Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 45. Johann Martin von Rohden Cassel 1778 – 1868 Rome Vue de la villa d’Hadrien à Tivoli, la vallée du Tibre et les monts Sabins au loin, avant 1810 Formé à l’Académie de Cassel, Von Rohden n’avait que dix-sept ans lorsqu’il arriva à Rome pour la première fois. Il y retourna en 1802 et passa l’essentiel de sa vie en Italie. Il joua un rôle primordial dans la création de l’Académie allemande à Rome et fut également l’un des premiers artistes allemands à peindre en extérieur avec Johann Georg von Dillis (1759–1841). Figure éminente de la communauté artistique internationale de Rome, il apparaît dans de nombreux portraits de groupe, comme les deux charmants dessins par Bonaventura Genelli (1798–1868) conservés à Dresde1. Il se convertit au catholicisme et épousa la fille du propriétaire de l’auberge de la Sibylle à Tivoli, ville dont il peignit de nombreuses vues. Ses paysages, influencés par l’œuvre des Nazaréens et par sa propre conversion, dégagent une spiritualité sereine qui les distingue de bien des œuvres de ses contemporains. Non loin de Tivoli, les ruines des thermes de l’ancienne villa d’Hadrien, envahies par la végétation et baignées par la chaude lumière rougeâtre du soir, sont ici décrites depuis un point de vue légèrement surélevé. En arrière-plan, la perspective s’ouvre sur la vallée du Tibre et les monts Sabins. L’horizon est bas, laissant se dérouler une large zone de ciel sans nuages, et met ainsi en exergue l’immensité d’un paysage désolé. Il n’était pas rare qu’un artiste garde une étude de paysage délibérément inachevée afin de s’en servir dans un but pédagogique, pour décomposer la technique du plein air. Toutefois, dans le cas présent, le premier plan est omis car il ne figurait pas dans la composition finale que l’artiste avait à l’esprit. Von Rohden préparait toujours ses peintures de grand format avec un soin extrême. Un dessin très minutieux conservé à Berlin2 montre une portion quasi identique de ce même paysage. Ce dessin et notre étude à l’huile furent les bases sur lesquelles l’artiste élabora une peinture qui se trouve aujourd’hui à Weimar3. Dans cette version finale, il compléta le premier plan de la composition par un repoussoir et par l’adjonction de quelques figures qui animent la scène, conformément à la tradition néo-classique du paysage composé. La précision avec laquelle Von Rohden réalisa ces études est étonnante – elles n’ont rien à envier à ses peintures achevées en ce qui concerne l’exactitude des détails. Croqueur prolifique, l’artiste est mort à 90 ans en laissant une production de quelque trois cents dessins et esquisses à l’huile. Alice-Anne Tod 1Dresde, Kupferstich-Kabinett, inv. C 1908-601 et C 1963-856. 2Vue de la campagne romaine, avant 1810, crayon, 408 × 554 mm, Berlin, Kupferstichkabinett, inv. SZ 18. 3Vue de la campagne romaine, 1810, huile sur toile, 55,5 × 74,5 cm, Weimar, Kunstsammlungen, inv. G 88.
Formé à l’Académie de Cassel, Von Rohden n’avait que dix-sept ans lorsqu’il arriva à Rome pour la première fois. Il y retourna en 1802 et passa l’essentiel de sa vie en Italie. Il joua un rôle primordial dans la création de l’Académie allemande à Rome et fut également l’un des premiers artistes allemands à peindre en extérieur avec Johann Georg von Dillis (1759–1841). Figure éminente de la communauté artistique internationale de Rome, il apparaît dans de nombreux portraits de groupe, comme les deux charmants dessins par Bonaventura Genelli (1798–1868) conservés à Dresde1. Il se convertit au catholicisme et épousa la fille du propriétaire de l’auberge de la Sibylle à Tivoli, ville dont il peignit de nombreuses vues. Ses paysages, influencés par l’œuvre des Nazaréens et par sa propre conversion, dégagent une spiritualité sereine qui les distingue de bien des œuvres de ses contemporains. Non loin de Tivoli, les ruines des thermes de l’ancienne villa d’Hadrien, envahies par la végétation et baignées par la chaude lumière rougeâtre du soir, sont ici décrites depuis un point de vue légèrement surélevé. En arrière-plan, la perspective s’ouvre sur la vallée du Tibre et les monts Sabins. L’horizon est bas, laissant se dérouler une large zone de ciel sans nuages, et met ainsi en exergue l’immensité d’un paysage désolé. Il n’était pas rare qu’un artiste garde une étude de paysage délibérément inachevée afin de s’en servir dans un but pédagogique, pour décomposer la technique du plein air. Toutefois, dans le cas présent, le premier plan est omis car il ne figurait pas dans la composition finale que l’artiste avait à l’esprit. Von Rohden préparait toujours ses peintures de grand format avec un soin extrême. Un dessin très minutieux conservé à Berlin2 montre une portion quasi identique de ce même paysage. Ce dessin et notre étude à l’huile furent les bases sur lesquelles l’artiste élabora une peinture qui se trouve aujourd’hui à Weimar3. Dans cette version finale, il compléta le premier plan de la composition par un repoussoir et par l’adjonction de quelques figures qui animent la scène, conformément à la tradition néo-classique du paysage composé. La précision avec laquelle Von Rohden réalisa ces études est étonnante – elles n’ont rien à envier à ses peintures achevées en ce qui concerne l’exactitude des détails. Croqueur prolifique, l’artiste est mort à 90 ans en laissant une production de quelque trois cents dessins et esquisses à l’huile. Alice-Anne Tod 1Dresde, Kupferstich-Kabinett, inv. C 1908-601 et C 1963-856. 2Vue de la campagne romaine, avant 1810, crayon, 408 × 554 mm, Berlin, Kupferstichkabinett, inv. SZ 18. 3Vue de la campagne romaine, 1810, huile sur toile, 55,5 × 74,5 cm, Weimar, Kunstsammlungen, inv. G 88.