61. Willem van Nieulandt II

Anvers 1584 – 1635 Amsterdam

Panorama du Tibre à Rome avec l’île Tibérine et le pont Æmilius, vers 1605-1610 (?)

Comme le déclare l’inscription en haut, ce grand panorama du Tibre à Rome avec l’île Tibérine et trois ponts antiques fut dédié par le dessinateur et graveur Willem van Nieulandt II à son ami Johannes de Cock (avant 1591–vers 1625/1626), autre peintre de paysages actif à Anvers. Arrivé à Rome en 1601, le jeune Van Nieulandt travailla pour quelque temps dans l’atelier de Paul Bril (1554–1626), le peintre nordique le plus éminent de la ville papale. En 1604, il rentra aux Pays-Bas, où on le retrouve à Amsterdam avant qu’il ne s’installe à Anvers1.

Les études sur lesquelles cette estampe de grand format était basée ont donc sans doute été faites entre 1601 et 1604, mais la gravure ne fut exécutée qu’après le retour de Van Nieulandt à Anvers2. À travers les trois planches se développe un panorama qui montre une partie du Tibre avec les ponts antiques reliant le Ghetto (dont quelques structures sont à peine visibles à l’extrême droite) à l’île Tibérine, et ensuite aux quartiers de Trastevere. Les légendes sous l’estampe indiquent succinctement les principaux monuments représentés : le pont Fabricius ou « Pont aux quatre têtes » à droite ; l’île Tibérine avec l’église de San Bartolomeo all’Isola ; le pont Cestius, et ensuite le quartier médiéval de Trastevere, au centre de l’image. Si Van Nieulandt représenta ces parties de son panorama assez fidèlement, il prit toutefois la liberté de rendre le pont Æmilius, reliant le Trastevere au Forum Boarium, dans un état de splendeur que cette ancienne construction ne connaissait plus de son temps : détruit à plusieurs reprises par des crues dévastatrices puis reconstruit, vers 1600 le pont ne consistait qu’en trois arches ne conduisant nulle part et était connu comme le ponte Rotto ou « pont brisé », nom que ses vestiges portent toujours3.

Suivant la tradition flamande, Van Nieulandt inclut plusieurs figures de genre dans cette vue urbaine, y compris des pêcheurs examinant leurs prises, et au centre, assis dans une petite barque, un dessinateur vu de dos : un autoportrait dissimulé ? Les légendes en trois langues suggèrent un public international pour cette estampe ambitieuse, dont toutefois on ne connaît à ce jour que très peu d’exemplaires4.

Carel van Tuyll van Serooskerken

1Pour la biographie de l’artiste, voir Jan Briels, Peintres flamands en Hollande au début du Siècle d’or, 1585-1630, Anvers, 1987.

2Willem Adriaan te Slaa, « Willem van Nieulandt II as Printmaker », Print Quarterly, vol. XXXI, 2014, p. 384, comparait le Panorama du Tibre avec les premières estampes de l’artiste, exécutées en 1605.

3Voir sur les ponts du Tibre : Cesare D’Onofrio, Il Tevere. L’Isola tiberina, le inondazioni, i molini, i porti, le rive, i muraglioni, i ponti di Roma, Rome, 1980, ainsi que le catalogue de l’exposition : Maria Catelli Isola et Enrichetta Beltrame-Quattrocchi, I ponti di Roma dalle collezioni del Gabinetto Nazionale delle Stampe, cat. exp. Rome (Villa Farnesina), 1975.

4Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-P-OB-70.894 et RP-P-1992-114, et Londres, The British Museum, inv. 1874,0808.2090.1-3