Accueil Catalogues en ligne Enfants du Siècle d’or 15. Jan Cossiers Anvers 1600 – 1671 Anvers Portrait de Jan François Cossiers, 1658 Ce jeune homme de seize ans est le fils aîné du peintre anversois Jan Cossiers et de sa seconde épouse Maria van der Willigen, avec laquelle il s’était marié le 26 juillet 16401. Jan François Cossiers (1642/1643-1680) est devenu par la suite secrétaire de l’évêque d’Ypres (Flandre-Occidentale), mais on n’en sait pas beaucoup plus sur sa vie2. Dans ce dessin, il possède encore une candeur de jeune homme, quoiqu’il ne manque pas de confiance en lui. Cossiers a dessiné ce portrait de son fils en 1658, comme il a dessiné également celui de quatre autres de ses garçons3. Les cinq feuilles sont toutes numérotées, de la même manière que le 31 apposé en haut à gauche de notre dessin4. La signification de cette numérotation continue d’intriguer. Marijn Schapelhouman a suggéré que les dessins des fils Cossiers pourraient faire partie d’un groupe plus vaste de feuilles, peut-être une série de têtes d’expression5, à laquelle se rattacherait aussi le dessin d’un jeune homme conservé à Los Angeles6. Que le groupe de têtes dessinées de Jan Cossiers ait pu être plus large semble également attesté par l’historique des différentes feuilles. Les cinq dessins qui ont enrichi successivement les collections du vicomte Palmerston (1739-1802), de Sir John Charles Robinson (1824-1913) et plus tard de Charles Fairfax Murray (1849-1919) ne peuvent certainement pas être les cinq feuilles susmentionnées des fils Cossiers7. Les portraits de Gerard et de Jacobus se trouvaient dans la collection de Gilbert Paignon-Dijonval (1708-1792) et figurent tous deux dans son inventaire de 18108. La feuille dans laquelle Cornelis est représenté semble également avoir une autre provenance9. La complexité de ce groupe de têtes d’enfants et de leur fonction est encore accrue par l’existence d’un portrait de Jan François Cossiers conservé au musée du Louvre, une version quasiment identique à notre feuille10. Quand Frits Lugt l’a catalogué à la fin des années 1940, il était convaincu que Cossiers était l’auteur des deux dessins11. Il jugeait toutefois son exemplaire « un peu plus vigoureux »12. Lugt faisait probablement référence à cette impression de plus grande spontanéité qui se dégageait de sa feuille par rapport à celle du Louvre, ébauchée d’une main plus lourde et rigide à la pierre noire et à la sanguine. Le dessin de Jacobus Cossiers du British Museum est également d’une facture moins hardie et le réseau serré des hachures de l’arrière-plan correspond au dessin de Jan François du Louvre. Il est parfaitement concevable que les portraits des fils Cossiers aient été réalisés en un petit nombre d’exemplaires. Comme c’est souvent le cas avec les portraits de famille, des répliques ont été faites pour un autre membre de la famille ou pour la personne portraiturée. MvS 1Il s’est marié avec sa première femme Jeanne Darragon (morte en 1639) en 1630. 2Théodore Van Lerius, Catalogue du musée d’Anvers, 1874. 3Jacobus Cossiers, British Museum, Londres, inv. Oo,10.179, pierre noire et sanguine, retouché de craie jaune, lavis brun et gris, 270 × 201 mm ; Cornelis Cossiers, Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-T-2008-103, pierre noire, sanguine et craie jaune, plume et encre brune, 267 × 185 mm ; Guilliellemus Cossiers, The Morgan Library & Museum, New York, inv. I, 248, pierre noire, sanguine, craie blanche, plume et encre brune, 268 × 183 mm (non daté) ; Geeraert Cossiers, localisation actuelle inconnue (chez Richard Day Ltd en 1987), pierre noire, sanguine, plume et encre brune, 267 × 187 mm. Le couple donna naissance à d’autres enfants, dont au moins un garçon, Pierre-Antoine. 4Jacobus, n° 25, Geeraert, n° 27, Guillielemus, n° 21 et Cornelis, n° 32. 5Schapelhouman 2009, p. 109. 6Nicholas Turner, European Drawings 4. Catalogue of the Collections, Los Angeles, 2001, n° 43 ; la manière dont ce numéro est écrit s’écarte cependant de celle des feuilles précédemment mentionnées. 7Felice Stampfle, Netherlandish Drawings of the Fifteenth and Sixteenth Centuries and Flemish Drawings of the Seventeenth and Eighteenth Centuries in the Pierpont Morgan Library, New York-Princeton, 1991, n° 264. 8Cabinet de M. Paignon Dijonval : état détaillé et raisonné des dessins et estampes, Paris, 1810, p. 74 (n° 1527). 9L’inscription P N° 84 est absente du verso, contrairement aux dessins de la Fondation Custodia et de The Morgan Library & Museum. 10Jean François Cossiers, musée du Louvre, Paris, inv. 21.918, pierre noire et sanguine, plume et encre brune, lavis brun, 310 × 201 mm. 11Frits Lugt, Inventaire général des dessins des écoles du Nord, École flamande, Paris, musée du Louvre, 1949, vol. I, n° 544. 12Ibidem, p. 46.
