Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 22. Bernardo Cavallino Naples 1616 – 1656 Naples Diane en buste, regardant vers la gauche, vers 1650 Ce dessin a été rendu à Bernardo Cavallino par Cristiana Romalli en 2013, par comparaison avec son style pictural. L’œuvre graphique de ce peintre baroque napolitain est très restreint et ne se compose à ce jour que de sept autres feuilles. On n’explique pas la rareté de celles-ci ; sans doute un certain nombre n’ont toujours pas été identifiées, et beaucoup ont peut-être été détruites1. Au vu de sa production peinte, soignée et réfléchie, il est pourtant tout à fait certain que Cavallino avait dû – malgré sa courte carrière – exécuter un nombre bien plus important de dessins préparatoires à ses tableaux2. Notre dessin compte parmi les cinq de l’artiste réalisés à la sanguine. Il est particulièrement proche des feuilles les plus tardives de Cavallino, notamment d’une étude de Sainte martyre assise conservée à Princeton3. De quelques traits rapides et raffinés, l’artiste définit le mouvement élégant de la tête, celui de ses cheveux, le drapé sur son épaule et indique par des hachures régulières les zones d’ombre. Il s’arrête plus longuement sur les éléments du visage. Le nez droit voire légèrement busqué, les yeux allongés en amande, les sourcils en fouet et la bouche entrouverte sont caractéristiques de la physionomie de ses figures féminines peintes, en particulier dans ses dernières années4. La peinture de Cavallino est reconnue pour son caractère théâtral, où le mouvement des corps et les expressions sont essentiels à la représentation des émotions humaines5. Son intention était de transcrire le moment de tension émotive maximale de la scène illustrée6. Le sentiment de détresse ou de colère qui semble se lire sur le visage de Diane, reconnaissable dans notre dessin par le croissant esquissé dans sa chevelure, pourrait correspondre à l’iconographie de Diane et Actéon, ou de Diane et Callisto. Dans ces deux épisodes d’Ovide, la déesse est surprise lors de son bain. Mais si Cavallino peignit un tableau de l’un de ces sujets, celui-ci n’est aujourd’hui pas connu : peut-être a-t-il été perdu ou jamais réalisé7. L’œuvre de cet artiste continue cependant d’être exploré et redécouvert par les historiens de l’art8. Ainsi, c’est un dessin rare, élégant et de bonne provenance9 qu’a su ajouter Ger Luijten au fonds des feuilles italiennes, et en particulier napolitaines, de la Fondation Custodia. Maud Guichané 1Nicola Spinosa, Giuseppe Galasso, Ann Percy et al., Bernardo Cavallino (1616-1656), cat. exp. Naples (Museo Pignatelli), 1985, p. 71 ; Cristiana Romalli dans Nicola Spinosa (dir.), Grazia e tenerezza ‘in posa’. Bernardo Cavallino e il suo tempo 1616-1656, Rome, 2013, p. 260-261. 2Spinosa et al. 1985, op. cit. (note 1), p. 70 ; Cristiana Romalli, dans Spinosa 2013, op. cit. (note 1), p. 259-260. 3New Jersey, Princeton University, Art Museum, inv. x1947-132, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° Di7 et fig. 4. 4La Découverte de Moïse, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum, inv. GG 516, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° 106 et fig. 162 ; La Fuite en Égypte, Compton Verney, House Trust – Peter Moores Foundation, inv. CVCSC:0224.5, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° 73 et fig. 104 ; ou encore Tête féminine, localisation inconnue, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° 71 et fig. 105. 5Spinosa et al. 1985, op. cit. (note 1), p. 72. 6Spinosa 2013, op. cit. (note 1), p. 91. 7Nicolas Schwed, Dessins anciens et du XIXe siècle, Paris, mars 2020, n° 6. 8Plusieurs découvertes de tableaux inédits ont encore été faites récemment et après la publication du catalogue raisonné de l’artiste en 2013. Voir par exemple : Maia Confalone, « Inediti di Bernardo Cavallino e Johann Heinrich Schönfeld : due pittori a confronto » dans Francesca Baldassari et Maia Confalone (dir.), Gli amici per Nicola Spinosa, Rome, 2019, p. 101-109 ; Pierluigi Leone de Castris, « Bernardo Cavallino : una Susanna e un San Pietro ottagonale » dans Antonio Vannugli (dir.), Amica veritas. Studi di Storia dell’arte in onore di Claudio Strinati, Rome, 2020, p. 273-281 ; Nicola Spinosa, « Altre aggiunte a Bernardo Cavallino e ad Antonio De Bellis » dans Gaetano Bongiovanni, Giuseppina De Marco et Maria Katja Guida (dir.), Studi in onore di Maria Pia Di Dario Guida, 2022, p. 234-238. 9Le dessin est collé en plein sur un montage Richardson, dont on distingue également la marque. De façon assez inhabituelle, le montage ne porte pas l’inscription qui indique quelle était l’attribution du dessin dans cette collection.
