs de Volterra, 1835 Huile sur papier, sur carton. – 18,6 × 24 cmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2013-S.21 8. Paul Flandrin, Vue de Rome depuis le Pincio, 1834 Huile sur papier, sur toile. – 18,7 × 27,7 cmFondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2021-S.5 Une partie des œuvres des Flandrin de la Fondation Custodia ont donc pris leurs quartiers d’été à Lyon. Certains de ces dessins et d’autres encore seront aussi visibles à l’occasion de l’exposition Dessins français du XIXe siècle de la Fondation Custodia prévue en 2023. Ils seront alors accessibles en ligne, sur la base de données des collections de la Fondation Custodia. Pour les plus impatients, il est toujours possible de venir admirer dessins, peintures et lettres à l’hôtel Turgot (uniquement sur rendez-vous).