Accueil Catalogues en ligne Enfants du Siècle d’or 44. Cornelis de Vos Hulst 1584/1585 – 1651 Anvers Étude de tête de fillette, verso : Esquisse de la Charité romaine (Cimon et Péro) Au début du XVIIe siècle, Cornelis de Vos acquit une grande renommée à Anvers et dans ses environs comme portraitiste de famille. Il savait se montrer novateur avec ses portraits individuels d’enfants issus de milieu bourgeois1. De Vos excellait particulièrement à rendre l’atmosphère intime et la tendresse de ses jeunes modèles. Dès lors, il n’est pas surprenant que de nombreuses études dessinées d’enfants lui soient attribuées. On doit toutefois à Katlijne Van der Stighelen d’avoir mis de l’ordre dans le groupe disparate de dessins donnés au maître flamand. Depuis ses recherches, douze feuilles sont considérées comme de sa main2. Cette tête de fillette peut être ajoutée avec conviction à ce corpus3. On y retrouve le mélange habituel de pierre noire et de rehauts de blanc, mais le manque de sanguine est remarquable, tout comme l’utilisation d’un papier bleu. Le doux modelé des joues rondes, les mèches de cheveux bouclés et, surtout, le rendu délicat des cils trahissent l’affection que l’artiste devait porter à son modèle. Un dessin conservé au musée du Louvre d’un enfant endormi et une feuille d’études de têtes et de mains éveillent pareil sentiment4. Cette dernière a servi pour le portrait que De Vos a peint en 1627 de sa fille Susanna (1626-1662), alors âgée de quinze mois5. Il est possible qu’une des filles du peintre ait aussi été le modèle du présent portrait. Il y a une ressemblance physionomique indéniable entre cette fillette et la fille aînée de De Vos, Magdalena (1618-1680), telle qu’elle est représentée dans son portrait peint de la collection du duc de Devonshire6. L’esquisse sommairement tracée à la pierre noire au verso de la feuille était autrefois associée à La Charité romaine (Cimon et Péro) de Rubens conservée à l’Ermitage7. Il est pour le moins étonnant que le pied nu de Péro – visible du fait de sa position accroupie – soit précisément absent du tableau de Rubens. On retrouve en revanche la posture spécifique de Péro et le pied apparent dans une version du peintre utrechtois Dirck van Baburen (vers 1594/1595-1624). Il est fort possible que De Vos – et Rubens – aient eu connaissance de ce tableau réalisé à Utrecht en 1623. Selon une source ancienne, l’œuvre, qui fait aujourd’hui partie de la collection de la ville de York en Angleterre, se trouvait bien à Anvers au XVIIe siècle8. MvS verso : Esquisse de la Charité romaine (Cimon et Péro) Fondation Custodia, Paris 1« Dankzij zijn [De Vos’] activiteiten kwam een nieuw genre in de mode dat spoedig ook door andere schilders zou worden overgenomen. » (« Ses activités [de De Vos] ont mis un nouveau genre à la mode, qui fut ensuite rapidement traité par d’autres peintres ») ; voir Jan Baptist Bedaux et Rudi Ekkart (éds.), Kinderen op hun mooist. Het kinderportret in de Nederlanden 1500-1700, cat. exp., Haarlem, Frans Hals Museum et Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts, 2000, p. 139. 2Katlijne Van der Stighelen, « Cornelis de Vos as a Draughtsman », Master Drawings, vol. XXVII, 1989, n° 4, p. 322-340. 3Catalogue Le Fell 2002 : « L’attribution a été aimablement confirmée par madame Katlijne Van der Stighelen ». 4Musée du Louvre, Paris, inv. 21441. La localisation actuelle de la seconde feuille est inconnue. Elle faisait partie de la collection de Pierre Dubaut (L. 2103b), qui a été vendue à Drouot, Thierry de Maigret (Paris), 30 mars 2011, lot n° 78. 5Städelsches Kunstinstitut, Francfort-sur-le-Main, inv. 763. 6Bakewell, The Duke of Devonshire and the Chatsworth House Trust, inv. 696. 7Catalogue Le Fell 2002 ; Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, inv. ГЭ-470. 8Wayne Frantis, The Paintings of Dirck van Baburen ca. 1592/93-1624, Amsterdam, John Benjamins (éd.), 2013, n° A29.
