Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 44. Willem Bastiaan Tholen Amsterdam 1860 – 1931 La Haye Vue de la Veerstraat à Oude Wetering avec des bateaux amarrés, 1904 Particulièrement prolifique, le peintre néerlandais Willem Bastiaan Tholen travailla sur le motif pendant toute sa carrière. Son œuvre s’apparente à la fois au mouvement naturaliste de l’École de La Haye, à laquelle appartint son maître Paul Joseph Constantin Gabriël (1828–1903), et aux « peintres des années quatre-vingt » dont les protagonistes George Hendrik Breitner (1857–1923) et Willem Witsen (1860–1923) sont les plus connus. De ce fait, le travail de Tholen, à la fois traditionnel et novateur, est difficile à classer. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’artiste ne bénéficia pas d’autant d’attention que certains de ses contemporains, même si, de son vivant, Tholen eut beaucoup de succès1. En 2019, la Fondation Custodia ouvrit une rétrospective sur le peintre, organisée en collaboration avec le Dordrechts Museum, afin de faire redécouvrir cet artiste au public. Quelques années auparavant, en 2016, cette esquisse à l’huile, une vue d’Oude Wetering, avait déjà rejoint les collections de la Fondation Custodia grâce à un don de Gerhard et Dineke Greidanus2. Le tableau, exécuté sur panneau, fut très probablement peint en plein air3. En 1901, Tholen se fit construire un voilier traditionnel, L’Eudia, à bord duquel il voyagea sur les lacs hollandais, le Zuiderzee4 et en Zélande. Il se consacra alors de plus en plus à des marines, ainsi qu’à des vues de villages de pêcheurs5. En juin 1904, il fit escale avec son bateau à Oude Wetering, un village au bord du canal de même nom, situé près des lacs de Hollande6. Tholen réalisa plusieurs vues d’Oude Wetering7. Pour peindre l’esquisse à l’huile de la Fondation Custodia, il s’installa probablement sur un bateau amarré, sans doute son propre voilier. Le point de vue est assez bas, au même niveau que la proue de la péniche au premier plan. À droite, on voit la Veerstraat avec ses maisons et son pont-levis. Au loin, derrière un bateau à vapeur, la vue s’ouvre vers le Braassemermeer. L’artiste tenait beaucoup à ses études peintes, comme en témoigne une lettre de novembre 1904 adressée par Tholen à son ami, le critique d’art Albert Plasschaert (1874–1941). En réponse à une question de Plasschaert qui s’était apparemment montré intéressé par l’une de ses esquisses à l’huile, Tholen répondit qu’il ne pouvait pas encore se passer de ses études récentes8. Il continua : « C’est la raison pour laquelle tu n’as pas encore reçu ta petite planche Oude Wetering ». Enfin, il proposa de ne pas donner le tableau, mais de le prêter à son ami, tout en en restant le propriétaire9. Rhea Sylvia Blok 1Tholen avait non seulement du succès aux Pays-Bas mais aussi à l’étranger : Suzanne Veldink et Evelien de Visser, « ‘Benijdenswaardig handig’ : Tholen en de internationale kunstmarkt », dans Marieke Jooren (dir.), Willem Bastiaan Tholen 1860-1931. Een gelukkige natuur, cat. exp. Paris (Fondation Custodia), Dordrecht (Dordrechts Museum), 2019-2020, p. 64-75. 2Gerhard Greidanus, ancien trésorier de la Fondation Custodia, lui fit don de plusieurs esquisses à l’huile. 