Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 126. Anna Metz Née à Rotterdam en 1939 Crépuscule, 2019 Comme avec beaucoup d’autres artistes graphiques contemporains, Ger Luijten a parcouru un long chemin avec Anna Metz. Lorsqu’ils se rencontrèrent en 2008, Anna Metz avait déjà une riche carrière artistique derrière elle. Ger Luijten fut immédiatement séduit par la stratification de son travail graphique, tant au niveau de l’exécution technique que de l’approche artistique. C’est en 1960 que Metz s’initia à la gravure à la Koninklijke Academie van Beeldende Kunsten (Académie royale des Beaux-Arts) de La Haye, où elle suivait des cours depuis 1955. En 1961, elle s’inscrivit à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten (Académie nationale des Beaux-Arts) d’Amsterdam. Deux ans plus tard, elle opta résolument pour la liberté. Elle put disposer de son propre atelier à Amsterdam et, à partir de ce moment et pendant de nombreuses années, elle partit sillonner la Provence au printemps pour y dessiner. C’est ainsi que la nature fit irruption dans son travail. À cette époque, Metz commença également à expérimenter l’eau-forte en couleurs. Sa contribution à une édition de trois poèmes de Huub Oosterhuis (1933–2023) sous la forme de treize eaux-fortes (1986-1989) constitua une expérience graphique importante1. Metz repensa presque toutes les étapes de l’ardu procédé, de la découpe de la plaque à l’impression. En a résulté un nouveau langage visuel, plus abstrait, avec des éléments faisant référence à la nature, toujours à l’œuvre aujourd’hui. En 1980, Metz exposa un choix de dessins, pastels et gravures à Paris à l’invitation de l’Institut Néerlandais2. Quarante ans plus tard, elle eut de nouveau l’honneur d’une rétrospective, cette fois-ci organisée par la Fondation Custodia, rassemblant ses eaux-fortes des dernières décennies, la part de son œuvre qu’elle estime le plus. Crépuscule fut l’une des plus récentes présentées au public. Cette estampe exprime sa fascination, née en Provence, pour les arbres sous toutes leurs formes, qu’elle a graduellement rendus avec plus de structure. Ce sont les impressions recueillies lors d’un voyage en Espagne qui ont été à la base de son estampe. Un enchevêtrement de branches dénudées restitué au moyen de couleurs sourdes et d’une impression à sec, sur un fond gris granuleux. La Fondation conserve également deux variantes du troisième état3 de l’estampe, chacun imprimé par neuf passages successifs sous la presse. Ce procédé fait que les exemplaires présentent des différences considérables entre eux. Ces variantes montrent amplement ce que représente l’eau-forte aux yeux de Metz, qui se réfère à l’œuvre du graveur néerlandais le plus expérimental du XVIIe siècle, Hercules Segers (1589/1590–vers 1633/1640) : « il faut du courage pour ne pas contrôler son travail4 ». Sarah Van Ooteghem 1Jan Piet Filedt Kok et Gijsbert van der Wal, Anna Metz. Eaux-fortes, cat. exp. Paris (Fondation Custodia), 2020, p. 42-46, nos 21-23. 2Ibid., p. 22-23. 3Ibid., n° 65 B, Paris, Fondation Custodia, inv. 2020-P.69 ; n° 65 C ; Paris, Fondation Custodia, inv. 2020-P.70. 4Ibid., p. 122.
Comme avec beaucoup d’autres artistes graphiques contemporains, Ger Luijten a parcouru un long chemin avec Anna Metz. Lorsqu’ils se rencontrèrent en 2008, Anna Metz avait déjà une riche carrière artistique derrière elle. Ger Luijten fut immédiatement séduit par la stratification de son travail graphique, tant au niveau de l’exécution technique que de l’approche artistique. C’est en 1960 que Metz s’initia à la gravure à la Koninklijke Academie van Beeldende Kunsten (Académie royale des Beaux-Arts) de La Haye, où elle suivait des cours depuis 1955. En 1961, elle s’inscrivit à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten (Académie nationale des Beaux-Arts) d’Amsterdam. Deux ans plus tard, elle opta résolument pour la liberté. Elle put disposer de son propre atelier à Amsterdam et, à partir de ce moment et pendant de nombreuses années, elle partit sillonner la Provence au printemps pour y dessiner. C’est ainsi que la nature fit irruption dans son travail. À cette époque, Metz commença également à expérimenter l’eau-forte en couleurs. Sa contribution à une édition de trois poèmes de Huub Oosterhuis (1933–2023) sous la forme de treize eaux-fortes (1986-1989) constitua une expérience graphique importante1. Metz repensa presque toutes les étapes de l’ardu procédé, de la découpe de la plaque à l’impression. En a résulté un nouveau langage visuel, plus abstrait, avec des éléments faisant référence à la nature, toujours à l’œuvre aujourd’hui. En 1980, Metz exposa un choix de dessins, pastels et gravures à Paris à l’invitation de l’Institut Néerlandais2. Quarante ans plus tard, elle eut de nouveau l’honneur d’une rétrospective, cette fois-ci organisée par la Fondation Custodia, rassemblant ses eaux-fortes des dernières décennies, la part de son œuvre qu’elle estime le plus. Crépuscule fut l’une des plus récentes présentées au public. Cette estampe exprime sa fascination, née en Provence, pour les arbres sous toutes leurs formes, qu’elle a graduellement rendus avec plus de structure. Ce sont les impressions recueillies lors d’un voyage en Espagne qui ont été à la base de son estampe. Un enchevêtrement de branches dénudées restitué au moyen de couleurs sourdes et d’une impression à sec, sur un fond gris granuleux. La Fondation conserve également deux variantes du troisième état3 de l’estampe, chacun imprimé par neuf passages successifs sous la presse. Ce procédé fait que les exemplaires présentent des différences considérables entre eux. Ces variantes montrent amplement ce que représente l’eau-forte aux yeux de Metz, qui se réfère à l’œuvre du graveur néerlandais le plus expérimental du XVIIe siècle, Hercules Segers (1589/1590–vers 1633/1640) : « il faut du courage pour ne pas contrôler son travail4 ». Sarah Van Ooteghem 1Jan Piet Filedt Kok et Gijsbert van der Wal, Anna Metz. Eaux-fortes, cat. exp. Paris (Fondation Custodia), 2020, p. 42-46, nos 21-23. 2Ibid., p. 22-23. 3Ibid., n° 65 B, Paris, Fondation Custodia, inv. 2020-P.69 ; n° 65 C ; Paris, Fondation Custodia, inv. 2020-P.70. 4Ibid., p. 122.