Au début du XVIIe siècle, Cornelis de Vos acquit une grande renommée à Anvers et dans ses environs comme portraitiste de famille. Il savait se montrer novateur avec ses portraits individuels d’enfants issus de milieu bourgeois1. De Vos excellait particulièrement à rendre l’atmosphère intime et la tendresse de ses jeunes modèles. Dès lors, il n’est pas surprenant que de nombreuses études dessinées d’enfants lui soient attribuées. On doit toutefois à Katlijne Van der Stighelen d’avoir mis de l’ordre dans le groupe disparate de dessins donnés au maître flamand. Depuis ses recherches, douze feuilles sont considérées comme de sa main2. Cette tête de fillette peut être ajoutée avec conviction à ce corpus3. On y retrouve le mélange habituel de pierre noire et de rehauts de blanc, mais le manque de sanguine est remarquable, tout comme l’utilisation d’un papier bleu. Le doux modelé des joues rondes, les mèches de cheveux bouclés et, surtout, le rendu délicat des cils trahissent l’affection que l’artiste devait porter à son modèle. Un dessin conservé au musée du Louvre d’un enfant endormi et une feuille d’études de têtes et de mains éveillent pareil sentiment4. Cette dernière a servi pour le portrait que De Vos a peint en 1627 de sa fille Susanna (1626-1662), alors âgée de quinze mois5. Il est possible qu’une des filles du peintre ait aussi été le modèle du présent portrait. Il y a une ressemblance physionomique indéniable entre cette fillette et la fille aînée de De Vos, Magdalena (1618-1680), telle qu’elle est représentée dans son portrait peint de la collection du duc de Devonshire6. L’esquisse sommairement tracée à la pierre noire au verso de la feuille était autrefois associée à La Charité romaine (Cimon et Péro) de Rubens conservée à l’Ermitage7. Il est pour le moins étonnant que le pied nu de Péro – visible du fait de sa position accroupie – soit précisément absent du tableau de Rubens. On retrouve en revanche la posture spécifique de Péro et le pied apparent dans une version du peintre utrechtois Dirck van Baburen (vers 1594/1595-1624). Il est fort possible que De Vos – et Rubens – aient eu connaissance de ce tableau réalisé à Utrecht en 1623. Selon une source ancienne, l’œuvre, qui fait aujourd’hui partie de la collection de la ville de York en Angleterre, se trouvait bien à Anvers au XVIIe siècle8. MvS verso : Esquisse de la Charité romaine (Cimon et Péro) Fondation Custodia, Paris 1« Dankzij zijn [De Vos’] activiteiten kwam een nieuw genre in de mode dat spoedig ook door andere schilders zou worden overgenomen. » (« Ses activités [de De Vos] ont mis un nouveau genre à la mode, qui fut ensuite rapidement traité par d’autres peintres ») ; voir Jan Baptist Bedaux et Rudi Ekkart (éds.), Kinderen op hun mooist. Het kinderportret in de Nederlanden 1500-1700, cat. exp., Haarlem, Frans Hals Museum et Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts, 2000, p. 139. 2Katlijne Van der Stighelen, « Cornelis de Vos as a Draughtsman », Master Drawings, vol. XXVII, 1989, n° 4, p. 322-340. 3Catalogue Le Fell 2002 : « L’attribution a été aimablement confirmée par madame Katlijne Van der Stighelen ». 4Musée du Louvre, Paris, inv. 21441. La localisation actuelle de la seconde feuille est inconnue. Elle faisait partie de la collection de Pierre Dubaut (L. 2103b), qui a été vendue à Drouot, Thierry de Maigret (Paris), 30 mars 2011, lot n° 78. 5Städelsches Kunstinstitut, Francfort-sur-le-Main, inv. 763. 6Bakewell, The Duke of Devonshire and the Chatsworth House Trust, inv. 696. 7Catalogue Le Fell 2002 ; Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, inv. ГЭ-470. 8Wayne Frantis, The Paintings of Dirck van Baburen ca. 1592/93-1624, Amsterdam, John Benjamins (éd.), 2013, n° A29.