Accueil Catalogues en ligne Enfants du Siècle d’or 16. Jacob Gerritsz. Cuyp Dordrecht 1594 – 1652 Dordrecht Portrait d’un jeune homme de dix-neuf ans, 1630 Quand Frits Lugt a fait l’acquisition de ce dessin en 1928, il a noté sur la fiche d’inventaire : « Pour autant que je sache, on ne connaît pas de dessins de la main de Jacob Gerritsz. Cuyp. Cette feuille importante serait donc la seule conservée »1. À ce jour, une quinzaine de dessins sont attribués à l’artiste de Dordrecht2. Celui-ci est cependant un des deux seuls signés de sa main et en cette qualité, il est une clé précieuse pour comprendre l’art du dessin chez Cuyp3. Pendant longtemps, Jacob Gerritsz. Cuyp n’a été vu que comme le père et le maître de son fils, le célèbre peintre de paysage Aelbert Cuyp (1620-1691). Ses propres qualités d’artiste sont restées dans l’ombre jusqu’à ce que le musée de Dordrecht lui consacre, en 2002, une exposition. Ce fut l’occasion de mettre en lumière sa versatilité, que l’on retrouve aussi dans son œuvre dessiné, rassemblant figures de genre, représentations religieuses et allégoriques, et paysages. Cependant, on continue de garder de Jacob Cuyp l’image d’un peintre de la bourgeoisie de Dordrecht, auteur, il est vrai, de quelques quatre-vingts portraits de notables. On s’attendrait donc à trouver davantage d’effigies dessinées de sa main. Or, outre notre feuille, un seul autre portrait, représentant une femme à la sanguine, est attribué à Cuyp4. Le fini du dessin, la signature et la datation de Cuyp indiquent que ce portrait a été réalisé comme une œuvre indépendante. Selon Egbert Haverkamp-Begemann, Cuyp dessina ce portrait sur papier comme s’il s’agissait d’une peinture à l’huile sur panneau5. En mêlant sanguine et pierre noire – douceur du modelé et traits plus durs – et quelques rehauts de blanc (technique dite des « trois crayons »), le dessinateur a obtenu un résultat convaincant. Le jeune homme pourrait être son demi-frère et élève, Benjamin Gerritsz. Cuyp (1612-1652), âgé de dix-neuf ans en 1630, mais on ne connaît aucun autre portrait authentifié de lui6. Une curieuse copie en miroir d’après notre feuille a fait son apparition sur le marché de l’art à Amsterdam en 20027. Ce dessin à la pierre noire sur papier bleu suggère qu’une contre-épreuve a peut-être été tirée de notre portrait, et à son tour copiée bien des années plus tard (la date de 1662 semblant inscrite en bas à droite)8. MvS 1« Teekeningen van Jacob Gerritsz. Cuyp zijn, bij mijn weten, niet bekend. Dit belangrijke blad zou dus het eenige bewaarde zijn. », livre d’inventaire de Frits Lugt, Fondation Custodia, Paris. 2En outre, deux dessins ont été conjointement signés par Jacob Gerritsz. Cuyp et Aelbert Cuyp et six feuilles ont été attribuées de manière hypothétique ou abusive à Jacob Cuyp, voir Haverkamp-Begemann 2002, p. 193-199. 3Yale University Library, New Haven, inv. 1961.63.20 ; Haverkamp-Begemann 2002, n° d5, fig. 83. 4Haverkamp-Begemann 2002, n° d4, fig. 86 (localisation actuelle inconnue). 5Idem, p. 76. 6Cat. exp. New York/Paris 1977-1978, p. 44. 7Vente, Amsterdam (Sotheby’s), 5 novembre 2002, n° 216, comme école flamande du XVIIe siècle. 8Les dimensions de cette copie (241 × 189 mm) correspondent plus ou moins à celles de la feuille originale.
Quand Frits Lugt a fait l’acquisition de ce dessin en 1928, il a noté sur la fiche d’inventaire : « Pour autant que je sache, on ne connaît pas de dessins de la main de Jacob Gerritsz. Cuyp. Cette feuille importante serait donc la seule conservée »1. À ce jour, une quinzaine de dessins sont attribués à l’artiste de Dordrecht2. Celui-ci est cependant un des deux seuls signés de sa main et en cette qualité, il est une clé précieuse pour comprendre l’art du dessin chez Cuyp3. Pendant longtemps, Jacob Gerritsz. Cuyp n’a été vu que comme le père et le maître de son fils, le célèbre peintre de paysage Aelbert Cuyp (1620-1691). Ses propres qualités d’artiste sont restées dans l’ombre jusqu’à ce que le musée de Dordrecht lui consacre, en 2002, une exposition. Ce fut l’occasion de mettre en lumière sa versatilité, que l’on retrouve aussi dans son œuvre dessiné, rassemblant figures de genre, représentations religieuses et allégoriques, et paysages. Cependant, on continue de garder de Jacob Cuyp l’image d’un peintre de la bourgeoisie de Dordrecht, auteur, il est vrai, de quelques quatre-vingts portraits de notables. On s’attendrait donc à trouver davantage d’effigies dessinées de sa main. Or, outre notre feuille, un seul autre portrait, représentant une femme à la sanguine, est attribué à Cuyp4. Le fini du dessin, la signature et la datation de Cuyp indiquent que ce portrait a été réalisé comme une œuvre indépendante. Selon Egbert Haverkamp-Begemann, Cuyp dessina ce portrait sur papier comme s’il s’agissait d’une peinture à l’huile sur panneau5. En mêlant sanguine et pierre noire – douceur du modelé et traits plus durs – et quelques rehauts de blanc (technique dite des « trois crayons »), le dessinateur a obtenu un résultat convaincant. Le jeune homme pourrait être son demi-frère et élève, Benjamin Gerritsz. Cuyp (1612-1652), âgé de dix-neuf ans en 1630, mais on ne connaît aucun autre portrait authentifié de lui6. Une curieuse copie en miroir d’après notre feuille a fait son apparition sur le marché de l’art à Amsterdam en 20027. Ce dessin à la pierre noire sur papier bleu suggère qu’une contre-épreuve a peut-être été tirée de notre portrait, et à son tour copiée bien des années plus tard (la date de 1662 semblant inscrite en bas à droite)8. MvS 1« Teekeningen van Jacob Gerritsz. Cuyp zijn, bij mijn weten, niet bekend. Dit belangrijke blad zou dus het eenige bewaarde zijn. », livre d’inventaire de Frits Lugt, Fondation Custodia, Paris. 2En outre, deux dessins ont été conjointement signés par Jacob Gerritsz. Cuyp et Aelbert Cuyp et six feuilles ont été attribuées de manière hypothétique ou abusive à Jacob Cuyp, voir Haverkamp-Begemann 2002, p. 193-199. 3Yale University Library, New Haven, inv. 1961.63.20 ; Haverkamp-Begemann 2002, n° d5, fig. 83. 4Haverkamp-Begemann 2002, n° d4, fig. 86 (localisation actuelle inconnue). 5Idem, p. 76. 6Cat. exp. New York/Paris 1977-1978, p. 44. 7Vente, Amsterdam (Sotheby’s), 5 novembre 2002, n° 216, comme école flamande du XVIIe siècle. 8Les dimensions de cette copie (241 × 189 mm) correspondent plus ou moins à celles de la feuille originale.