Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 33. Achille Etna Michallon Paris 1796 – 1822 Paris Vue de Santa Scolastica à Subiaco, 1818 Né dans une famille d’artistes, Achille Etna Michallon fit preuve d’un talent précoce. Entré à l’École des Beaux-Arts en 1810, il y étudia la perspective avec Pierre-Henri de Valenciennes (1750–1819) et exposa au Salon parisien pour la première fois en 1812. Premier lauréat du Prix de Rome de paysage historique en 1817, il séjourna un peu plus de trois ans en Italie. Peu après son retour à Paris, à un mois de son vingt-sixième anniversaire, le jeune artiste mourait des suites d’une pneumonie. En dépit de la brièveté de sa carrière, Michallon occupe une place essentielle dans l’histoire de la peinture de plein air, notamment soulignée lors d’une exposition fondamentale au musée du Louvre en 19941. Cinq œuvres mentionnées dans sa vente après décès2 attestent d’un ou de plusieurs séjours à Subiaco. Leurs désignations, par exemple « Montagnes situées près de Subbiaco, étude rendue, faite dans la matinée » ou « Montagnes des environs de Subbiaco, étude heurtée avec ciel nuageux », rendent compte des recherches de l’artiste sur les effets des variations atmosphériques, dans l’exécution travaillée ou plus libre de ces œuvres et de son intérêt pour les formations rocheuses. De petit format, avec un sens original et précis de la composition, ce tableau restitue la grandeur du lieu avec son impressionnant monastère bénédictin Santa Scolastica, excavé dans la montagne qui surplombe la rivière Aniene. L’artiste brosse les rochers déchiquetés avec une touche fluide, jouant des empâtements et d’un puissant contraste d’ombres et de lumières. Il s’attache à l’harmonie des couleurs dans une gamme subtile de verts s’étendant de la végétation à l’eau et également dans l’accord de ses tons de bruns et d’ocres orangés de la roche et des bâtiments conventuels. En cela, il s’approche de la manière de Jean Joseph Xavier Bidault (1757–1846), maître dans la description de la chaude lumière des alentours de Rome3, et c’est probablement pour cette raison que ce tableau lui a un temps été attribué. Plusieurs dessins datent précisément un séjour à Subiaco en juin et en juillet 18184, et notamment un charmant petit croquis le représentant en compagnie du peintre d’histoire Jean-Baptiste Thomas (1791–1834), avec leurs carnets et chevalets pliants, sur le mont Subiaco le 13 juin 18185. Ce tableau nous semble peint cette même année et faire partie de « ces trésors d’études admirables » réalisées lors de ses premières incursions « sur la terre classique6 ». Alice-Anne Tod et Laurence Lhinares 1Vincent Pomarède, Blandine Lesage et Chiara Stefani, Achille-Etna Michallon (Les dossiers du musée du Louvre, 43), cat. exp. Paris (musée du Louvre), 1994. 2Vente après décès de l’artiste, n° 12, Montagne voisine de Subbiaco, étude heurtée ; n° 25, Montagnes situées près de Subbiaco, étude rendue, faite dans la matinée ; n° 28, Montagnes des environs de Subbiaco, étude heurtée avec ciel nuageux ; n° 29, Autre étude de montagnes, faite dans le même endroit, par un temps pluvieux ; n° 83, Étude de paysage, faite dans un lieu voisin de Subiaco. 3Anna Ottani Cavina, « La Campagne romaine », dans Ger Luijten, Mary Morton et Jane Munro (dir.), Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870, cat. exp. Washington (National Gallery of Art), Paris (Fondation Custodia), Cambridge (Fitzwilliam Museum), 2020-2022, p. 218. 4On trouvera au musée du Louvre plusieurs dessins de Subiaco et de ses alentours comme les inv. RF 13950, Vallée boisée, Subiaco, juillet 1818 ; RF 14099, Vallée plantée d’arbres, Subiaco, juillet 1818 ; RF 14238, Santa Scolastica à Subiaco, juillet 1818 ; RF 14239, Près Marano, route de Subiaco, juillet 1818. 5Paris, Fondation Custodia, inv. 2021-T.20, attribué à Jean-Baptiste Thomas. Michallon avait semble-t-il gardé un souvenir de celui-ci puisqu’un calque de ce dessin attribué à Michallon lui-même est conservé à Paris, musée du Louvre, inv. RF 14194. 6Victor-Augustin Vannier, Oraison funèbre prononcée sur la tombe de Achille-Etna Michallon, Paris, 1822, p. 15-16.