3Sur Tholen et son travail sur le motif, voir Anneke de Jong, Willem Bastiaan Tholen 1860-1931, cat. exp. Gouda (Museum het Catharina Gasthuis), Assen (Drents Museum), 1993-1994, p. 19-21 ; et Ger Luijten, « Tholens plankjes. Schetsen met olieverf », dans Jooren 2019-2020, op. cit. (note 1), p. 92-99. 4Ancien golfe de la mer du Nord, aujourd’hui transformé en lac, l’IJsselmeer. 5De Jong 1993-1994, op. cit. (note 3), p. 77-80 ; et Quirine van der Meer Mohr, « Kabbelende golven en stille stadjes. Tholen langs de Zuiderzee », dans Jooren 2019-2020, op. cit. (note 1), p. 54-63. 6Comme l’atteste une lettre de Tholen à Albert Plasschaert, écrite d’Oude Wetering le 3 juin 1904 (La Haye, RKD, Archief Plasschaert, no NL-HaRKD.0372). 7Sur les autres tableaux représentant Oude Wetering, voir Tentoonstelling van schilderijen en aquarellen van W.B. Tholen, cat. exp. La Haye (Kunsthandel J. J. Biesing), 1906, n° 16, repr. (sous le titre Op de « Wetering », sans autre précision) ; Tentoonstelling van werk van W.B. Tholen, cat. exp. Rotterdam (Rotterdamsche Kunstkring), 1906, n° 93 (sous le titre Oude Wetering, 1904, huile (sur toile contrecollée ?), 19,3 × 31,3 cm) ; et probablement vente, Amsterdam (Christie’s), 24 avril 2001, n° 2009, repr. (sous le titre Houses along a canal, 1904, huile sur panneau, 19 × 24,5 cm). 8La lettre de Plasschaert à Tholen contenant cette demande n’a pas été conservée. 9Lettre de Tholen à Plasschaert datée du 16 novembre 1904 (La Haye, RKD, Archief Plasschaert, n° NL-HaRKD.0372). Grâce à une lettre datée de décembre 1909, cinq ans plus tard, on comprend que Tholen n’avait alors toujours pas envoyé le tableau, mais il promit de le faire bientôt (lettre de Tholen à Plasschaert, du 25 décembre 1909, La Haye, RKD, Archief Plasschaert, n° NL-HaRKD.0372). Il n’est pas précisé de quelle esquisse à l’huile d’Oude Wetering il s’agit.
Particulièrement prolifique, le peintre néerlandais Willem Bastiaan Tholen travailla sur le motif pendant toute sa carrière. Son œuvre s’apparente à la fois au mouvement naturaliste de l’École de La Haye, à laquelle appartint son maître Paul Joseph Constantin Gabriël (1828–1903), et aux « peintres des années quatre-vingt » dont les protagonistes George Hendrik Breitner (1857–1923) et Willem Witsen (1860–1923) sont les plus connus. De ce fait, le travail de Tholen, à la fois traditionnel et novateur, est difficile à classer. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’artiste ne bénéficia pas d’autant d’attention que certains de ses contemporains, même si, de son vivant, Tholen eut beaucoup de succès1. En 2019, la Fondation Custodia ouvrit une rétrospective sur le peintre, organisée en collaboration avec le Dordrechts Museum, afin de faire redécouvrir cet artiste au public. Quelques années auparavant, en 2016, cette esquisse à l’huile, une vue d’Oude Wetering, avait déjà rejoint les collections de la Fondation Custodia grâce à un don de Gerhard et Dineke Greidanus2. Le tableau, exécuté sur panneau, fut très probablement peint en plein air3. En 1901, Tholen se fit construire un voilier traditionnel, L’Eudia, à bord duquel il voyagea sur les lacs hollandais, le Zuiderzee4 et en Zélande. Il se consacra alors de plus en plus à des marines, ainsi qu’à des vues de villages de pêcheurs5. En juin 1904, il fit escale avec son bateau à Oude Wetering, un village au bord du canal de même nom, situé près des lacs de Hollande6. Tholen réalisa plusieurs vues