Accueil Catalogues en ligne Enfants du Siècle d’or 37. Rembrandt Harmensz. van Rijn Leyde 1606 – 1669 Amsterdam Portrait d’un garçon, de profil, 1641 Il était généralement d’usage que la plaque de cuivre d’un portrait gravé soit conservée par le commanditaire1. Celle ayant servi à notre eau-forte est vraisemblablement tombée entre les mains du marchand d’estampes amstellodamois Clement de Jonghe (1625/1626-1677)2. L’inventaire de sa succession fait mention de 74 cuivres, parmi lesquels le portrait d’un « fils du capitaine Gerbrant »3. D’après Cornelis Hofstede de Groot, le garçon portraituré pourrait être ce fils de capitaine de navire4. On ne sait rien en revanche de la vie de Gerbrant (ni de celle de son fils). Avant Hofstede de Groot, certains avaient avancé les noms du roi Guillaume II d’Orange (1625-1650) ou de Rombertus (1635-1636), le fils de Rembrandt, mais ces suggestions se sont avérées inexactes5. L’eau-forte possède un certain degré de transparence. Celle-ci résulte de la finesse des traits et du manque du faible contraste. C’est seulement sous la mâchoire du garçon, autour de l’œil gauche et sous ses cheveux qu’un noir profond est visible. Les dommages que la plaque a subis dans le bain d’acide ont causé la craquelure et le grain apparent dans l’impression. Ils pourraient aussi expliquer la faible densité de la figuration6. Le vernis appliqué par Rembrandt étant devenu à la fois poreux et fendillé, ce ne sont pas seulement les sillons volontairement tracés qui ont été mordus à l’eau-forte, mais aussi ces fendillements. Rembrandt a essayé de restaurer la plaque de cuivre avant de s’attaquer à ce deuxième état. Une épreuve unique du premier état révèle en effet tous les dommages causés à celle-ci7. Le maître a ainsi poli la plaque, surtout à l’arrière-plan, avant de s’en resservir en veillant à ne pas faire disparaître les tailles qu’il souhaitait conserver. Il n’a pas complétement réussi : le bout du nez du garçon a été quelque peu effacé8. MvS 1Par exemple, la planche de Jan Six (Bartsch 285) appartient toujours à la famille et celles de Jan Uytenbogaert (Bartsch 281) et Pieter Haaringh (Bartsch 275) étaient aux mains des descendants jusqu’en 1760 et 1707 respectivement. 2Le portrait de Clement de Jonghe a été gravé par Rembrandt en 1651, voir The New Hollstein n° 264-2(10). 3« Schipr. Gerbrants soontjen », D. De Hoop Scheffer et K. G. Boon, « De inventarislijst van Clement de Jonghe en Rembrandts etsplaten », Kroniek van het Rembrandtshuis, 25, 1971, p. 8 (n° 24) ; Jan van der Waals, Prenten in de Gouden Eeuw. Van kunst tot kastpapier, cat. exp., Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, 2006, p. 206-215 (annexe 3). 4Cornelis Hofstede de Groot, Die Urkunden über Rembrandt (1575-1721), La Haye, 1906, p. 407. 5Hinterding 2008, p. 551. 6« On retrouve la même erreur au milieu du Moulin (Bartsch 233), également de 1641 », voir Hinterding 2008, p. 552. 7British Museum, Londres, inv. 1855,0414.273. 8The New Hollstein, n° 195.
Il était généralement d’usage que la plaque de cuivre d’un portrait gravé soit conservée par le commanditaire1. Celle ayant servi à notre eau-forte est vraisemblablement tombée entre les mains du marchand d’estampes amstellodamois Clement de Jonghe (1625/1626-1677)2. L’inventaire de sa succession fait mention de 74 cuivres, parmi lesquels le portrait d’un « fils du capitaine Gerbrant »3. D’après Cornelis Hofstede de Groot, le garçon portraituré pourrait être ce fils de capitaine de navire4. On ne sait rien en revanche de la vie de Gerbrant (ni de celle de son fils). Avant Hofstede de Groot, certains avaient avancé les noms du roi Guillaume II d’Orange (1625-1650) ou de Rombertus (1635-1636), le fils de Rembrandt, mais ces suggestions se sont avérées inexactes5. L’eau-forte possède un certain degré de transparence. Celle-ci résulte de la finesse des traits et du manque du faible contraste. C’est seulement sous la mâchoire du garçon, autour de l’œil gauche et sous ses cheveux qu’un noir profond est visible. Les dommages que la plaque a subis dans le bain d’acide ont causé la craquelure et le grain apparent dans l’impression. Ils pourraient aussi expliquer la faible densité de la figuration6. Le vernis appliqué par Rembrandt étant devenu à la fois poreux et fendillé, ce ne sont pas seulement les sillons volontairement tracés qui ont été mordus à l’eau-forte, mais aussi ces fendillements. Rembrandt a essayé de restaurer la plaque de cuivre avant de s’attaquer à ce deuxième état. Une épreuve unique du premier état révèle en effet tous les dommages causés à celle-ci7. Le maître a ainsi poli la plaque, surtout à l’arrière-plan, avant de s’en resservir en veillant à ne pas faire disparaître les tailles qu’il souhaitait conserver. Il n’a pas complétement réussi : le bout du nez du garçon a été quelque peu effacé8. MvS 1Par exemple, la planche de Jan Six (Bartsch 285) appartient toujours à la famille et celles de Jan Uytenbogaert (Bartsch 281) et Pieter Haaringh (Bartsch 275) étaient aux mains des descendants jusqu’en 1760 et 1707 respectivement. 2Le portrait de Clement de Jonghe a été gravé par Rembrandt en 1651, voir The New Hollstein n° 264-2(10). 3« Schipr. Gerbrants soontjen », D. De Hoop Scheffer et K. G. Boon, « De inventarislijst van Clement de Jonghe en Rembrandts etsplaten », Kroniek van het Rembrandtshuis, 25, 1971, p. 8 (n° 24) ; Jan van der Waals, Prenten in de Gouden Eeuw. Van kunst tot kastpapier, cat. exp., Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, 2006, p. 206-215 (annexe 3). 4Cornelis Hofstede de Groot, Die Urkunden über Rembrandt (1575-1721), La Haye, 1906, p. 407. 5Hinterding 2008, p. 551. 6« On retrouve la même erreur au milieu du Moulin (Bartsch 233), également de 1641 », voir Hinterding 2008, p. 552. 7British Museum, Londres, inv. 1855,0414.273. 8The New Hollstein, n° 195.