Né dans une famille d’artistes, Achille Etna Michallon fit preuve d’un talent précoce. Entré à l’École des Beaux-Arts en 1810, il y étudia la perspective avec Pierre-Henri de Valenciennes (1750–1819) et exposa au Salon parisien pour la première fois en 1812. Premier lauréat du Prix de Rome de paysage historique en 1817, il séjourna un peu plus de trois ans en Italie. Peu après son retour à Paris, à un mois de son vingt-sixième anniversaire, le jeune artiste mourait des suites d’une pneumonie. En dépit de la brièveté de sa carrière, Michallon occupe une place essentielle dans l’histoire de la peinture de plein air, notamment soulignée lors d’une exposition fondamentale au musée du Louvre en 19941. Cinq œuvres mentionnées dans sa vente après décès2 attestent d’un ou de plusieurs séjours à Subiaco. Leurs désignations, par exemple « Montagnes situées près de Subbiaco, étude rendue, faite dans la matinée » ou « Montagnes des environs de Subbiaco, étude heurtée avec ciel nuageux », rendent compte des recherches de l’artiste sur les effets des variations atmosphériques, dans l’exécution travaillée ou plus libre de ces œuvres et de son intérêt pour les formations rocheuses. De petit format, avec un sens original et précis de la composition, ce tableau restitue la grandeur du lieu avec son impressionnant monastère bénédictin Santa Scolastica, excavé dans la montagne qui surplombe la rivière Aniene. L’artiste brosse les rochers déchiquetés avec une touche fluide, jouant des empâtements et d’un puissant contraste d’ombres et de lumières. Il s’attache à l’harmonie des couleurs dans une gamme subtile de verts s’étendant de la végétation à l’eau et également dans l’accord de ses tons de bruns et d’ocres orangés de la roche et des bâtiments conventuels. En cela, il s’approche de la manière de Jean Joseph Xavier Bidault (1757–1846), maître dans la description de la chaude lumière des alentours de Rome3, et c’est probablement pour cette raison que ce tableau lui a un temps été attribué. Plusieurs dessins datent précisément un séjour à Subiaco en juin et en juillet 18184, et notamment un charmant petit croquis le représentant en compagnie du peintre d’histoire Jean-Baptiste Thomas (1791–1834), avec leurs carnets et chevalets pliants, sur le mont Subiaco le 13 juin 18185. Ce tableau nous semble peint cette même année et faire partie de « ces trésors d’études admirables » réalisées lors de ses premières incursions « sur la terre classique6 ». Alice-Anne Tod et Laurence Lhinares 1Vincent Pomarède, Blandine Lesage et Chiara Stefani, Achille-Etna Michallon (Les dossiers du musée du Louvre, 43), cat. exp. Paris (musée du Louvre), 1994. 2Vente après décès de l’artiste, n° 12, Montagne voisine de Subbiaco, étude heurtée ; n° 25, Montagnes situées près de Subbiaco, étude rendue, faite dans la matinée ; n° 28, Montagnes des environs de Subbiaco, étude heurtée avec ciel nuageux ; n° 29, Autre étude de montagnes, faite dans le même endroit, par un temps pluvieux ; n° 83, Étude de paysage, faite dans un lieu voisin de Subiaco. 3Anna Ottani Cavina, « La Campagne romaine », dans Ger Luijten, Mary Morton et Jane Munro (dir.), Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870, cat. exp. Washington (National Gallery of Art), Paris (Fondation Custodia), Cambridge (Fitzwilliam Museum), 2020-2022, p. 218. 4On trouvera au musée du Louvre plusieurs dessins de Subiaco et de ses alentours comme les inv. RF 13950, Vallée boisée, Subiaco, juillet 1818 ; RF 14099, Vallée plantée d’arbres, Subiaco, juillet 1818 ; RF 14238, Santa Scolastica à Subiaco, juillet 1818 ; RF 14239, Près Marano, route de Subiaco, juillet 1818. 5Paris, Fondation Custodia, inv. 2021-T.20, attribué à Jean-Baptiste Thomas. Michallon avait semble-t-il gardé un souvenir de celui-ci puisqu’un calque de ce dessin attribué à Michallon lui-même est conservé à Paris, musée du Louvre, inv. RF 14194. 6Victor-Augustin Vannier, Oraison funèbre prononcée sur la tombe de Achille-Etna Michallon, Paris, 1822, p. 15-16.