13. Casper Casteleyn

Haarlem vers 1625 – après 1661

Jeune homme coiffé d’un béret, 1652

Le pendant de cette feuille, qui représente une dame en train de ranger des perles dans une boîte, demeure toujours introuvable. Frits Lugt possédait les deux dessins, mais ils lui ont été volés pendant la Seconde Guerre mondiale. Seul ce portrait d’un jeune homme est retourné en 1954 dans la collection de la Fondation Custodia. Lugt avait acheté la paire en 1937 comme étant de Pieter Casteleyn (1618-1676), avec une troisième feuille de sa main qu’il a ensuite revendue1. L’initiale de la signature apposée en bas à gauche, que Lugt lisait comme un P (ou n’avait pas remarquée), s’avère en réalité être un C. L’auteur du dessin pourrait donc être le frère de Pieter, Casper (ou Jasper) Casteleyn2.

Pieter et Casper étaient des membres de la famille mennonite Casteleyn, qui joua un rôle important dans l’industrie du livre à Haarlem3. Leur père, Vincent Casteleyn (vers 1585-1658), avait fondé un des premiers quotidiens hollandais et fut remplacé en tant qu’imprimeur de la ville par son fils Abraham Casteleyn (vers 1628-1681). Ce dernier acquit une grande notoriété avec le journal Oprechte Haerlemsche Courant et se fit portraiturer par Jan de Braij (voir cat. 12) en compagnie de son épouse Margarieta van Bancken (1628-1694)4. Pieter commença à publier un périodique vers 1650 sous le titre Hollantsche Mercurius, mais il travaillait aussi comme peintre et graveur. Il semble que le dessinateur de cette feuille, Casper, se soit principalement consacré à son métier de peintre, à l’instar de ses autres frères Johannes (vers 1612 - après 1665) et Vincent II (1609-1649), qui fit son apprentissage auprès de Frans Pietersz. de Grebber (1573-1649)5. Membre de la guilde de Saint-Luc à Haarlem depuis 1653, Casper séjourna également quelque temps à Amsterdam6. Dans Het gulden cabinet de Cornelies de Bie (1662), Casteleyn est décrit comme « ayant montré, depuis son plus jeune âge, une grande aptitude pour le dessin et la peinture »7. De Bie ne précise pas si le compliment valait principalement pour les scènes d’histoire, comme La Rencontre de Granida et Daifilo (1653)8 et Minerve rendant visite à un jeune homme en prison (1659)9, ou si cela incluait également les portraits.

Le jeune homme représenté dans notre feuille n’est pas identifié. Le précieux support de parchemin et le rendu délicat à la pierre noire suggèrent que le dessin n’a pas donné lieu à une version peinte, mais il est une œuvre autonome. Sans son pendant, il est difficile d’en connaître la fonction, mais il est fort possible que les deux feuilles aient été exécutées à l’occasion d’un mariage ou de fiançailles. C’est du moins ce que pourraient indiquer les perles que la jeune femme, d’après les sources, range dans une boîte et qui représenteraient alors son honorabilité et sa chasteté10. Une dimension symbolique dont paraît dénué le portrait du jeune homme au béret à plumes.

MvS

1Lugt a vendu le dessin en 1942 à W. Wheeler & Son, Londres, mais son lieu de conservation actuel n’est pas connu.

2Quelques mois après avoir acheté les deux feuilles, Lugt a acquis un dessin qu’il considérait, à juste raison, comme de la main de Casper Casteleyn, montrant ainsi qu’il connaissait l’existence de l’artiste : Page de titre avec portrait de Camphuysen, Fondation Custodia, Paris, inv. 5272.

4Rijksmuseum, Amsterdam, inv. SK-A-3280  ; l’étude préparatoire à ce tableau est conservée dans la collection de la Fondation Custodia, Paris, inv. 5124.

5Marion E. W. Goosens, Schilders en de markt. Haarlem 1605-1635, La Haye, 2001, p. 237.

6P. J. Blok, P. C. Molhuysen, Nieuw Nederlands biografisch woordenboek, tome 9, 1933, p. 135-136.

7«  Die soo van jonghs-af-aen was tot de Const gheneghen  ». Voir Cornelis de Bie, Het gulden cabinet van de edel vrij schilderconst, 1662, p. 384  ; Blok et Molhuysen 1933, p. 136 : «  en dat zal dan Caspar geweest zijn  ».

8Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, inv. 7647.

9Musée de la collection Jean-Paul II (Muzeum Kolekcji im. Jana Pawla II), Varsovie.

10Eddy de Jongh, «  Pearls of virtue and pearls of vice  », Simiolus, 8, 1975-1976, p. 69-97.

11«  Deux pièces, un portrait d’homme et un portrait de femme, avec idem [pierre noire et craie blanche], par J. Kaateleyn [sic]  ».