130. William Holman Hunt

(Londres 1827 – 1910 Londres)

La Tamise à Chelsea, soir, 1853

Peindre directement d’après nature était l’un des principes directeurs de la confrérie préraphaélite dont William Holman Hunt fut l’un des membres fondateurs. Parmi les buts établis figuraient : « 1, avoir d’authentiques idées à exprimer ; 2, étudier la nature avec attention, de manière à savoir comment les exprimer […] »1. Une grande partie de l’œuvre de Holman Hunt se caractérise par la profusion de détails, la méticulosité de la touche et l’abondance des couleurs, ce qui fait de cette vue nocturne de la Tamise à la facture très libre et à la palette austère une œuvre d’autant plus étonnante. Les eaux troubles du fleuve occupent plus de la moitié de la composition et le reflet des lumières sur la surface constitue le réel sujet de la peinture. Le clair de lune parvient à percer le ciel alourdi par le smog, projetant sur l’eau des reflets horizontaux qui contrastent avec les longues verticales provenant des maisons éclairées sur la rive opposée. Holman Hunt habita Chelsea de 1850 à son départ pour la Terre sainte en janvier 1854. Une inscription au revers de cette étude indique qu’elle fut exécutée depuis une fenêtre de Cheyne Walk en 1853 et offerte par l’artiste à son ami et confrère John Everett Millais (1829–1896).

1« 1, To have genuine ideas to express ; 2, to study Nature attentively, so as to know how to express them […] », William Michael Rossetti (éd.), Dante Gabriel Rossetti : His Family-Letters, with a Memoir, Londres, 1895, I, p. 135.