Accueil Catalogues en ligne Art sur papier. Acquisitions récentes 50. Josephus Augustus Knip Tilburg 1777 – 1847 Berlicum Sentier dans une forêt Muni d’un bagage léger, n’emportant qu’« une œuvre à l’huile, une à la gouache, deux palettes et quelques toiles », le paysagiste hollandais Josephus Augustus Knip se rend à Paris en 1801, dans l’espoir de trouver des conditions plus favorables pour un artiste1. Quelques années auparavant, son père, le peintre artiste et décorateur Nicolaas Frederik Knip (1741-1808), ayant perdu la vue, le jeune artiste se voit contraint d’entretenir sa famille. Accomplissant ainsi son devoir, Knip travaille avec acharnement dans la capitale française. Enfin, en 1808 il obtient le Prix de Rome, accordé par le Roi Louis Napoléon des Pays-Bas (r. 1806-1810). Cette bourse permet à l’artiste de se rendre en Italie, où il réalise des centaines d’études – paysages, ruines, figures et animaux – sur le motif. Après son retour aux Pays-Bas en 1813, Knip fait un large usage de ces dessins, empruntant leurs motifs pour composer tableaux, gouaches et grandes aquarelles. Knip fait parfois aussi des paysages sans références italiennes, comme cette superbe gouache, remarquablement conservée2. Elle représente le carrefour de deux sentiers sablonneux dans une dense forêt, avec un chasseur dans le lointain. Si la composition a bien pu surgir de l’imagination de Knip, les arbres – chênes, bouleaux et pins – soigneusement exécutés, ont sans doute pour origine des études réalisées aux Pays-Bas. De tels arbres figurent dans l’un des premiers dessins faits sur le motif que l’on connaisse de sa main3. D’après l’inscription autographe au verso de ce dessin, ce dernier a été exécuté par Knip au cours de l’été 1803 dans les domaines de Biljoen et de Beekhuizen, dans la Gueldre, une province des Pays-Bas de l’Est. À l’époque, l’artiste était installé à Paris, mais pendant les mois chauds d’été il quittait sans doute la ville pour un séjour dans la campagne hollandaise lorsqu’il rendait visite à son père à Bois-le-Duc4. À la différence de ses esquisses, les grandes aquarelles et les gouaches de Knip étaient destinées à être encadrées et accrochées au mur, offrant une alternative moins coûteuse aux peintures5. Il en produisit des centaines, de même que plusieurs membres de sa famille – son frère, un neveu, et également ses propres enfants –, ce qui rend parfois difficile l’attribution des dessins non signés6. Le Sentier dans une forêt est assurément de la main du maître lui-même. Par le style et l’exécution, notre aquarelle se rapproche d’un tableau signé, un paysage hollandais avec du bétail, au Noordbrabants Museum7. Dans les deux œuvres l’artiste a créé une perspective dramatique, soulignée par un grand arbre ou un tronc au premier plan et une rangée d’arbres le long d’un sentier. Pour Ellinoor Bergvelt, la peinture date sans doute de la période après 1820, lorsque l’artiste se mit à présenter des œuvres à sujet hollandais dans l’exposition annuelle des Maîtres Vivants à Amsterdam8. MR 1Ellinoor Bergvelt et Margriet van Boven, J.A. Knip 1777-1847, cat. exp., Bois-le-Duc, Noordbrabants Museum, 1977, p. 193 (« een stuk kunstwerk in olijverf een in Dekverf twee palette en wijnig linnins »). 2Un dessin similaire à la gouache représentant un sentier traversant une forêt, de dimensions presque identiques, est apparu sur le marché de l’art en 2002 ; vente, Paris (Christie’s), 23 mars 2002, n° 204, repr. 3Paris, Fondation Custodia, inv. 2010-T.12 (aquarelle, sur un tracé au graphite ; 431 × 305 mm. Inscrit au verso, de gauche à droite, par l’artiste, à l’encre grise : « Italiaansche Populier, Denneboom, Beukeboom, Berkeboom / 14 aug 1803 / getekend in Billioen en Beekhuizen »). 4Knip évoque cette habitude dans son autobiographie, rédigée en 1819 ; Bergvelt et Van Boven 1977, op. cit. (note 1), p. 195. 5Jane Turner et Robert-Jan te Rijdt (éd.), Home and Abroad. Dutch and Flemish Landscape Drawings from the John and Marine van Vlissingen Art Foundation, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, et Paris, Fondation Custodia, 2015-16, p. 218, sous le cat. n° 94. 6Fransje Kuyvenhoven, De familie Knip. Drie generaties kunstenaars in Noord-Brabant, cat. exp., Bois-le-Duc, Noordbrabants Museum, 1988, p. 117. 7Bois-le-Duc, Noordbrabants Museum, inv. 17568, prêt de longue durée du Rijksdienst voor het Cultureel Erfgoed (huile sur toile ; 80,5 × 116 cm) ; Bergvelt et Van Boven 1977, op. cit. (note 1), p. 162, cat. n° 99 ; http://collectie.hetnoordbrabantsmuseum.nl. 8Ibid., p. 162, sous le cat. n° 99.
