Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 14. Attribué à Jan Worst Actif vers 1645 – 1686 ou après Paysage rocheux avec une cascade Selon une inscription au dos de notre feuille, cette cascade devait se trouver à Tivoli ou dans ses environs. Mais il est difficile de dire si le dessinateur croqua son paysage sur le vif car des éléments topographiques particuliers à ce lieu, tels la Villa d’Este toute proche, en sont absents. L’accent est mis sur la nature indomptée et ses pouvoirs. L’impressionnante formation rocheuse souligne la hauteur d’où l’eau dégringole et la vitesse de sa chute est suggérée par la disposition des blancs laissés en réserve sur le papier. Un arbre qui a réussi à s’enraciner dans la roche orne le centre de la composition et attire l’attention par son feuillage sombre. Des analogies avec un tableau d’Adam Pijnacker (1620/1622–1673) ont amené Marleen Ram et Annemarie Stefes à considérer celui-ci comme l’auteur possible de la feuille, bien que la technique employée ne corresponde pas aux dessins qui lui sont attribués1. L’utilisation abondante du pinceau dans une large variété de tons de gris et son effet doux, quasi lustré, sur le papier ont conduit Peter Schatborn à le donner à Jan Worst2, un artiste qui, d’après Arnold Houbraken (1660–1719), séjourna en Italie, probablement entre 1645 et 16553. On lui attribue notamment un dessin recto-verso conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam représentant les chutes d’eau de Tivoli4. Toutefois, d’un point de vue stylistique, la technique de notre feuille est plus apparentée au Torrent avec blocs de rochers près de la Grande Chartreuse, signé et daté de 1656 (?), du Groninger Museum5, et aux Blocs de rochers entravant le lit d’une rivière (près de la Grande Chartreuse ?) du Crocker Art Museum à Sacramento6, que Schatborn attribue également à Worst7. Tous deux datent d’un voyage en France effectué en 1655 et 1656, au cours duquel l’artiste s’arrêta à Lyon, Vienne et à la Grande Chartreuse près de Grenoble, probablement après son séjour en Italie. En 2021-2022, Ger Luijten présenta ce dessin lors la venue parisienne de l’exposition Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870, avec plusieurs autres feuilles du XVIIe siècle provenant de la collection de la Fondation Custodia, afin de montrer que les motifs sur lesquels les artistes du XIXe siècle travaillèrent en plein air avaient déjà été étudiés par leurs prédécesseurs du Siècle d’or hollandais. Pour la Fondation Custodia, il fit par ailleurs l’acquisition d’un second dessin attribué à Jan Worst, une feuille de dimensions tout aussi généreuses, représentant aux recto et verso deux vues de la ville de Rome8. Maud van Suylen 1Voir Marleen Ram dans Marie-Noëlle Grison et Marleen Ram, avec des contributions de Rhea Sylvia Blok, Hans Buijs et Ger Luijten, Art sur papier. Acquisitions récentes de la Fondation Custodia, cat. exp. Paris (Fondation Custodia), 201°, no 61. 2Peter Schatborn, « Drawings by Jan Worst », Master Drawings, vol. LVIII, 2020, p. 45, n° 31, fig. 30. 3Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche konstschilders en schilderessen, vol. II, Amsterdam, 1719, p. 147. 4Inv. RP-T-1967-81(R) et RP-T-1967-81(V) ; voir Peter Schatborn, « Two Drawings of Tivoli by Jan Worst », Master Drawings, vol. LIII, 2015, p. 467-470 ; Schatborn 2020, op. cit. (note 2), n° 2, figs. 28-29. 5Groningue, Groninger Museum, inv. 1919.0289 ; ibid., n° 16, fig. 42. 6Sacramento, Crocker Art Museum, inv. 1871,575 ; ibid., n° 34, fig. 40. 7À propos de l’attribution, voir ibid., p. 51-53. 8Vue du Ponte Rotto, au verso Vue du Tibre et le Ponte Cestio, inv. 2015-T.2 ; Schatborn 2020, op. cit. (note 2), n° 30, figs. 22-23.
