Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 42. Janus La Cour Thimagard, près de Ringkøbing 1837 – 1909 Odder, Danemark Oliviers près de Tivoli, 1869 Appartenant à la deuxième génération des successeurs d’Eckersberg (1783–1853), le paysagiste danois Janus La Cour fut très influencé par son ami et mentor P. C. Skovgaard (1817–1875). Entré à l’Académie de Copenhague en 1857, il bénéficia à plusieurs reprises de bourses qui lui permirent de faire des séjours en France, en Suisse et en Italie, où il se rendit régulièrement à partir de 1865. Dans son pays natal, il cultiva avec une prédilection particulière les motifs des étendues côtières et forestières de la région d’Aarhus, tandis qu’en Italie, il fut surtout captivé par les environs de Rome, avec le lac de Nemi et la Villa d’Este à Tivoli. Surnommé le peintre du silence1, La Cour recherchait les endroits calmes et isolés où il pouvait faire l’expérience d’une nature plus intacte. Lors d’une visite de Tivoli en 1869, l’artiste s’intéressa à un bosquet de vieux oliviers, ignorant délibérément les célèbres Cascatelles et les éléments d’architecture. Il se plut manifestement à restituer les jeux d’ombre et de lumière sur les troncs noueux et les capricieux reflets du soleil sur les couleurs du feuillage. Cette étude fut très certainement peinte sur le motif ; elle porte la date « Tivoli 18-30 avril » inscrite dans l’angle inferieur gauche. Se conformant à l’une des recommandations de Pierre-Henri de Valenciennes (1750–1819), pionnier de la peinture en plein air qui donna à la technique ses lignes directrices2, l’artiste est donc vraisemblablement revenu sur les lieux plusieurs jours de suite pour de courtes séances de travail, de manière à y retrouver les mêmes conditions de lumière. Il ne s’agit pas d’une esquisse spontanée, mais d’une étude approfondie. La Cour peignit six fois ce motif en 1869, dont une toile aux mêmes dimensions, représentant un bosquet d’oliviers vu de loin, est conservée dans la collection d’art de la municipalité d’Aarhus3. L’approche méticuleuse que La Cour avait de la peinture en extérieur contrastait très sensiblement avec les nouveaux courants en émergence au sein de la peinture de paysage française, dont lui-même critiquait le penchant pour « d’épaisses couleurs et un pinceau maladroit4 ». Ses goûts traditionnels et sa nature solitaire l’amenèrent à s’isoler du monde de l’art de Copenhague, en particulier au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie. Il y fut néanmoins distingué à de multiples reprises : il reçut la médaille Thorvaldsen en 1871, fut nommé professeur à l’Académie Royale des Beaux-Arts du Danemark en 1888 et décoré de l’ordre du Dannebrog en 1892. Alice-Anne Tod 1D’après le titre de l’exposition : Anne Sofie Ejersbo Frederiksen (dir.), Janus la Cour : Stilhedens maler, cat. exp. Aarhus (ARoS Aarhus Kunstmuseum), 2007. 2Peintre, enseignant et auteur, Pierre-Henri de Valenciennes préconisait que les paysages composés soient basés sur l’étude directe de la nature. Publié en 1799/1800, son traité Élémens de perspective donnait des conseils destinés aux artistes avides de peindre en extérieur. Se fondant sur son expérience de la peinture en plein air telle qu’il l’avait pratiquée en Italie et en France, il recommandait de limiter ces séances de travail sur le motif à une durée maximale de deux heures, ce qui permettait de garder une unité de lumière, de couleur et d’atmosphère. 3Voir Rikard Magnussen, Landskabsmaleren Janus La Cour 1837–1909, Copenhague, 1928, p. 166 ; Oliviers à Tivoli, huile sur toile, 37,3 × 61 cm, Aarhus, ARoS Aarhus Kunstmuseum, inv. Ga 1338. 4« tyk farve og klodset pensel », lettre envoyée par La Cour en 1882 à l’historien d’art Sigurd Müller (1844–1918), citée dans Birgitte B. Johannsen, « Janus La Cour », Dansk Biografisk Leksikon, 3e éd., Copenhague, 1979-1984.
