25. Hendrick Goltzius

Mulbracht 1558 – 1617 Haarlem

Chien endormi  ; verso : Étude du même chien, vu de dos, vers 1596

On trouve dans l’œuvre dessiné et gravé de Hendrick Goltzius la présence répétée d’un épagneul à perdrix de Drenthe. Deux petites études de l’animal existent à Amsterdam et Berlin, et une grande feuille représentant uniquement la tête du chien, à la manière d’un portrait officiel, est conservée à Haarlem1. L’animal réapparaît dans le dessin de Hambourg intitulé La Chute, dans une feuille à Londres – dans laquelle c’est encore un chiot – ayant servi de dessin préparatoire à une gravure traitant du même sujet, et il joue également un rôle de premier plan dans l’estampe du Portrait de Frederik de Vries (voir cat. 26)2. La présence récurrente de ce chien dans l’œuvre de Goltzius nous a amené à conclure que son modèle était très certainement son propre chien3.

Dans le cas de notre feuille, l’artiste en a tiré un effet charmant : si on retourne le morceau de papier préparé, l’animal endormi esquissé au recto est vu de dos, tandis qu’il s’est réveillé et a légèrement redressé la tête. Goltzius a représenté son fidèle compagnon à un âge encore jeune, en apportant un soin particulier au rendu de son pelage. L’image trahit l’affection qu’il lui portait.

La façon dont Goltzius a employé la pointe de métal dans ce dessin diffère de la manière dont il l’a utilisée pour dessiner ses nombreux petits portraits (voir cat. 24). Le tracé méticuleux qui contribue à un rendu très réaliste des personnes portraiturées ne se retrouve pas ici. Le trait est beaucoup plus lâche et enjoué, comme dans ses dessins d’une chèvre, d’un agneau et ses études botaniques4. Le dessinateur a choisi comme fond un support appelé tafelet (papier à tablette) : un morceau de papier ou de parchemin préparé (jaune) des deux côtés. Ces papiers à tablette étaient probablement reliés dans un carnet que l’artiste transportait dans sa poche. Ils étaient réutilisables comme une ardoise dès lors que les lignes étaient effacées au pinceau humide et qu’une nouvelle couche de préparation était appliquée. Dans ce dessin, Goltzius a aussi opté pour le crayon graphite, peut-être parce qu’il souhaitait conserver ce croquis intime5.

MvS

 

 Hendrick Goltzius, {Étude du même chien, vu de dos}, vers 1596
Hendrick Goltzius, Étude du même chien, vu de dos, vers 1596
Pointe de métal et graphite, sur papier ou parchemin préparé jaune. – 65 × 97 mm

1Amsterdam Museum, Amsterdam (Legs C. J. Fodor), inv. TA 10179  ; Staatliche Museum zu Berlin, inv. KdZ 5943  ; Teylers Museum, Haarlem, inv. N74.

2Kupferstichkabinett der Hamburger Kunsthalle, Hambourg, inv. 21975 (auquel le dessin de l’Amsterdam Museum a servi d’étude préparatoire)  ; British Museum, Londres, inv. 1895,0915.1019  ; Marjolein Leesberg et Huigen Leeflang (éd.), The New Hollstein Dutch and Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, 1450-1700 : Hendrick Goltzius, Ouderkerk aan den IJssel, Sound & Vision Publishers, 2012, nos 388 et 256.

3Par exemple Bleyerveld et Veldman 2016, n° 142.

4Chèvre debout, collection particulière (voir cat. exp. Amsterdam/New York/Toledo 2003-2004, n° 60)  ; Études d’un agneau, collection Maida and George Abrams (voir William W. Robinson, Bruegel to Rembrandt. Dutch and Flemish Drawings from the Maida and George Abrams Collection, cat. exp., Londres, British Museum, Paris, Fondation Custodia et Cambridge, Massachusetts, Fogg Art Museum, 2002-2003, n° 22)  ; Étude d’un plant de tabac, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, inv. H 2 recto (PK).

5Cat. exp. Amsterdam/New York/Toledo 2003-2004, n° 61.