Accueil Catalogues en ligne Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870 55. Odilon Redon (Bordeaux 1840 – 1916 Paris) Village sur la côte de Bretagne Écrivant dans son journal en mai 1868, Redon s’interroge sur la valeur de ce qu’il appelle « l’étude naïve »1 – études fragmentaires réalisées pour elles-mêmes et non en préparation d’une œuvre aboutie (par opposition à « l’étude qui fait tableau »2). Ces études « que l’on fait dans l’oubli de ce qu’on sait avec désir d’approcher le plus docilement de ce qu’on voit »3 restent des documents féconds et inépuisables dont les artistes ne se lasseront jamais. Il continue sa pensée avec les conseils reçus de Corot, son aîné, qu’il avait rencontré pour la première fois en 1864 : « Allez tous les ans peindre au même endroit ; copiez le même arbre. »4 Dans les années 1870 et 1880, Redon fit plusieurs séjours en Bretagne, dont il revint avec de nombreuses études, dessins et peintures. Cette vue fait partie d’un ensemble d’esquisses à l’huile décrivant probablement la baie de Douarnenez. Redon restitue l’atmosphère brumeuse et le ciel changeant dans des coloris un peu éteints de bruns et de gris-bleu. Une huile sur carton conservée à la National Gallery of Art de Washington montre le même port, par un jour plus clair, illustration parlante du caractère notoirement capricieux du climat breton5. Dans les deux œuvres, l’absence de figures laisse planer une certaine mélancolie que Redon évoque de manière récurrente dans ses lettres décrivant l’impression que lui donne la région. 1Redon, Odilon, À soi-même, journal (1867–1915) : notes sur la vie, l’art et les artistes, Paris, 1922, p. 36. 2Ibidem. 3Ibid. 4Ibid. 5https://www.nga.gov/collection/art-object-page.157928.html.
Écrivant dans son journal en mai 1868, Redon s’interroge sur la valeur de ce qu’il appelle « l’étude naïve »1 – études fragmentaires réalisées pour elles-mêmes et non en préparation d’une œuvre aboutie (par opposition à « l’étude qui fait tableau »2). Ces études « que l’on fait dans l’oubli de ce qu’on sait avec désir d’approcher le plus docilement de ce qu’on voit »3 restent des documents féconds et inépuisables dont les artistes ne se lasseront jamais. Il continue sa pensée avec les conseils reçus de Corot, son aîné, qu’il avait rencontré pour la première fois en 1864 : « Allez tous les ans peindre au même endroit ; copiez le même arbre. »4 Dans les années 1870 et 1880, Redon fit plusieurs séjours en Bretagne, dont il revint avec de nombreuses études, dessins et peintures. Cette vue fait partie d’un ensemble d’esquisses à l’huile décrivant probablement la baie de Douarnenez. Redon restitue l’atmosphère brumeuse et le ciel changeant dans des coloris un peu éteints de bruns et de gris-bleu. Une huile sur carton conservée à la National Gallery of Art de Washington montre le même port, par un jour plus clair, illustration parlante du caractère notoirement capricieux du climat breton5. Dans les deux œuvres, l’absence de figures laisse planer une certaine mélancolie que Redon évoque de manière récurrente dans ses lettres décrivant l’impression que lui donne la région. 1Redon, Odilon, À soi-même, journal (1867–1915) : notes sur la vie, l’art et les artistes, Paris, 1922, p. 36. 2Ibidem. 3Ibid. 4Ibid. 5https://www.nga.gov/collection/art-object-page.157928.html.