Muni d’un bagage léger, n’emportant qu’« une œuvre à l’huile, une à la gouache, deux palettes et quelques toiles », le paysagiste hollandais Josephus Augustus Knip se rend à Paris en 1801, dans l’espoir de trouver des conditions plus favorables pour un artiste1. Quelques années auparavant, son père, le peintre artiste et décorateur Nicolaas Frederik Knip (1741-1808), ayant perdu la vue, le jeune artiste se voit contraint d’entretenir sa famille. Accomplissant ainsi son devoir, Knip travaille avec acharnement dans la capitale française. Enfin, en 1808 il obtient le Prix de Rome, accordé par le Roi Louis Napoléon des Pays-Bas (r. 1806-1810). Cette bourse permet à l’artiste de se rendre en Italie, où il réalise des centaines d’études – paysages, ruines, figures et animaux – sur le motif. Après son retour aux Pays-Bas en 1813, Knip fait un large usage de ces dessins, empruntant leurs motifs pour composer tableaux, gouaches et grandes aquarelles. Knip fait parfois aussi des paysages sans références italiennes, comme cette superbe gouache, remarquablement conservée2. Elle représente le carrefour de deux sentiers sablonneux dans une dense forêt, avec un chasseur dans le lointain. Si la composition a bien pu surgir de l’imagination de Knip, les arbres – chênes, bouleaux et pins – soigneusement exécutés, ont sans doute pour origine des études réalisées aux Pays-Bas. De tels arbres figurent dans l’un des premiers dessins faits sur le motif que l’on connaisse de sa main3. D’après l’inscription autographe au verso de ce dessin, ce dernier a été exécuté par Knip au cours de l’été 1803 dans les domaines de Biljoen et de Beekhuizen, dans la Gueldre, une province des Pays-Bas de l’Est. À l’époque, l’artiste était installé à Paris, mais pendant les mois chauds d’été il quittait sans doute la ville pour un séjour dans la campagne hollandaise lorsqu’il rendait visite à son père à Bois-le-Duc4. À la différence de ses esquisses, les grandes aquarelles et les gouaches de Knip étaient destinées à être encadrées et accrochées au mur, offrant une alternative moins coûteuse aux peintures5. Il en produisit des centaines, de même que plusieurs membres de sa famille – son frère, un neveu, et également ses propres enfants –, ce qui rend parfois difficile l’attribution des dessins non signés6. Le Sentier dans une forêt est assurément de la main du maître lui-même. Par le style et l’exécution, notre aquarelle se rapproche d’un tableau signé, un paysage hollandais avec du bétail, au Noordbrabants Museum7. Dans les deux œuvres l’artiste a créé une perspective dramatique, soulignée par un grand arbre ou un tronc au premier plan et une rangée d’arbres le long d’un sentier. Pour Ellinoor Bergvelt, la peinture date sans doute de la période après 1820, lorsque l’artiste se mit à présenter des œuvres à sujet hollandais dans l’exposition annuelle des Maîtres Vivants à Amsterdam8. MR 1Ellinoor Bergvelt et Margriet van Boven, J.A. Knip 1777-1847, cat. exp., Bois-le-Duc, Noordbrabants Museum, 1977, p. 193 (« een stuk kunstwerk in olijverf een in Dekverf twee palette en wijnig linnins »). 2Un dessin similaire à la gouache représentant un sentier traversant une forêt, de dimensions presque identiques, est apparu sur le marché de l’art en 2002 ; vente, Paris (Christie’s), 23 mars 2002, n° 204, repr. 3Paris, Fondation Custodia, inv. 2010-T.12 (aquarelle, sur un tracé au graphite ; 431 × 305 mm. Inscrit au verso, de gauche à droite, par l’artiste, à l’encre grise : « Italiaansche Populier, Denneboom, Beukeboom, Berkeboom / 14 aug 1803 / getekend in Billioen en Beekhuizen »). 4Knip évoque cette habitude dans son autobiographie, rédigée en 1819 ; Bergvelt et Van Boven 1977, op. cit. (note 1), p. 195. 5Jane Turner et Robert-Jan te Rijdt (éd.), Home and Abroad. Dutch and Flemish Landscape Drawings from the John and Marine van Vlissingen Art Foundation, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, et Paris, Fondation Custodia, 2015-16, p. 218, sous le cat. n° 94. 6Fransje Kuyvenhoven, De familie Knip. Drie generaties kunstenaars in Noord-Brabant, cat. exp., Bois-le-Duc, Noordbrabants Museum, 1988, p. 117. 7Bois-le-Duc, Noordbrabants Museum, inv. 17568, prêt de longue durée du Rijksdienst voor het Cultureel Erfgoed (huile sur toile ; 80,5 × 116 cm) ; Bergvelt et Van Boven 1977, op. cit. (note 1), p. 162, cat. n° 99 ; http://collectie.hetnoordbrabantsmuseum.nl. 8Ibid., p. 162, sous le cat. n° 99.