Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 36. Edgar Degas Paris 1834 – 1917 Paris Vue du Quirinal, vers 1856-1858 Peintre de la vie parisienne, artiste foncièrement urbain, Edgar Degas avait le goût et l’habitude du travail en atelier et n’hésitait pas à critiquer la peinture de plein air. Ainsi, il affirmait être vite terrassé par l’ennui devant le spectacle de la nature et déclara, non sans malice, à Ambroise Vollard (1866–1939) : « si j’étais le gouvernement, j’aurais une brigade de gendarmerie pour surveiller les gens qui font du paysage sur nature…1 ». Néanmoins, dans son pléthorique œuvre peint de quelque 5500 œuvres, on peut tout de même compter une centaine de paysages dont certains, comme cette étude, furent vraisemblablement réalisés sur le motif. La plupart représentent l’Italie ou la Normandie. En novembre-décembre 1892, la galerie Durand-Ruel consacra même une exposition – la première exposition personnelle de Degas – aux paysages de l’artiste (sans catalogue). Notre paysage s’inscrit dans un groupe comprenant une douzaine de vues urbaines réalisées à l’huile sur papier lors des séjours de l’artiste en Italie2. Entre 1856 et 1859, des liens familiaux attirèrent Degas à Naples, où vivait une partie de sa famille, et à Florence mais il passa la plupart de son temps à Rome. Ainsi, il séjourna une première fois dans la Ville éternelle du 7 octobre 1856 à fin juillet 1857, puis une seconde fois à la même période l’année suivante, entre octobre 1857 et juillet 18583. Cette vue du Quirinal, dans laquelle on a autrefois reconnu à tort le couvent de la Trinité-des-Monts, a pu être réalisée depuis l’atelier que l’artiste occupait lors de son second séjour, situé non loin de l’édifice, à « San Isidoro, 184 ». Contrairement aux paysages imaginaires que Degas produisit plus tard dans sa vie, les œuvres qu’il peignit en Italie, assez tôt dans sa carrière – l’artiste n’est alors âgé que de vingt-deux ans – présentent des sujets identifiables et ont été exécutées en plein air. Ici, la manica lunga du palais du Quirinal5 structure la composition dominée par un ciel lumineux dont les variations de mauve, rose, bleu et blanc sont rendues à l’aide de touches larges. Aucune des œuvres italiennes d’Edgard Degas n’est signée ou datée et cette esquisse ne fait pas exception. Sa provenance a pu être reconstituée depuis Henri Fevre, le neveu de l’artiste, qui fut le premier propriétaire de cette étude. Marie-Liesse Choueiry 1Ambroise Vollard, Degas (1834-1917), 1924, p. 58. 2Une huile sur papier très similaire est conservée à Baden : Vue de Rome depuis les rives du Tibre, huile sur papier, 180 × 260 mm, Baden, Stiftung Langmatt, inv. BR20. 3Henri Loyrette, Degas, cat. exp. Paris (Galeries nationales du Grand Palais), Ottawa (Musée des beaux-arts du Canada), New York (The Metropolitan Museum of Art), 1988-1989, p. 49-51. 4Ibid. 5La localisation a été précisée par Geneviève et Olivier Michel, voir Henri Loyrette, Degas, 1991, p. 696, note 138.
Peintre de la vie parisienne, artiste foncièrement urbain, Edgar Degas avait le goût et l’habitude du travail en atelier et n’hésitait pas à critiquer la peinture de plein air. Ainsi, il affirmait être vite terrassé par l’ennui devant le spectacle de la nature et déclara, non sans malice, à Ambroise Vollard (1866–1939) : « si j’étais le gouvernement, j’aurais une brigade de gendarmerie pour surveiller les gens qui font du paysage sur nature…1 ». Néanmoins, dans son pléthorique œuvre peint de quelque 5500 œuvres, on peut tout de même compter une centaine de paysages dont certains, comme cette étude, furent vraisemblablement réalisés sur le motif. La plupart représentent l’Italie ou la Normandie. En novembre-décembre 1892, la galerie Durand-Ruel consacra même une exposition – la première exposition personnelle de Degas – aux paysages de l’artiste (sans catalogue). Notre paysage s’inscrit dans un groupe comprenant une douzaine de vues urbaines réalisées à l’huile sur papier lors des séjours de l’artiste en Italie2. Entre 1856 et 1859, des liens familiaux attirèrent Degas à Naples, où vivait une partie de sa famille, et à Florence mais il passa la plupart de son temps à Rome. Ainsi, il séjourna une première fois dans la Ville éternelle du 7 octobre 1856 à fin juillet 1857, puis une seconde fois à la même période l’année suivante, entre octobre 1857 et juillet 18583. Cette vue du Quirinal, dans laquelle on a autrefois reconnu à tort le couvent de la Trinité-des-Monts, a pu être réalisée depuis l’atelier que l’artiste occupait lors de son second séjour, situé non loin de l’édifice, à « San Isidoro, 184 ». Contrairement aux paysages imaginaires que Degas produisit plus tard dans sa vie, les œuvres qu’il peignit en Italie, assez tôt dans sa carrière – l’artiste n’est alors âgé que de vingt-deux ans – présentent des sujets identifiables et ont été exécutées en plein air. Ici, la manica lunga du palais du Quirinal5 structure la composition dominée par un ciel lumineux dont les variations de mauve, rose, bleu et blanc sont rendues à l’aide de touches larges. Aucune des œuvres italiennes d’Edgard Degas n’est signée ou datée et cette esquisse ne fait pas exception. Sa provenance a pu être reconstituée depuis Henri Fevre, le neveu de l’artiste, qui fut le premier propriétaire de cette étude. Marie-Liesse Choueiry 1Ambroise Vollard, Degas (1834-1917), 1924, p. 58. 2Une huile sur papier très similaire est conservée à Baden : Vue de Rome depuis les rives du Tibre, huile sur papier, 180 × 260 mm, Baden, Stiftung Langmatt, inv. BR20. 3Henri Loyrette, Degas, cat. exp. Paris (Galeries nationales du Grand Palais), Ottawa (Musée des beaux-arts du Canada), New York (The Metropolitan Museum of Art), 1988-1989, p. 49-51. 4Ibid. 5La localisation a été précisée par Geneviève et Olivier Michel, voir Henri Loyrette, Degas, 1991, p. 696, note 138.