112. Christen Schjellerup Købke

Copenhague 1810 – 1848 Copenhague

Le Vieux marin, 1836

Christen Købke est sans doute aujourd’hui l’artiste le plus connu de l’Âge d’or danois1. Il réalisa des portraits, paysages et vues topographiques avec un grand sens de la couleur, de la lumière et de la composition. Son œuvre montre notamment l’influence de Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783–1853), dont il fut l’élève, ou encore du portraitiste Christian Albrecht Jensen (1792–1870). Købke fut actif dans les années 1830 et 1840 mais mourut jeune, en 1848.

La Fondation Custodia conserve quelques dessins de l’artiste2. Købke est en outre l’auteur d’un œuvre gravé restreint3. En 1999, sous le directorat de Mària van Berge-Gerbaud, une première eau-forte de Købke fut ajoutée au petit fonds d’estampes danoises de la collection4. Cette œuvre, qui date de 1831, reprend l’un des premiers tableaux majeurs du jeune artiste, une vue intérieure de l’église d’Aarhus, commencé en 18295.

Par la suite, Købke répéta plusieurs fois l’exercice et exécuta encore quelques eaux-fortes d’après ses propres tableaux6. Ainsi, en 1836, il se basa sur le portrait d’un vieux marin qu’il avait peint quatre années auparavant7. Tout au long de sa carrière, Købke réalisa des portraits peints et dessinés qui se caractérisent par une fine observation des détails et un grand réalisme. Il prit souvent pour sujet des membres de sa famille ou des personnes de son entourage. Le peintre s’intéressa également à plusieurs reprises à un ancien marin, Jens Fisker, qui travailla comme marchand de tabac près de la citadelle à Copenhague, où habitait alors l’artiste. Købke le représenta une première fois en 1830 assis à côté de son étal8. Puis, en 1832, il fit son portrait, donnant toutefois un titre neutre à son tableau, Un vieux marin, sans mention de l’identité de son modèle9. La toile s’apparente au genre des têtes de caractère. Le visage marqué et le regard pénétrant du marin lui confèrent également une dignité solennelle.

C’est aussi le cas de l’eau-forte que Købke exécuta d’après ce tableau en 1836. À l’aide d’une multitude de traits courts et de hachures, l’artiste transposa de façon précise la tête du vieux marin sur le cuivre, tout en gardant la force de son portrait : nous retrouvons les rides, la pilosité faciale et surtout le regard intense du vieil homme. L’estampe révèle un traitement maîtrisé de la lumière et fait écho aux magistraux portraits dessinés par l’artiste10.

Rhea Sylvia Blok

1Pour un aperçu de cette période, voir Peter Nørgaard Larsen, Magnus Olausson, Karina Lykke Grand et al., L’Âge d’or de la peinture danoise, 1801-1864, cat. exp. Stockholm (National Museum), Copenhague (Statens Museum for Kunst), Paris (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris), 2019-2021.

2Treize dessins, dont une sélection fut exposée en 2007 : Michael Bjørn Nellemann et Per Jonas Storsve, De Abildgaard à Hammershøi – 75 dessins danois, cat. exp. Paris (Maison du Danemark), Copenhague (Statens Museum for Kunst), 2007, nos 33-37.

3Mario Krohn, qui est le plus complet, liste cinq eaux-fortes, deux gravures et deux lithographies : Mario Krohn, Maleren Christen Købkes Arbejder. Illustreret Fortegnelse, Copenhague, 1915, p. 110-114  ; voir aussi Jørgen Sthyr, Dansk Grafik 1800-1910, Copenhague, 1949, p. 34-37.

4Le Transept de la cathédrale d’Aarhus, 1831, inv. 1999-P.92. Pour cette impression et le fonds d’estampes danoises, voir Mària van Berge-Gerbaud, Rhea Blok et Hans Buijs, Acquisitions 1994-1999. Collection Frits Lugt, Paris, 2000, p. 60, 66, 77  ; Hans Buijs (éd.), Un cabinet particulier. Les estampes de la Collection Frits Lugt, cat. exp. Paris (Institut Néerlandais), 2010, p. 316-317.

5Parti i Århus Domkirke, 1830, huile sur toile, 48,5 × 34 cm, Copenhague, Statens Museum for Kunst, inv. KMS1345  ; voir Kasper Monrad, The Golden Age of Danish Painting, cat. exp. Los Angeles (Los Angeles County Museum of Art), New York (Metropolitan Museum of Art), 1993-1994, p. 144-145, n° 56.

6Quatre au total, dont une d’après un détail : Krohn 1915, op. cit. (note 3), p. 110-111, nos 2, 1, 4, 5.

7Portrait d’un vieux marin, 1832, huile sur toile, 31 × 27 cm, Copenhague, Statens Museum for Kunst, inv. KMS577.

8Marchand de cigares à la porte nord de la Citadelle de Copenhague, huile sur toile, 23,5 × 34,5 cm, Paris, musée du Louvre, inv. RF 1996 1  ; Élisabeth Foucart-Walter, Olivier Meslay et Dominique Thiébaut, Catalogue des peintures britanniques, espagnoles, germaniques, scandinaves et diverses du musée du Louvre, Paris, 2013, p. 164  ; Hans Edvard Nørregård-Nielsen et Kasper Monrad, Christen Købke, 1810-1848, cat. exp. Copenhague (Statens Museum for Kunst), 1996, p. 128-131.

9Voir note 7 et Nørregård-Nielsen et Monrad 1996, op. cit. (note 8), p. 156-159.

10Magnus Olausson, «  Vu de près. Les portraits intimes dessinés  », dans Larsen, Olausson, Grand et al. 2019-2021, op. cit. (note 1), p. 188-201.