Selon une inscription au dos de notre feuille, cette cascade devait se trouver à Tivoli ou dans ses environs. Mais il est difficile de dire si le dessinateur croqua son paysage sur le vif car des éléments topographiques particuliers à ce lieu, tels la Villa d’Este toute proche, en sont absents. L’accent est mis sur la nature indomptée et ses pouvoirs. L’impressionnante formation rocheuse souligne la hauteur d’où l’eau dégringole et la vitesse de sa chute est suggérée par la disposition des blancs laissés en réserve sur le papier. Un arbre qui a réussi à s’enraciner dans la roche orne le centre de la composition et attire l’attention par son feuillage sombre. Des analogies avec un tableau d’Adam Pijnacker (1620/1622–1673) ont amené Marleen Ram et Annemarie Stefes à considérer celui-ci comme l’auteur possible de la feuille, bien que la technique employée ne corresponde pas aux dessins qui lui sont attribués1. L’utilisation abondante du pinceau dans une large variété de tons de gris et son effet doux, quasi lustré, sur le papier ont conduit Peter Schatborn à le donner à Jan Worst2, un artiste qui, d’après Arnold Houbraken (1660–1719), séjourna en Italie, probablement entre 1645 et 16553. On lui attribue notamment un dessin recto-verso conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam représentant les chutes d’eau de Tivoli4. Toutefois, d’un point de vue stylistique, la technique de notre feuille est plus apparentée au Torrent avec blocs de rochers près de la Grande Chartreuse, signé et daté de 1656 (?), du Groninger Museum5, et aux Blocs de rochers entravant le lit d’une rivière (près de la Grande Chartreuse ?) du Crocker Art Museum à Sacramento6, que Schatborn attribue également à Worst7. Tous deux datent d’un voyage en France effectué en 1655 et 1656, au cours duquel l’artiste s’arrêta à Lyon, Vienne et à la Grande Chartreuse près de Grenoble, probablement après son séjour en Italie. En 2021-2022, Ger Luijten présenta ce dessin lors la venue parisienne de l’exposition Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870, avec plusieurs autres feuilles du XVIIe siècle provenant de la collection de la Fondation Custodia, afin de montrer que les motifs sur lesquels les artistes du XIXe siècle travaillèrent en plein air avaient déjà été étudiés par leurs prédécesseurs du Siècle d’or hollandais. Pour la Fondation Custodia, il fit par ailleurs l’acquisition d’un second dessin attribué à Jan Worst, une feuille de dimensions tout aussi généreuses, représentant aux recto et verso deux vues de la ville de Rome8. Maud van Suylen 1Voir Marleen Ram dans Marie-Noëlle Grison et Marleen Ram, avec des contributions de Rhea Sylvia Blok, Hans Buijs et Ger Luijten, Art sur papier. Acquisitions récentes de la Fondation Custodia, cat. exp. Paris (Fondation Custodia), 201°, no 61. 2Peter Schatborn, « Drawings by Jan Worst », Master Drawings, vol. LVIII, 2020, p. 45, n° 31, fig. 30. 3Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche konstschilders en schilderessen, vol. II, Amsterdam, 1719, p. 147. 4Inv. RP-T-1967-81(R) et RP-T-1967-81(V) ; voir Peter Schatborn, « Two Drawings of Tivoli by Jan Worst », Master Drawings, vol. LIII, 2015, p. 467-470 ; Schatborn 2020, op. cit. (note 2), n° 2, figs. 28-29. 5Groningue, Groninger Museum, inv. 1919.0289 ; ibid., n° 16, fig. 42. 6Sacramento, Crocker Art Museum, inv. 1871,575 ; ibid., n° 34, fig. 40. 7À propos de l’attribution, voir ibid., p. 51-53. 8Vue du Ponte Rotto, au verso Vue du Tibre et le Ponte Cestio, inv. 2015-T.2 ; Schatborn 2020, op. cit. (note 2), n° 30, figs. 22-23.