Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 41. Georges Michel Paris 1763 – 1843 Paris Vue de Paris depuis Meudon (?) Ce large paysage, d’un format singulièrement important pour l’œuvre de Michel, s’inscrit sans équivoque dans la filiation des paysagistes hollandais du XVIIe siècle. On peut y lire en filigrane l’influence des œuvres de Philips Koninck (1619–1688) plus encore que celles de Jacob van Ruisdael (1628–1682), en dépit du surnom dont fut affublé Georges Michel au XIXe siècle de « Ruisdael de Montmartre1 ». Selon la veuve de Georges Michel, dont les souvenirs sont rapportés par Alfred Sensier en 1873, l’artiste aurait mis ses pinceaux au service du marchand d’art Jean-Baptiste Pierre Le Brun (1748–1813)2 et copié pour lui des œuvres d’artistes hollandais, comme Ruisdael et Hobbema (1638–1709). La même source nous indique que Georges Michel aurait par ailleurs réalisé des restaurations à la demande du directeur du Louvre Dominique-Vivant Denon (1747–1825) : « M. Denon, le directeur du musée du Louvre sous l’Empire, lui fit restaurer les peintres flamands et hollandais3 ». Dans cette œuvre, réalisée sur quatre feuilles de papier contrecollées sur panneau, les plaines de Hollande laissent place aux plaines d’Île-de-France, terrain de prédilection de l’artiste. Dessinateur prolixe, il arpenta les abords de Paris et les rives de la Seine en compagnie de Jean-Louis Demarne (1752–1829) et Lazare Bruandet (1755–1804). Georges Michel restitua habilement la vastitude des paysages observés depuis la plaine Saint-Denis et dans les environs de Meudon, Saint-Cloud, Sèvres, Auteuil, Charenton, Pantin... On a traditionnellement reconnu dans cette œuvre une vue de Paris depuis Meudon. Néanmoins, aucun élément iconographique ne permet de confirmer cette hypothèse. Le soin topographique que l’on peut trouver dans l’œuvre graphique de Georges Michel est ici absent. Les reliefs du terrain ont été prestement couchés sur le papier. L’attention de l’artiste, comme souvent dans ses peintures, se porte sur le ciel chargé de lourds nuages et sur la tension dramatique de leurs effets lumineux. Occupant la majeure partie de la composition, il s’y déploie un subtil camaïeu de gris, véritable sujet de l’œuvre. Aucune figure humaine ne vient distraire notre œil de ce spectacle. Des nuages similaires, lourds et sombres, éclatent en un orage sur un panneau conservé à Rotterdam4 ou laissent échapper une averse sur une toile du musée de Pau5. Parmi les œuvres conservées, seules quatre toiles peuvent être datées, dont trois de 1827-18286. Ce nombre insuffisant de jalons chronologiques dans l’œuvre peint de Georges Michel ne nous permet pas de proposer une datation de cette œuvre. Marie-Liesse Choueiry 1Jacques Foucart, « La hollandomanie de Georges Michel, un défi de peintre », dans Ger Luijten et Magali Briat-Philippe (dir.), Georges Michel 1763-1843 : le paysage sublime, cat. exp. Bourg-en-Bresse (Monastère royal de Brou), Paris (Fondation Custodia), 2017-2018, p. 24-31. 2Alfred Sensier, Étude sur Georges Michel, 1873, p. 17 : « il lui fit exécuter des copies de Ruysdaël, d’Hobbema, de Huysmans, de Rembrandt et des autres maîtres des Pays-Bas ». 3Ibid., p. 24. Aucune trace dans les archives ne vient néanmoins étayer ce témoignage. On lira avec profit : Nathalie Volle (dir.), Dictionnaire historique des restaurateurs. Tableaux et œuvres sur papier. Paris, 1750-1950, Paris, 2020, p. 621-622. 4L’Orage, huile sur panneau, 98 × 126 cm, Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, inv. 2240. 5Le Moulin d’Argenteuil, huile sur toile, 100 × 86 cm, Pau, musée des Beaux-Arts, inv. 78.4.1. 6La Sablonnière, daté 1827, huile sur panneau, 42 × 67,5 cm, collection particulière ; Paysage animé de figures, 1827, huile sur panneau, 27 × 35 cm, Dijon, musée Magnin, inv. 1938F701 ; L’Orage, daté 1828, huile sur toile, 80 × 95 cm, Toulon, musée d’Art, inv. 997.8.1. Enfin, L’Orage. Animaux à l’abreuvoir, huile sur panneau, 39,5 × 57 cm, Nantes, musée des Beaux-Arts, inv. 1106, a été présenté au Salon en 1791.
