Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 142. Francesco Albani Bologne 1578 – 1660 Bologne Lettre à Girolamo Bonini, [20 janvier] 1654 Cette lettre inédite vient s’ajouter à l’importante correspondance que le peintre bolonais Albani entretenait au cours des années 1650 avec son ami et ancien élève Girolamo Bonini (?–1680) lorsque ce dernier résidait à Venise. Dans sa biographie d’Albani publiée en 1678, le comte Cesare Malvasia (1616–1693) affirma connaître 62 lettres de cette conversation épistolaire et en publia plusieurs extraits1. La lettre nouvellement acquise par la Fondation Custodia, qui date du 20 janvier 1654 (« le soir de la Saint Sébastien »), s’insère sans difficulté dans cette correspondance malheureusement unilatérale : à ce jour, les réponses de Bonini ne sont pas connues2. Dans la « nouvelle » lettre, Albani aborde une variété de thèmes, qui vont des banalités quotidiennes jusqu’à sa production artistique et sa réputation professionnelle. Il s’inquiète de savoir si Bonini a bien reçu le ferraiolo – cape ou ample manteau de laine – que ce dernier avait commandé ; il donne des instructions sur la façon de traiter deux tableaux expédiés à Venise, une Sainte Marie Madeleine en demi-figure du Guerchin (1591–1666) et son pendant de même taille de sa main dont nous savons, grâce à une lettre précédente, qu’il représente Saint Jean Baptiste, tableaux tous deux non identifiés à ce jour. Il ajoute en plaisantant que cette dernière peinture servirait à montrer qu’il est encore actif : il l’a envoyée « comme preuve à un certain Polonais et à un certain autre, qui disent que je suis malade et ne travaille plus, comme j’eusse pu le faire à Paris, là où il se dit depuis deux ans […] que je suis mort, mais, par la grâce de Dieu, je suis encore vivant. » Pour preuve ultérieure, la lettre se poursuit avec des remarques sur des tableaux auxquels l’artiste travaillait encore, y compris une Charité destinée à Bonini lui-même (non identifiée non plus). Ensuite, Albani décrit une petite peinture « où saint Joseph s’est ôté les lunettes pour mieux voir l’Enfant dans le lointain, auquel le petit saint Jean Baptiste offre des fleurs ; le bon vieux montre bien qu’il remettra ses lunettes et poursuivra sa lecture », une interprétation anecdotique de son propre tableau que le peintre renforça quelques lignes plus tard en parlant d’une Vénus et Cupidon destinée à un certain Monsieur Correggio, œuvre dans laquelle la déesse refuse à son fils son arc et ses flèches, « bien qu’avec un demi-sourire elle les lui rendra à la fin. » Carel van Tuyll van Serooskerken 1Carlo Cesare Malvasia, Felsina Pittrice. Vite de’pittori bolognesi, Bologne, 1678, éd. consultée Milan, 1841, vol. II, p. 182. 2Voir Eric van Schaack, Francesco Albani, 1578-1660, thèse de doctorat, New York, Columbia University, 1969, p. 331-379, Appendix B, pour des lettres adressées à Bonini et datées 23 décembre 1653, 26 janvier 1654 et 10 février 1654 (n°s 5, 7 et 8), ainsi qu’une autre sans date, mais qui doit être du tout début de 1654 (n° 6). Celle du 26 janvier 1654 fait également partie du fonds de quinze lettres, pour la plupart non publiées, actuellement conservées à la Fondation Custodia (inv. 1979-A.247).
Cette lettre inédite vient s’ajouter à l’importante correspondance que le peintre bolonais Albani entretenait au cours des années 1650 avec son ami et ancien élève Girolamo Bonini (?–1680) lorsque ce dernier résidait à Venise. Dans sa biographie d’Albani publiée en 1678, le comte Cesare Malvasia (1616–1693) affirma connaître 62 lettres de cette conversation épistolaire et en publia plusieurs extraits1. La lettre nouvellement acquise par la Fondation Custodia, qui date du 20 janvier 1654 (« le soir de la Saint Sébastien »), s’insère sans difficulté dans cette correspondance malheureusement unilatérale : à ce jour, les réponses de Bonini ne sont pas connues2. Dans la « nouvelle » lettre, Albani aborde une variété de thèmes, qui vont des banalités quotidiennes jusqu’à sa production artistique et sa réputation professionnelle. Il s’inquiète de savoir si Bonini a bien reçu le ferraiolo – cape ou ample manteau de laine – que ce dernier avait commandé ; il donne des instructions sur la façon de traiter deux tableaux expédiés à Venise, une Sainte Marie Madeleine en demi-figure du Guerchin (1591–1666) et son pendant de même taille de sa main dont nous savons, grâce à une lettre précédente, qu’il représente Saint Jean Baptiste, tableaux tous deux non identifiés à ce jour. Il ajoute en plaisantant que cette dernière peinture servirait à montrer qu’il est encore actif : il l’a envoyée « comme preuve à un certain Polonais et à un certain autre, qui disent que je suis malade et ne travaille plus, comme j’eusse pu le faire à Paris, là où il se dit depuis deux ans […] que je suis mort, mais, par la grâce de Dieu, je suis encore vivant. » Pour preuve ultérieure, la lettre se poursuit avec des remarques sur des tableaux auxquels l’artiste travaillait encore, y compris une Charité destinée à Bonini lui-même (non identifiée non plus). Ensuite, Albani décrit une petite peinture « où saint Joseph s’est ôté les lunettes pour mieux voir l’Enfant dans le lointain, auquel le petit saint Jean Baptiste offre des fleurs ; le bon vieux montre bien qu’il remettra ses lunettes et poursuivra sa lecture », une interprétation anecdotique de son propre tableau que le peintre renforça quelques lignes plus tard en parlant d’une Vénus et Cupidon destinée à un certain Monsieur Correggio, œuvre dans laquelle la déesse refuse à son fils son arc et ses flèches, « bien qu’avec un demi-sourire elle les lui rendra à la fin. » Carel van Tuyll van Serooskerken 1Carlo Cesare Malvasia, Felsina Pittrice. Vite de’pittori bolognesi, Bologne, 1678, éd. consultée Milan, 1841, vol. II, p. 182. 2Voir Eric van Schaack, Francesco Albani, 1578-1660, thèse de doctorat, New York, Columbia University, 1969, p. 331-379, Appendix B, pour des lettres adressées à Bonini et datées 23 décembre 1653, 26 janvier 1654 et 10 février 1654 (n°s 5, 7 et 8), ainsi qu’une autre sans date, mais qui doit être du tout début de 1654 (n° 6). Celle du 26 janvier 1654 fait également partie du fonds de quinze lettres, pour la plupart non publiées, actuellement conservées à la Fondation Custodia (inv. 1979-A.247).