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108. Pieter Christoffel Wonder

108. Pieter Christoffel Wonder

Utrecht 1777 – 1852 Amsterdam

Autoportrait

Bien que destiné à une carrière de tanneur dans l’entreprise familiale, Pieter Christoffel Wonder choisit la voie de l’art et devint un artiste de renom, en autodidacte selon ses dires1. Il connut le succès en tant que peintre de scènes de genre contemporaines inspirées du XVIIe siècle hollandais et, surtout, comme portraitiste2. Le portrait présumé de Christiaan Josi (1768–1828) conservé par la Fondation Custodia manifeste de manière éloquente le talent et le savoir-faire de l’artiste3. Tous deux originaires de la ville d’Utrecht, les deux hommes se sont probablement rencontrés à l’école de peinture ainsi qu’à la société artistique Kunstliefde, fondée par Wonder et Jan Baptist Kobell (1778–1814) en 18074. Le portrait a toutefois été peint en 1826 à Londres, où Wonder résida pendant plusieurs années et où Josi s’était définitivement installé.

Ce petit autoportrait gravé nous livre un témoignage intime de l’autre facette du processus artistique : celle de l’artiste qui étudie attentivement son modèle, en l’occurrence lui-même. La date d’exécution est incertaine, mais pourrait se situer entre 1812 et 18145. La pose, le chapeau, la direction de la lumière et la légère contre-plongée rappellent l’Autoportrait gravant près d’une fenêtre de Rembrandt (1606–1669) de 16486. Wonder a peut-être connu cette estampe par l’intermédiaire de Josi qui, vers 1800, était entré en possession de l’illustre collection de gravures de Rembrandt de Cornelis Ploos van Amstel (1726–1798) – comprenant l’autoportrait en question – et en avait publié le catalogue en 18107. Or, alors que Rembrandt nous fixe d’un regard concentré et sombre depuis la pénombre d’une pièce indiquée par un tissage de fines hachures, une légèreté calme et allègre se dégage de l’autoportrait de Wonder, comme de son regard. On pourrait même, à l’instar de l’historien de l’art, journaliste et illustrateur Cornelis Veth (1880–1962), déceler une touche d’humour dans les yeux et la façon « joyeuse » dont s’enroule le bord du chapeau8.

Contrairement à Rembrandt, Wonder ne s’est essayé que quelques fois à la gravure : outre ce rare autoportrait, on ne connaît que trois autres eaux-fortes de sa main, toutes des portraits. L’une d’entre elles, Portrait d’une vieille femme au chapeau9, a pu être ajoutée à la collection de la Fondation Custodia par Ger Luijten en 2018. L’acquisition de l’autoportrait a permis d’enrichir le beau fonds de portraits et de représentations d’artistes et autres protagonistes du monde de l’art. Il s’agissait d’une thématique chère à Ger Luijten, affection qu’il partageait avec Frits Lugt, qui avait lui-même jeté les bases de cette partie de la collection, toujours poursuivie par ses successeurs depuis.

Eveline Deneer

1Dans le questionnaire qu’il remplit pour le lexicographe Johannes Immerzeel (Amsterdam, Rijksprentenkabinet, inv. RP-D-2016-6-547, Wonder indiqua ne pas avoir eu de maître. Dans sa jeunesse, pourtant, il reçut des cours de dessin « pour se distraire » auprès du peintre de papiers peints et de carrosses Theodorus de Reuver (1762–1808). Entre 1804 et 1805, il fit un voyage d’études à Düsseldorf, où il copia des peintures de maîtres anciens à la Galerie électorale et étudia à l’Académie des arts. Voir Quirine van der Meer Mohr, « Een meester van weleer : Pieter Christoffel Wonder », dans Ellinoor Bergvelt (dir.), P.C. Wonder (1777-1852). Een Utrechter in Londen, cat. exp. Utrecht (Centraal Museum), 2015, p. 25.

2Annemieke Hoogenboom, « “Een menigte portretten van de voornaamste familiën” : Pieter Christoffel Wonder als portrettist van de Utrechtse elite », dans Bergvelt 2015, op. cit. (note 1), p. 79.

3Paris, Fondation Custodia, inv. 1975-S.1. Voir Jan Wolter Niemeijer, « Pieter Christoffel Wonder. Portrait présumé de Christiaan Josi », dans Mària van Berge-Gerbaud et Hans Buijs (dir.), Morceaux Choisis parmi les acquisitions de la Collection Frits Lugt réalisées sous le directorat de Carlos van Hasselt 1970-1994, Paris, 1994, p. 272-273, n° 130.

4À propos de Wonder, voir Louis van Tilborgh et Annemieke Hoogenboom, Tekenen destijds. Utrechts tekenonderwijs in de 18e en 19e eeuw, Utrecht, 1982, p. 18-19. À propos de Josi, voir Christiaan Kramm, De levens en werken der Hollandsche en Vlaamsche kunstschilders, beeldhouwers, graveurs en bouwmeesters, van den vroegsten tot op onzen tijd, Amsterdam, 1859, vol. III, p. 826 et Jan Wolter Niemeijer, « P.C. Wonder in Engeland, aanvullende gegevens in verband met de compositieschets van Sir John Murray in het Rijksprentenkabinet », Bulletin van het Rijksmuseum, vol. XIII, 1965, p. 115-123, p. 120.

5Heller et Nagler datent l’autoportrait de 1814, tandis que le catalogue de l’exposition du jubilé du 125e anniversaire du Centraal Museum donne 1815 comme date possible d’exécution, dans les deux cas sans explications. Voir Maria Elisabeth Houtzager, 125 jaar Centraal Museum Utrecht, cat. exp. Utrecht (Centraal Museum), 1964, n° 392. Deux annotations manuscrites sur un tirage de l’autoportrait récemment acquis par le Metropolitan Museum de New York, inv. 2023.83 indiquent qu’il aurait été réalisé en 1812. Des trois autres gravures connues de la main de Wonder, l’une date de 1814 et une autre probablement de 1816.

6Paris, Fondation Custodia, inv. 4087. Voir Erik Hinterding, Rembrandt Etchings from the Frits Lugt Collection, Bussum, 2008, vol. I, p. 62-64, n° 14, vol. II, p. 18, repr. ; Erik Hinterding et Jaco Rutgers, Rembrandt (The New Hollstein Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, 1450-1700), Ouderkerk aan den IJssel, 2013, vol. Text II, n° 240, vol. Plates II, p. 244-252.

7Christiaan Josi, Beredeneerde catalogus der werken van Rembrandt van Rhyn en van zyne leerlingen en navolgeren, herkomende uit het kabinet van wylen den heer C. Ploos van Amstel, Amsterdam, 1810, p. 3, nos 25-28.

8Cornelis Veth, « Onze grafiek van 1800-1870 », Maandblad voor beeldende kunsten, vol. XVIII, n° 11, 1941, p. 290-291. Veth a vu l’autoportrait à l’exposition Onze grafiek van 1800 tot 1870 au Museum Van Boijmans à Rotterdam, qui se tenait du 6 septembre au 15 décembre 1941 (Johan Conrad Ebbinge Wubben, Onze grafiek van 1800 tot 1870, cat. exp. Rotterdam (Museum Van Boijmans), 1941, n° 99, fig. 2).

9Paris, Fondation Custodia, inv. 2018-P.99.