Accueil Catalogues en ligne Enfants du Siècle d’or 22. Jacques de Gheyn II Anvers 1565 – 1629 La Haye La Prière avant le repas, vers 1595 Le moment représenté ici par Jacques de Gheyn II est la prière avant le repas1. Une famille s’est réunie autour de la table et, avant de commencer à manger, rend grâce à Dieu du don de nourriture qu’il a fait aux hommes. Leurs mains sont jointes en prière, le père et le fils aîné lèvent le regard vers le haut. Il était d’usage que les enfants se tiennent levés pour cela et restent debout pendant qu’ils mangent. Les raisons en étaient pédagogiques2, la prière avant le repas faisant partie de la formation spirituelle des plus jeunes3. À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, ce thème servait surtout à transmettre l’idéal de la famille pieuse, harmonieuse et féconde, qui prévalait à l’époque. Les familles protestantes, mais aussi catholiques, se faisaient donc souvent représenter ainsi pour laisser entendre qu’elles possédaient et transmettaient ces valeurs4. La végétation qui entoure fréquemment les personnes portraiturées – mais aussi les personnages fictifs dans les gravures – fait référence au psaume 128 (127 dans la Bible catholique), qui compare la femme à une vigne féconde et les enfants à des plants d’oliviers. De Gheyn n’oublie pas d’illustrer cette symbolique : une vigne grimpe contre le mur à côté de la mère et derrière chaque enfant se trouve une pousse. L’arbre à gauche au bord du ruisseau est un autre élément de cette iconographie et symbolise le père de la maison, selon le psaume 1. Le poème latin en quatre quatrains dans la marge inférieure de l’estampe, une interprétation du psaume 128 par l’humaniste écossais George Buchanan (1506-1582), forme l’accompagnement textuel de la scène5. Le sujet de La Prière avant le repas a été maintes fois représenté, parfois accompagné du pendant Parents pauvres, enfants riches qui montre comment des parents nécessiteux peuvent être honteusement délaissés par leur progéniture6. Les deux estampes étaient accrochées aux murs de nombreux intérieurs du XVIIe siècle comme modèles de comportement vertueux et immoral7. MvS 1L’étude préparatoire à cette estampe se trouve au Herzog Anton Ulrich Museum, Braunschweig, inv. Z 229. 2Wayne Franits, « The Family saying Grace : a Theme in Dutch Art of the Seventeenth Century », Simiolus, 16, 1986, p. 36-49. 3Eddy de Jongh et Ger Luijten, Spiegel van Alledag. Nederlandse genreprenten 1550-1700, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 1997, p. 127. 4Par exemple, Gortzius Geldorp, La Prière avant le repas (1602), Rheinisches Landesmuseum, Bonn. 5Paraphrasis Psalmorum Davidis poetica (Anvers, Plantin Moretus). 6Pieter van Thiel, « ‘Poor Parents, Rich Children’ and ‘Family Saying Grace’ : Two Related Aspects of the Iconography of Late Sixteenth and Seventeenth-Century Dutch Domestic Morality », Simiolus, 17, 1987, p. 90-149. 7Eddy de Jongh et Ger Luijten, Spiegel van Alledag. Nederlandse genreprenten 1550-1700, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 1997, p. 128.
Le moment représenté ici par Jacques de Gheyn II est la prière avant le repas1. Une famille s’est réunie autour de la table et, avant de commencer à manger, rend grâce à Dieu du don de nourriture qu’il a fait aux hommes. Leurs mains sont jointes en prière, le père et le fils aîné lèvent le regard vers le haut. Il était d’usage que les enfants se tiennent levés pour cela et restent debout pendant qu’ils mangent. Les raisons en étaient pédagogiques2, la prière avant le repas faisant partie de la formation spirituelle des plus jeunes3. À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, ce thème servait surtout à transmettre l’idéal de la famille pieuse, harmonieuse et féconde, qui prévalait à l’époque. Les familles protestantes, mais aussi catholiques, se faisaient donc souvent représenter ainsi pour laisser entendre qu’elles possédaient et transmettaient ces valeurs4. La végétation qui entoure fréquemment les personnes portraiturées – mais aussi les personnages fictifs dans les gravures – fait référence au psaume 128 (127 dans la Bible catholique), qui compare la femme à une vigne féconde et les enfants à des plants d’oliviers. De Gheyn n’oublie pas d’illustrer cette symbolique : une vigne grimpe contre le mur à côté de la mère et derrière chaque enfant se trouve une pousse. L’arbre à gauche au bord du ruisseau est un autre élément de cette iconographie et symbolise le père de la maison, selon le psaume 1. Le poème latin en quatre quatrains dans la marge inférieure de l’estampe, une interprétation du psaume 128 par l’humaniste écossais George Buchanan (1506-1582), forme l’accompagnement textuel de la scène5. Le sujet de La Prière avant le repas a été maintes fois représenté, parfois accompagné du pendant Parents pauvres, enfants riches qui montre comment des parents nécessiteux peuvent être honteusement délaissés par leur progéniture6. Les deux estampes étaient accrochées aux murs de nombreux intérieurs du XVIIe siècle comme modèles de comportement vertueux et immoral7. MvS 1L’étude préparatoire à cette estampe se trouve au Herzog Anton Ulrich Museum, Braunschweig, inv. Z 229. 2Wayne Franits, « The Family saying Grace : a Theme in Dutch Art of the Seventeenth Century », Simiolus, 16, 1986, p. 36-49. 3Eddy de Jongh et Ger Luijten, Spiegel van Alledag. Nederlandse genreprenten 1550-1700, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 1997, p. 127. 4Par exemple, Gortzius Geldorp, La Prière avant le repas (1602), Rheinisches Landesmuseum, Bonn. 5Paraphrasis Psalmorum Davidis poetica (Anvers, Plantin Moretus). 6Pieter van Thiel, « ‘Poor Parents, Rich Children’ and ‘Family Saying Grace’ : Two Related Aspects of the Iconography of Late Sixteenth and Seventeenth-Century Dutch Domestic Morality », Simiolus, 17, 1987, p. 90-149. 7Eddy de Jongh et Ger Luijten, Spiegel van Alledag. Nederlandse genreprenten 1550-1700, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 1997, p. 128.