52. Louis Lamothe

Lyon 1822 – 1869 Paris

Autoportrait au chevalet, vers 1859

Élève d’Auguste Flandrin (1804-1843) à Lyon, Louis Lamothe s’établit à Paris en 1839 et entre dans l’atelier d’Hippolyte Flandrin (1809-1864), autre membre de cette fratrie d’artistes. Il passa également deux années en apprentissage auprès de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867). Ce dessin réalisé au graphite, dans la technique qu’affectionnait tout particulièrement le maître néo-classique pour ses portraits, témoigne de cette filiation stylistique.

Cet exercice d’autoportrait au chevalet évoque les formules de composition forgées par les peintres de la Renaissance italienne. La représentation oscille entre réalisme – les outils du peintre, palette et appuie-main, sa blouse de travail, la toile clouée sur le bord du châssis – et idéalisation – la main droite n’est pas en train de manier le pinceau sur la toile mais repose fermée sur la poitrine, comme si l’artiste posait. Le modelé soigné du visage, rendu à l’estompe et à la gouache blanche, qui contraste avec le traitement plus schématique du reste du corps et du vêtement, sont autant de réminiscences de la leçon ingresque. Quant au regard et à l’expression, empreints d’une certaine solennité, ils traduisent l’image que l’artiste souhaite véhiculer de lui-même : il est alors âgé de trente-trois ans environ, et déjà fort d’une expérience de peintre de grands décors en collaboration avec les frères Flandrin1.

Notre dessin est l’étude préparatoire pour un autoportrait peint en 18592. Lamothe conserve dans le tableau la pose, ainsi que son expression grave, mais élude le chevalet et modifie la position de sa main droite, qu’il place sur sa hanche. Dans sa composition, quoiqu’inversée, le dessin manifeste également une très grande proximité avec le double autoportrait d’Hippolyte et Paul Flandrin, daté de 18423, dont il reprend le motif de la toile vue de biais, ne laissant paraître que les clous sur le châssis. Dans le fond et dans la forme, l’autoportrait sur papier de Lamothe s’interprète ainsi comme un hommage à ses différents maîtres. Témoignage de leurs liens étroits avec leur élève et collaborateur Lamothe, les frères Flandrin lui avaient d’ailleurs rendu à trois reprises un hommage similaire, au travers de portraits peints ou dessinés4.

Si ce dessin est le premier de Lamothe à rejoindre les collections de la Fondation Custodia, l’artiste n’était pas absent de son fonds pour autant, puisqu’elle conservait déjà quelques lettres d’Hippolyte Flandrin à lui adressées. MNG

1Par exemple au château de Dampierre (1841), à l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris (1849-1853), ou encore au Conservatoire des Arts et Métiers (1854) ; Marie-Madeleine Aubrun, « Plaidoyer pour un comparse (?) : Louis Lamothe (1822-1869). Chronologie critique et aspect de son œuvre original », Bulletin du Musée Ingres, 1983, nos 51-52, p. 15, 17, 18.

2Lyon, Musée des Beaux-Arts, inv. 1938.7 (huile sur toile ; 88 × 70,5 cm) ; ibid., n° 9 bis (avec une erreur sur la date ; lire 1859 et non 1869).

3Nantes, Musée des Beaux-Arts, inv. 968 (huile sur toile ; 38,5 × 30,5 cm) ; Cyrille Sciama (éd.), Hippolyte & Paul Flandrin. Paysages et portraits, Paris, 2007, n° 43.

4Aubrun 1983, op. cit. (note 1), p. 23-24.