143. Johan Thomas Lundbye

Par les premiers mots qu’il écrit dans son journal pour l’année 1842-1843, Lundbye dit s’être donné pour objectif de « peindre mon cher Danemark, mais avec toute la simplicité et la modestie qui le caractérisent »¹. Hormis un bref voyage en Italie en 1845-1846, l’artiste passa l’essentiel de sa courte vie à peindre son pays natal. Bien qu’elle omette toute vue plus large du paysage danois, cette lumineuse huile sur papier évoque sans ambiguïté l’humilité que Lundbye cherchait à saisir. Monogrammée et datée en bas au centre, « 18 JTL 43 », elle a été exécutée pendant son voyage estival en Zélande septentrionale en compagnie de son confrère P. C. Skovgaard (1817–1875). Une profonde amitié unissait les deux hommes depuis leur première rencontre au bureau des inscriptions de l’Académie de Copenhague vers l’âge de quinze ans. Plus loin dans son journal, Lundbye décrit l’influence que son ami exerçait sur lui quand il « m’observait et m’enflammait à laisser courir le pinceau sans anxiété […] C’était quand Skovgaard était avec moi que je peignais le mieux, et quand il me disait : maintenant, peins les tas d’algues qui sont là en cinq minutes ! ou : maintenant range les pinceaux à brosse ronde et ne peins qu’en touches larges avec les grandes brosses plates ! »² L’on aimerait pouvoir deviner les mots encourageants que Skovgaard eut pour Lundbye alors que ce dernier travaillait sur cette charrette de foin que baigne une chaude lumière dorée.