Ce large paysage, d’un format singulièrement important pour l’œuvre de Michel, s’inscrit sans équivoque dans la filiation des paysagistes hollandais du XVIIe siècle. On peut y lire en filigrane l’influence des œuvres de Philips Koninck (1619–1688) plus encore que celles de Jacob van Ruisdael (1628–1682), en dépit du surnom dont fut affublé Georges Michel au XIXe siècle de « Ruisdael de Montmartre1 ». Selon la veuve de Georges Michel, dont les souvenirs sont rapportés par Alfred Sensier en 1873, l’artiste aurait mis ses pinceaux au service du marchand d’art Jean-Baptiste Pierre Le Brun (1748–1813)2 et copié pour lui des œuvres d’artistes hollandais, comme Ruisdael et Hobbema (1638–1709). La même source nous indique que Georges Michel aurait par ailleurs réalisé des restaurations à la demande du directeur du Louvre Dominique-Vivant Denon (1747–1825) : « M. Denon, le directeur du musée du Louvre sous l’Empire, lui fit restaurer les peintres flamands et hollandais3 ». Dans cette œuvre, réalisée sur quatre feuilles de papier contrecollées sur panneau, les plaines de Hollande laissent place aux plaines d’Île-de-France, terrain de prédilection de l’artiste. Dessinateur prolixe, il arpenta les abords de Paris et les rives de la Seine en compagnie de Jean-Louis Demarne (1752–1829) et Lazare Bruandet (1755–1804). Georges Michel restitua habilement la vastitude des paysages observés depuis la plaine Saint-Denis et dans les environs de Meudon, Saint-Cloud, Sèvres, Auteuil, Charenton, Pantin... On a traditionnellement reconnu dans cette œuvre une vue de Paris depuis Meudon. Néanmoins, aucun élément iconographique ne permet de confirmer cette hypothèse. Le soin topographique que l’on peut trouver dans l’œuvre graphique de Georges Michel est ici absent. Les reliefs du terrain ont été prestement couchés sur le papier. L’attention de l’artiste, comme souvent dans ses peintures, se porte sur le ciel chargé de lourds nuages et sur la tension dramatique de leurs effets lumineux. Occupant la majeure partie de la composition, il s’y déploie un subtil camaïeu de gris, véritable sujet de l’œuvre. Aucune figure humaine ne vient distraire notre œil de ce spectacle. Des nuages similaires, lourds et sombres, éclatent en un orage sur un panneau conservé à Rotterdam4 ou laissent échapper une averse sur une toile du musée de Pau5. Parmi les œuvres conservées, seules quatre toiles peuvent être datées, dont trois de 1827-18286. Ce nombre insuffisant de jalons chronologiques dans l’œuvre peint de Georges Michel ne nous permet pas de proposer une datation de cette œuvre. Marie-Liesse Choueiry 1Jacques Foucart, « La hollandomanie de Georges Michel, un défi de peintre », dans Ger Luijten et Magali Briat-Philippe (dir.), Georges Michel 1763-1843 : le paysage sublime, cat. exp. Bourg-en-Bresse (Monastère royal de Brou), Paris (Fondation Custodia), 2017-2018, p. 24-31. 2Alfred Sensier, Étude sur Georges Michel, 1873, p. 17 : « il lui fit exécuter des copies de Ruysdaël, d’Hobbema, de Huysmans, de Rembrandt et des autres maîtres des Pays-Bas ». 3Ibid., p. 24. Aucune trace dans les archives ne vient néanmoins étayer ce témoignage. On lira avec profit : Nathalie Volle (dir.), Dictionnaire historique des restaurateurs. Tableaux et œuvres sur papier. Paris, 1750-1950, Paris, 2020, p. 621-622. 4L’Orage, huile sur panneau, 98 × 126 cm, Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, inv. 2240. 5Le Moulin d’Argenteuil, huile sur toile, 100 × 86 cm, Pau, musée des Beaux-Arts, inv. 78.4.1. 6La Sablonnière, daté 1827, huile sur panneau, 42 × 67,5 cm, collection particulière ; Paysage animé de figures, 1827, huile sur panneau, 27 × 35 cm, Dijon, musée Magnin, inv. 1938F701 ; L’Orage, daté 1828, huile sur toile, 80 × 95 cm, Toulon, musée d’Art, inv. 997.8.1. Enfin, L’Orage. Animaux à l’abreuvoir, huile sur panneau, 39,5 × 57 cm, Nantes, musée des Beaux-Arts, inv. 1106, a été présenté au Salon en 1791.