Ce jeune homme de seize ans est le fils aîné du peintre anversois Jan Cossiers et de sa seconde épouse Maria van der Willigen, avec laquelle il s’était marié le 26 juillet 16401. Jan François Cossiers (1642/1643-1680) est devenu par la suite secrétaire de l’évêque d’Ypres (Flandre-Occidentale), mais on n’en sait pas beaucoup plus sur sa vie2. Dans ce dessin, il possède encore une candeur de jeune homme, quoiqu’il ne manque pas de confiance en lui. Cossiers a dessiné ce portrait de son fils en 1658, comme il a dessiné également celui de quatre autres de ses garçons3. Les cinq feuilles sont toutes numérotées, de la même manière que le 31 apposé en haut à gauche de notre dessin4. La signification de cette numérotation continue d’intriguer. Marijn Schapelhouman a suggéré que les dessins des fils Cossiers pourraient faire partie d’un groupe plus vaste de feuilles, peut-être une série de têtes d’expression5, à laquelle se rattacherait aussi le dessin d’un jeune homme conservé à Los Angeles6. Que le groupe de têtes dessinées de Jan Cossiers ait pu être plus large semble également attesté par l’historique des différentes feuilles. Les cinq dessins qui ont enrichi successivement les collections du vicomte Palmerston (1739-1802), de Sir John Charles Robinson (1824-1913) et plus tard de Charles Fairfax Murray (1849-1919) ne peuvent certainement pas être les cinq feuilles susmentionnées des fils Cossiers7. Les portraits de Gerard et de Jacobus se trouvaient dans la collection de Gilbert Paignon-Dijonval (1708-1792) et figurent tous deux dans son inventaire de 18108. La feuille dans laquelle Cornelis est représenté semble également avoir une autre provenance9. La complexité de ce groupe de têtes d’enfants et de leur fonction est encore accrue par l’existence d’un portrait de Jan François Cossiers conservé au musée du Louvre, une version quasiment identique à notre feuille10. Quand Frits Lugt l’a catalogué à la fin des années 1940, il était convaincu que Cossiers était l’auteur des deux dessins11. Il jugeait toutefois son exemplaire « un peu plus vigoureux »12. Lugt faisait probablement référence à cette impression de plus grande spontanéité qui se dégageait de sa feuille par rapport à celle du Louvre, ébauchée d’une main plus lourde et rigide à la pierre noire et à la sanguine. Le dessin de Jacobus Cossiers du British Museum est également d’une facture moins hardie et le réseau serré des hachures de l’arrière-plan correspond au dessin de Jan François du Louvre. Il est parfaitement concevable que les portraits des fils Cossiers aient été réalisés en un petit nombre d’exemplaires. Comme c’est souvent le cas avec les portraits de famille, des répliques ont été faites pour un autre membre de la famille ou pour la personne portraiturée. MvS 1Il s’est marié avec sa première femme Jeanne Darragon (morte en 1639) en 1630. 2Théodore Van Lerius, Catalogue du musée d’Anvers, 1874. 3Jacobus Cossiers, British Museum, Londres, inv. Oo,10.179, pierre noire et sanguine, retouché de craie jaune, lavis brun et gris, 270 × 201 mm ; Cornelis Cossiers, Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-T-2008-103, pierre noire, sanguine et craie jaune, plume et encre brune, 267 × 185 mm ; Guilliellemus Cossiers, The Morgan Library & Museum, New York, inv. I, 248, pierre noire, sanguine, craie blanche, plume et encre brune, 268 × 183 mm (non daté) ; Geeraert Cossiers, localisation actuelle inconnue (chez Richard Day Ltd en 1987), pierre noire, sanguine, plume et encre brune, 267 × 187 mm. Le couple donna naissance à d’autres enfants, dont au moins un garçon, Pierre-Antoine. 4Jacobus, n° 25, Geeraert, n° 27, Guillielemus, n° 21 et Cornelis, n° 32. 5Schapelhouman 2009, p. 109. 6Nicholas Turner, European Drawings 4. Catalogue of the Collections, Los Angeles, 2001, n° 43 ; la manière dont ce numéro est écrit s’écarte cependant de celle des feuilles précédemment mentionnées. 7Felice Stampfle, Netherlandish Drawings of the Fifteenth and Sixteenth Centuries and Flemish Drawings of the Seventeenth and Eighteenth Centuries in the Pierpont Morgan Library, New York-Princeton, 1991, n° 264. 8Cabinet de M. Paignon Dijonval : état détaillé et raisonné des dessins et estampes, Paris, 1810, p. 74 (n° 1527). 9L’inscription P N° 84 est absente du verso, contrairement aux dessins de la Fondation Custodia et de The Morgan Library & Museum. 10Jean François Cossiers, musée du Louvre, Paris, inv. 21.918, pierre noire et sanguine, plume et encre brune, lavis brun, 310 × 201 mm. 11Frits Lugt, Inventaire général des dessins des écoles du Nord, École flamande, Paris, musée du Louvre, 1949, vol. I, n° 544. 12Ibidem, p. 46.