Appartenant à la deuxième génération des successeurs d’Eckersberg (1783–1853), le paysagiste danois Janus La Cour fut très influencé par son ami et mentor P. C. Skovgaard (1817–1875). Entré à l’Académie de Copenhague en 1857, il bénéficia à plusieurs reprises de bourses qui lui permirent de faire des séjours en France, en Suisse et en Italie, où il se rendit régulièrement à partir de 1865. Dans son pays natal, il cultiva avec une prédilection particulière les motifs des étendues côtières et forestières de la région d’Aarhus, tandis qu’en Italie, il fut surtout captivé par les environs de Rome, avec le lac de Nemi et la Villa d’Este à Tivoli. Surnommé le peintre du silence1, La Cour recherchait les endroits calmes et isolés où il pouvait faire l’expérience d’une nature plus intacte. Lors d’une visite de Tivoli en 1869, l’artiste s’intéressa à un bosquet de vieux oliviers, ignorant délibérément les célèbres Cascatelles et les éléments d’architecture. Il se plut manifestement à restituer les jeux d’ombre et de lumière sur les troncs noueux et les capricieux reflets du soleil sur les couleurs du feuillage. Cette étude fut très certainement peinte sur le motif ; elle porte la date « Tivoli 18-30 avril » inscrite dans l’angle inferieur gauche. Se conformant à l’une des recommandations de Pierre-Henri de Valenciennes (1750–1819), pionnier de la peinture en plein air qui donna à la technique ses lignes directrices2, l’artiste est donc vraisemblablement revenu sur les lieux plusieurs jours de suite pour de courtes séances de travail, de manière à y retrouver les mêmes conditions de lumière. Il ne s’agit pas d’une esquisse spontanée, mais d’une étude approfondie. La Cour peignit six fois ce motif en 1869, dont une toile aux mêmes dimensions, représentant un bosquet d’oliviers vu de loin, est conservée dans la collection d’art de la municipalité d’Aarhus3. L’approche méticuleuse que La Cour avait de la peinture en extérieur contrastait très sensiblement avec les nouveaux courants en émergence au sein de la peinture de paysage française, dont lui-même critiquait le penchant pour « d’épaisses couleurs et un pinceau maladroit4 ». Ses goûts traditionnels et sa nature solitaire l’amenèrent à s’isoler du monde de l’art de Copenhague, en particulier au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie. Il y fut néanmoins distingué à de multiples reprises : il reçut la médaille Thorvaldsen en 1871, fut nommé professeur à l’Académie Royale des Beaux-Arts du Danemark en 1888 et décoré de l’ordre du Dannebrog en 1892. Alice-Anne Tod 1D’après le titre de l’exposition : Anne Sofie Ejersbo Frederiksen (dir.), Janus la Cour : Stilhedens maler, cat. exp. Aarhus (ARoS Aarhus Kunstmuseum), 2007. 2Peintre, enseignant et auteur, Pierre-Henri de Valenciennes préconisait que les paysages composés soient basés sur l’étude directe de la nature. Publié en 1799/1800, son traité Élémens de perspective donnait des conseils destinés aux artistes avides de peindre en extérieur. Se fondant sur son expérience de la peinture en plein air telle qu’il l’avait pratiquée en Italie et en France, il recommandait de limiter ces séances de travail sur le motif à une durée maximale de deux heures, ce qui permettait de garder une unité de lumière, de couleur et d’atmosphère. 3Voir Rikard Magnussen, Landskabsmaleren Janus La Cour 1837–1909, Copenhague, 1928, p. 166 ; Oliviers à Tivoli, huile sur toile, 37,3 × 61 cm, Aarhus, ARoS Aarhus Kunstmuseum, inv. Ga 1338. 4« tyk farve og klodset pensel », lettre envoyée par La Cour en 1882 à l’historien d’art Sigurd Müller (1844–1918), citée dans Birgitte B. Johannsen, « Janus La Cour », Dansk Biografisk Leksikon, 3e éd., Copenhague, 1979-1984.