Accueil Catalogues en ligne Art sur papier. Acquisitions récentes 56. Giuseppe de Nittis Barletta 1846 – 1884 Saint-Germain-en-Laye Femme au parasol, vers 1874 Giuseppe de Nittis est avant tout un grand peintre de la figure féminine, célèbre pour ses portraits d’élégantes parisiennes dans des intérieurs intimes, voluptueusement dépeintes à l’huile ou au pastel. Son œuvre gravé explore un répertoire similaire, auquel la technique – eau-forte ou pointe sèche – apporte une spontanéité quasi-photographique. Cette qualité s’illustre idéalement dans ce portrait de jeune femme s’abritant du soleil. Le motif du parasol, fréquent chez De Nittis1, est souligné par un ton de surface gris léger et forme un halo gracieux autour du visage de la jeune femme. Dans le contexte de la fin du XIXe siècle, cet accessoire est empreint d’une subtile coloration japonisante, qui teinte par ailleurs d’autres œuvres de De Nittis2. La ligne pure du profil se détache avec d’autant plus de netteté que l’artiste a accentué, au moyen de hachures, l’ombre qu’il porte sur le parasol3. L’attitude mélancolique de cette figure aux yeux mi-clos, saisie dans un instant de rêverie4, instaure une distance silencieuse avec le spectateur. Les nombreuses ellipses graphiques, ainsi que les réserves de blanc, confèrent à ce portrait d’inconnue une évanescence émouvante. En raison de la grande précision du trait – obtenue par l’artiste en ébarbant sa plaque – cette composition a été décrite par Nello Ponente et Pasqualina Spadini comme un dessin, préparatoire au tableau In canotto5. Une fois établie sa véritable nature technique, Rosalba Dinoia proposa de considérer l’estampe comme postérieure au tableau6, hypothèse étayée en outre par l’inversion du motif. Il est donc probable que De Nittis ait choisi de conférer à cette figure une existence autonome sur papier. Toutefois, il ne semble pas avoir envisagé la diffusion de l’estampe, non signée et demeurée dans son atelier. L’exemplaire que cataloguait l’auteure était alors le seul connu7. Cette Femme au parasol est donc une vraie rareté, et probablement l’une des œuvres les plus personnelles de l’artiste. MNG 1Pour d’autres occurrences de ce motif, voir Fabio Fiorani et Rosalba Dinoia, De Nittis incisore, cat. exp., Rome, Calcografia, 1999-2000, cat. n° 10. 2Notamment la Femme sur un divan rouge, collection particulière (huile sur toile ; 410 × 270 mm) ; Gilles Chazal, Dominique Morel et Emanuela Angiuli, Giuseppe De Nittis, la modernité élégante, cat. exp., Paris, Petit-Palais, et Parme, Palazzo del Governatore, 2010-2011, p. 249. 3L’artiste représente très souvent ses figures féminines de profil, tirant ainsi le meilleur parti esthétique de ces lignes de contour fluides et des oppositions de valeurs, notamment dans Effet de neige, Barletta, Pinacoteca Communale, inv. 950 (huile sur toile ; 53 × 72 cm). 4L’artiste se plaît à dépeindre des femmes plongées dans leurs activités ou leurs pensées ; voir notamment Making Lace (huile sur panneau ; 172 × 150 mm) ; vente, New York (Christie’s), 25 février 1987, n° 108 ; et Rêverie, collection particulière (huile sur toile ; 65 × 50 cm) ; Chazal et al. 2010-2011, op. cit. (note 2), p. 241. 5In canotto, vers 1874, Rome, Ministero della Pubblica Istruzione (huile sur toile ; dimensions non renseignées par les auteurs) ; Fiorani et Dinoia 1999-2000, op. cit. (note 1), sous le cat. n° 10, fig. 1. 6Ibid., cat. n° 10. 7Celui de la Pinacoteca Communale de Barlotta, inv. 999 (pointe sèche ; 180 × 240 mm) ; ibid.
Giuseppe de Nittis est avant tout un grand peintre de la figure féminine, célèbre pour ses portraits d’élégantes parisiennes dans des intérieurs intimes, voluptueusement dépeintes à l’huile ou au pastel. Son œuvre gravé explore un répertoire similaire, auquel la technique – eau-forte ou pointe sèche – apporte une spontanéité quasi-photographique. Cette qualité s’illustre idéalement dans ce portrait de jeune femme s’abritant du soleil. Le motif du parasol, fréquent chez De Nittis1, est souligné par un ton de surface gris léger et forme un halo gracieux autour du visage de la jeune femme. Dans le contexte de la fin du XIXe siècle, cet accessoire est empreint d’une subtile coloration japonisante, qui teinte par ailleurs d’autres œuvres de De Nittis2. La ligne pure du profil se détache avec d’autant plus de netteté que l’artiste a accentué, au moyen de hachures, l’ombre qu’il porte sur le parasol3. L’attitude mélancolique de cette figure aux yeux mi-clos, saisie dans un instant de rêverie4, instaure une distance silencieuse avec le spectateur. Les nombreuses ellipses graphiques, ainsi que les réserves de blanc, confèrent à ce portrait d’inconnue une évanescence émouvante. En raison de la grande précision du trait – obtenue par l’artiste en ébarbant sa plaque – cette composition a été décrite par Nello Ponente et Pasqualina Spadini comme un dessin, préparatoire au tableau In canotto5. Une fois établie sa véritable nature technique, Rosalba Dinoia proposa de considérer l’estampe comme postérieure au tableau6, hypothèse étayée en outre par l’inversion du motif. Il est donc probable que De Nittis ait choisi de conférer à cette figure une existence autonome sur papier. Toutefois, il ne semble pas avoir envisagé la diffusion de l’estampe, non signée et demeurée dans son atelier. L’exemplaire que cataloguait l’auteure était alors le seul connu7. Cette Femme au parasol est donc une vraie rareté, et probablement l’une des œuvres les plus personnelles de l’artiste. MNG 1Pour d’autres occurrences de ce motif, voir Fabio Fiorani et Rosalba Dinoia, De Nittis incisore, cat. exp., Rome, Calcografia, 1999-2000, cat. n° 10. 2Notamment la Femme sur un divan rouge, collection particulière (huile sur toile ; 410 × 270 mm) ; Gilles Chazal, Dominique Morel et Emanuela Angiuli, Giuseppe De Nittis, la modernité élégante, cat. exp., Paris, Petit-Palais, et Parme, Palazzo del Governatore, 2010-2011, p. 249. 3L’artiste représente très souvent ses figures féminines de profil, tirant ainsi le meilleur parti esthétique de ces lignes de contour fluides et des oppositions de valeurs, notamment dans Effet de neige, Barletta, Pinacoteca Communale, inv. 950 (huile sur toile ; 53 × 72 cm). 4L’artiste se plaît à dépeindre des femmes plongées dans leurs activités ou leurs pensées ; voir notamment Making Lace (huile sur panneau ; 172 × 150 mm) ; vente, New York (Christie’s), 25 février 1987, n° 108 ; et Rêverie, collection particulière (huile sur toile ; 65 × 50 cm) ; Chazal et al. 2010-2011, op. cit. (note 2), p. 241. 5In canotto, vers 1874, Rome, Ministero della Pubblica Istruzione (huile sur toile ; dimensions non renseignées par les auteurs) ; Fiorani et Dinoia 1999-2000, op. cit. (note 1), sous le cat. n° 10, fig. 1. 6Ibid., cat. n° 10. 7Celui de la Pinacoteca Communale de Barlotta, inv. 999 (pointe sèche ; 180 × 240 mm) ; ibid.