Ce dessin a été rendu à Bernardo Cavallino par Cristiana Romalli en 2013, par comparaison avec son style pictural. L’œuvre graphique de ce peintre baroque napolitain est très restreint et ne se compose à ce jour que de sept autres feuilles. On n’explique pas la rareté de celles-ci ; sans doute un certain nombre n’ont toujours pas été identifiées, et beaucoup ont peut-être été détruites1. Au vu de sa production peinte, soignée et réfléchie, il est pourtant tout à fait certain que Cavallino avait dû – malgré sa courte carrière – exécuter un nombre bien plus important de dessins préparatoires à ses tableaux2. Notre dessin compte parmi les cinq de l’artiste réalisés à la sanguine. Il est particulièrement proche des feuilles les plus tardives de Cavallino, notamment d’une étude de Sainte martyre assise conservée à Princeton3. De quelques traits rapides et raffinés, l’artiste définit le mouvement élégant de la tête, celui de ses cheveux, le drapé sur son épaule et indique par des hachures régulières les zones d’ombre. Il s’arrête plus longuement sur les éléments du visage. Le nez droit voire légèrement busqué, les yeux allongés en amande, les sourcils en fouet et la bouche entrouverte sont caractéristiques de la physionomie de ses figures féminines peintes, en particulier dans ses dernières années4. La peinture de Cavallino est reconnue pour son caractère théâtral, où le mouvement des corps et les expressions sont essentiels à la représentation des émotions humaines5. Son intention était de transcrire le moment de tension émotive maximale de la scène illustrée6. Le sentiment de détresse ou de colère qui semble se lire sur le visage de Diane, reconnaissable dans notre dessin par le croissant esquissé dans sa chevelure, pourrait correspondre à l’iconographie de Diane et Actéon, ou de Diane et Callisto. Dans ces deux épisodes d’Ovide, la déesse est surprise lors de son bain. Mais si Cavallino peignit un tableau de l’un de ces sujets, celui-ci n’est aujourd’hui pas connu : peut-être a-t-il été perdu ou jamais réalisé7. L’œuvre de cet artiste continue cependant d’être exploré et redécouvert par les historiens de l’art8. Ainsi, c’est un dessin rare, élégant et de bonne provenance9 qu’a su ajouter Ger Luijten au fonds des feuilles italiennes, et en particulier napolitaines, de la Fondation Custodia. Maud Guichané 1Nicola Spinosa, Giuseppe Galasso, Ann Percy et al., Bernardo Cavallino (1616-1656), cat. exp. Naples (Museo Pignatelli), 1985, p. 71 ; Cristiana Romalli dans Nicola Spinosa (dir.), Grazia e tenerezza ‘in posa’. Bernardo Cavallino e il suo tempo 1616-1656, Rome, 2013, p. 260-261. 2Spinosa et al. 1985, op. cit. (note 1), p. 70 ; Cristiana Romalli, dans Spinosa 2013, op. cit. (note 1), p. 259-260. 3New Jersey, Princeton University, Art Museum, inv. x1947-132, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° Di7 et fig. 4. 4La Découverte de Moïse, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum, inv. GG 516, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° 106 et fig. 162 ; La Fuite en Égypte, Compton Verney, House Trust – Peter Moores Foundation, inv. CVCSC:0224.5, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° 73 et fig. 104 ; ou encore Tête féminine, localisation inconnue, voir Spinosa 2013, op. cit. (note 1), n° 71 et fig. 105. 5Spinosa et al. 1985, op. cit. (note 1), p. 72. 6Spinosa 2013, op. cit. (note 1), p. 91. 7Nicolas Schwed, Dessins anciens et du XIXe siècle, Paris, mars 2020, n° 6. 8Plusieurs découvertes de tableaux inédits ont encore été faites récemment et après la publication du catalogue raisonné de l’artiste en 2013. Voir par exemple : Maia Confalone, « Inediti di Bernardo Cavallino e Johann Heinrich Schönfeld : due pittori a confronto » dans Francesca Baldassari et Maia Confalone (dir.), Gli amici per Nicola Spinosa, Rome, 2019, p. 101-109 ; Pierluigi Leone de Castris, « Bernardo Cavallino : una Susanna e un San Pietro ottagonale » dans Antonio Vannugli (dir.), Amica veritas. Studi di Storia dell’arte in onore di Claudio Strinati, Rome, 2020, p. 273-281 ; Nicola Spinosa, « Altre aggiunte a Bernardo Cavallino e ad Antonio De Bellis » dans Gaetano Bongiovanni, Giuseppina De Marco et Maria Katja Guida (dir.), Studi in onore di Maria Pia Di Dario Guida, 2022, p. 234-238. 9Le dessin est collé en plein sur un montage Richardson, dont on distingue également la marque. De façon assez inhabituelle, le montage ne porte pas l’inscription qui indique quelle était l’attribution du dessin dans cette collection.