d’Oude Wetering7. Pour peindre l’esquisse à l’huile de la Fondation Custodia, il s’installa probablement sur un bateau amarré, sans doute son propre voilier. Le point de vue est assez bas, au même niveau que la proue de la péniche au premier plan. À droite, on voit la Veerstraat avec ses maisons et son pont-levis. Au loin, derrière un bateau à vapeur, la vue s’ouvre vers le Braassemermeer. L’artiste tenait beaucoup à ses études peintes, comme en témoigne une lettre de novembre 1904 adressée par Tholen à son ami, le critique d’art Albert Plasschaert (1874–1941). En réponse à une question de Plasschaert qui s’était apparemment montré intéressé par l’une de ses esquisses à l’huile, Tholen répondit qu’il ne pouvait pas encore se passer de ses études récentes8. Il continua : « C’est la raison pour laquelle tu n’as pas encore reçu ta petite planche Oude Wetering ». Enfin, il proposa de ne pas donner le tableau, mais de le prêter à son ami, tout en en restant le propriétaire9. Rhea Sylvia Blok 1Tholen avait non seulement du succès aux Pays-Bas mais aussi à l’étranger : Suzanne Veldink et Evelien de Visser, « ‘Benijdenswaardig handig’ : Tholen en de internationale kunstmarkt », dans Marieke Jooren (dir.), Willem Bastiaan Tholen 1860-1931. Een gelukkige natuur, cat. exp. Paris (Fondation Custodia), Dordrecht (Dordrechts Museum), 2019-2020, p. 64-75. 2Gerhard Greidanus, ancien trésorier de la Fondation Custodia, lui fit don de plusieurs esquisses à l’huile. 3Sur Tholen et son travail sur le motif, voir Anneke de Jong, Willem Bastiaan Tholen 1860-1931, cat. exp. Gouda (Museum het Catharina Gasthuis), Assen (Drents Museum), 1993-1994, p. 19-21 ; et Ger Luijten, « Tholens plankjes. Schetsen met olieverf », dans Jooren 2019-2020, op. cit. (note 1), p. 92-99. 4Ancien golfe de la mer du Nord, aujourd’hui transformé en lac, l’IJsselmeer. 5De Jong 1993-1994, op. cit. (note 3), p. 77-80 ; et Quirine van der Meer Mohr, « Kabbelende golven en stille stadjes. Tholen langs de Zuiderzee », dans Jooren 2019-2020, op. cit. (note 1), p. 54-63. 6Comme l’atteste une lettre de Tholen à Albert Plasschaert, écrite d’Oude Wetering le 3 juin 1904 (La Haye, RKD, Archief Plasschaert, no NL-HaRKD.0372). 7Sur les autres tableaux représentant Oude Wetering, voir Tentoonstelling van schilderijen en aquarellen van W.B. Tholen, cat. exp. La Haye (Kunsthandel J. J. Biesing), 1906, n° 16, repr. (sous le titre Op de « Wetering », sans autre précision) ; Tentoonstelling van werk van W.B. Tholen, cat. exp. Rotterdam (Rotterdamsche Kunstkring), 1906, n° 93 (sous le titre Oude Wetering, 1904, huile (sur toile contrecollée ?), 19,3 × 31,3 cm) ; et probablement vente, Amsterdam (Christie’s), 24 avril 2001, n° 2009, repr. (sous le titre Houses along a canal, 1904, huile sur panneau, 19 × 24,5 cm). 8La lettre de Plasschaert à Tholen contenant cette demande n’a pas été conservée. 9Lettre de Tholen à Plasschaert datée du 16 novembre 1904 (La Haye, RKD, Archief Plasschaert, n° NL-HaRKD.0372). Grâce à une lettre datée de décembre 1909, cinq ans plus tard, on comprend que Tholen n’avait alors toujours pas envoyé le tableau, mais il promit de le faire bientôt (lettre de Tholen à Plasschaert, du 25 décembre 1909, La Haye, RKD, Archief Plasschaert, n° NL-HaRKD.0372). Il n’est pas précisé de quelle esquisse à l’huile d’Oude Wetering il s’agit.