123. Rein Dool

Né à Leyde en 1933

Paysage, 2019

Artiste infatigable, Rein Dool dessine encore chaque jour. Dès son plus jeune âge, il s’aventura dans les polders autour de Leyde, sa ville natale, muni d’un crayon et de papier. Il se découvrit alors un véritable talent pour le travail sur le motif. Dans les paysages de ses débuts, l’influence de Rembrandt, maître que Dool admire beaucoup, est encore présente.

Ayant reçu une formation de lithographe à partir de 14 ans, Dool ne décida de se consacrer entièrement à son art qu’en 1961, quelques années après avoir été récompensé par le prix d’encouragement pour les jeunes artistes attribué par le Fonds Willink van Collen. Il pratiqua alors le dessin, la lithographie, la peinture, la sculpture et la céramique1.

Tout au long de sa carrière, Dool connut des périodes pendant lesquelles il dessina d’après nature. Il s’exerça aussi à d’autres sujets comme des scènes figuratives, des natures mortes et des portraits. S’il s’essaya à une grande variété de styles et de techniques, ses paysages sont toujours basés sur une observation minutieuse et une appropriation, au sens propre, de ce qu’il voit.

Rein Dool choisit également son matériel de dessinateur avec soin. Il affectionne notamment un papier oriental, confectionné à la main à partir d’écorce de mûrier, sur lequel il travaille au crayon, à la plume, à l’aquarelle ou bien au fusain. Ses nombreuses vues d’Espagne, dessinées sur place, se caractérisent par un style particulièrement adapté à ce support assez rugueux2.

Bien que l’artiste soit un maître du dessin sur le motif, il y voit aussi un frein à sa liberté créatrice et cherche à se détacher de la réalité en créant des scènes semi-abstraites. Celles-ci montrent une grande économie de moyens : par quelques lignes et aplats, apposés avec une maîtrise qui atteste de sa formation de lithographe, l’artiste réalise des compositions simples – en apparence.

Dans cette vue, ainsi que dans Paysage de nuit3, Dool se prête à l’exercice de paysages de fantaisie. Ces dessins sont marqués par une certaine abstraction qui se base toutefois sur un travail d’après nature. Le style presque calligraphique rappelle les dessins que Rein Dool fit en Écosse4. Avec quelques traits de pinceau à l’encre, utilisant habilement la réserve du papier, il représenta les côtes de ce pays qu’il visita en 2001. Dans ce paysage de fantaisie, les montagnes et le plan d’eau évoquent le littoral écossais. Dool ajouta en haut et en bas des lignes ondulantes, motif que l’on retrouve dans ses œuvres semi-abstraites, notamment celles aux têtes dites « à la Dool5 ». Le dessin, don de l’artiste à la Fondation Custodia, témoigne de l’écriture originale de Rein Dool6.

Rhea Sylvia Blok

1Pour une biographie détaillée, voir Huigen Leeflang, Rein Dool. Les dessins, cat. exp. Dordrecht (Dordrechts Museum), Paris (Fondation Custodia), 2022-2023.

2Huigen Leeflang et Rik Zaal, De Meseta. Noord-Spaanse landschappen. Tekeningen van Rein Dool, Harderwijk, 2007.

3Paysage de nuit, 2018, pinceau et encres grise et noire, rehauts de blanc sur papier oriental, 282 × 383 mm, Paris, Fondation Custodia, inv. 2023-T.165 ; Leeflang 2022-2023, op. cit. (note 1), n° 40.

4Ibid., nos 21-22.

5Par exemple deux dessins exécutés dans la même période, 2019 et 2020 : ibid., nos 42 et 43.

6Rein Dool donna au total quinze dessins à la Fondation Custodia en 2023 à la suite de l’exposition consacrée à ses dessins organisée par le Dordrechts Museum et la Fondation Custodia.