Accueil Catalogues en ligne Art sur papier. Acquisitions récentes 59. Frans Lodewijk Pannekoek Né à Den Dolder en 1937 Autoportrait derrière la presse, 2005 Frans Lodewijk Pannekoek est un graveur néerlandais contemporain très bien représenté dans la collection de la Fondation Custodia, qui compte près de 800 estampes de sa main, tous sujets confondus : études de plantes et de petits animaux, portraits, paysages, vanités… Pourtant, le genre de l’autoportrait demeure quasi-absent de son corpus gravé : on ne connaît en plus de celui-ci qu’un Autoportrait au fusil, daté de 1976, le premier qu’il réalise1, ainsi qu’un autre daté de 1997, annoté Le regard vers le nord, dont la Fondation possède quatre états2. Dans ce dernier, il se représente de face, en cadrage serré, les verres de ses lunettes laissés en réserve de blanc, opaques, masquant paradoxalement ce regard même auquel se réfère l’inscription. Dans son Autoportrait en imprimeur de 20053, il opère une ellipse radicale en ne représentant que son visage, son bras et sa main tournant la manivelle de la presse, tandis que le contour des jambes est juste indiqué d’un trait léger. Ses lunettes, cette fois, sont tombées sur son nez, révélant son regard frontal, dirigé vers le spectateur. Sa main et son avant-bras semblent disproportionnés, tendus dans l’effort qui actionne la lourde presse. La représentation se concentre ainsi sur les trois concepts-clés de la création artistique : l’œil, la main, l’outil. Dans cette épreuve, l’artiste joue d’un ton de surface, qui brouille les contours et dissout partiellement les formes. Comme à son habitude, il porte également sur la plaque une inscription au sens mystérieux. Deux dessins préparatoires au graphite – un de la main droite sur la manivelle, l’autre du visage –, réalisés sur une double page d’un carnet de croquis4 entré dans la collection de la Fondation Custodia en 2007, permettent de mieux saisir la genèse de cet étonnant autoportrait gravé, qui résulte d’une sorte d’assemblage sur la plaque de ces deux éléments graphiques autonomes. Le dessin du visage, daté par l’artiste du 10 novembre 2005, est titré « GRABADOR 68 / [pa ?] el torculo » (le terme espagnol tórculo désigne une presse cylindrique) et également annoté « Dolores por / todas partes / [por ?] la noche » (« Douleurs partout [?] la nuit »). L’artiste consigne donc dans ce rapide autoportrait le ressenti physique de cette séance de travail : courbatures et fatigue. MNG 1Paris, Fondation Custodia, inv. 2011-P.62 (pointe sèche ; 68 × 76 mm). 2Paris, Fondation Custodia, inv. 1999-P.43-46 (pointe sèche ; 118 × 107 mm) ; Peter Schatborn, Frans Pannekoek, Prenten & Tekeningen, cat. exp., Amsterdam, Museum Het Rembrandthuis, et Paris, Institut Néerlandais, 2010-2011, p. 17, fig. 15 et note 32. 3La Fondation Custodia conserve trois autres tirages de cette estampe, inv. 2007-P.29, 2011-P.94 et 2011-P.96. 4Carnet de croquis dit « Cuaderno de Chroner II », daté de 2004-2005, inv. 2007-T.5 (in-8°, 62 fol.).
Frans Lodewijk Pannekoek est un graveur néerlandais contemporain très bien représenté dans la collection de la Fondation Custodia, qui compte près de 800 estampes de sa main, tous sujets confondus : études de plantes et de petits animaux, portraits, paysages, vanités… Pourtant, le genre de l’autoportrait demeure quasi-absent de son corpus gravé : on ne connaît en plus de celui-ci qu’un Autoportrait au fusil, daté de 1976, le premier qu’il réalise1, ainsi qu’un autre daté de 1997, annoté Le regard vers le nord, dont la Fondation possède quatre états2. Dans ce dernier, il se représente de face, en cadrage serré, les verres de ses lunettes laissés en réserve de blanc, opaques, masquant paradoxalement ce regard même auquel se réfère l’inscription. Dans son Autoportrait en imprimeur de 20053, il opère une ellipse radicale en ne représentant que son visage, son bras et sa main tournant la manivelle de la presse, tandis que le contour des jambes est juste indiqué d’un trait léger. Ses lunettes, cette fois, sont tombées sur son nez, révélant son regard frontal, dirigé vers le spectateur. Sa main et son avant-bras semblent disproportionnés, tendus dans l’effort qui actionne la lourde presse. La représentation se concentre ainsi sur les trois concepts-clés de la création artistique : l’œil, la main, l’outil. Dans cette épreuve, l’artiste joue d’un ton de surface, qui brouille les contours et dissout partiellement les formes. Comme à son habitude, il porte également sur la plaque une inscription au sens mystérieux. Deux dessins préparatoires au graphite – un de la main droite sur la manivelle, l’autre du visage –, réalisés sur une double page d’un carnet de croquis4 entré dans la collection de la Fondation Custodia en 2007, permettent de mieux saisir la genèse de cet étonnant autoportrait gravé, qui résulte d’une sorte d’assemblage sur la plaque de ces deux éléments graphiques autonomes. Le dessin du visage, daté par l’artiste du 10 novembre 2005, est titré « GRABADOR 68 / [pa ?] el torculo » (le terme espagnol tórculo désigne une presse cylindrique) et également annoté « Dolores por / todas partes / [por ?] la noche » (« Douleurs partout [?] la nuit »). L’artiste consigne donc dans ce rapide autoportrait le ressenti physique de cette séance de travail : courbatures et fatigue. MNG 1Paris, Fondation Custodia, inv. 2011-P.62 (pointe sèche ; 68 × 76 mm). 2Paris, Fondation Custodia, inv. 1999-P.43-46 (pointe sèche ; 118 × 107 mm) ; Peter Schatborn, Frans Pannekoek, Prenten & Tekeningen, cat. exp., Amsterdam, Museum Het Rembrandthuis, et Paris, Institut Néerlandais, 2010-2011, p. 17, fig. 15 et note 32. 3La Fondation Custodia conserve trois autres tirages de cette estampe, inv. 2007-P.29, 2011-P.94 et 2011-P.96. 4Carnet de croquis dit « Cuaderno de Chroner II », daté de 2004-2005, inv. 2007-T.5 (in-8°, 62 fol.).