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65. Karel du Jardin

65. Karel du Jardin

Amsterdam 1626 – 1678 Venise

Garçon jouant du violon entouré de chiens (« Le Savoyard »), 1658

Les cinquante-deux estampes connues de Karel du Jardin ont probablement toutes été créées entre 1652 et 1660, pendant et peu après le premier voyage de l’artiste en Italie. Celles qui figurent des animaux semblent confirmer l’information de Arnold Houbraken, selon laquelle Du Jardin aurait été formé auprès de Nicolaes Berchem (1620–1683) à Haarlem. En outre, elles reflètent l’influence de l’œuvre de Paulus Potter (1625–1654) : le bétail au repos – ânes, chèvres, moutons et porcs – est toujours au centre de l’attention1. Les paysages italiens baignés de soleil témoignent de son voyage vers le sud, où il aurait vraisemblablement vu de ses propres yeux des ruines et des villages au sommet des collines.

Dans cette eau-forte, le seul motif est un garçon jouant du violon, entouré de trois chiens. À l’arrière-plan, on ne distingue qu’un mur et les façades de quelques maisons. Pourtant, l’atmosphère du lieu est méditerranéenne, et Du Jardin s’est attaché à suggérer la lumière et l’espace. En réservant certaines parties de sa plaque gravée, il donne l’impression que la chaude lumière du soleil y brille de tous ses feux. Les ombres sont diffuses, comme si elles ne pouvaient échapper complètement à la vive clarté. Dans l’ensemble, les traits de la pointe ont un aspect « filandreux », l’artiste cherchant peut-être un moyen de représenter non seulement la forte lumière visible, mais aussi la température palpable ; l’air vibrant de chaleur.

Dans les ouvrages de référence de Bartsch et Dutuit, ce petit joueur de violon est nommé « Le Savoyard ». Le titre remonte probablement au XVIIIe siècle, à l’époque où les hommes et les garçons de Savoie, obligés d’interrompre le travail pendant les mois d’hiver à cause du froid, partaient pour Paris et d’autres grandes villes afin d’y gagner leur pécule comme ramoneurs, saltimbanques ou musiciens de rue2. Le son d’un violon et le numéro de chien dansant devaient certainement attirer les passants et faire gagner quelques pièces. Il est pourtant probable que Du Jardin aurait voulu communiquer un tout autre message avec son estampe, en évoquant à travers l’animal dressé le leersucht (la « soif d’apprendre ») qui devrait animer la jeunesse. Le chien sert donc de métaphore, que l’artiste rend plus explicite encore en incluant deux autres canidés errants qui n’ont pas encore été éduqués3.

Maud van Suylen

1Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche schilders en schilderessen, vol. III, Amsterdam, 1721, p. 56.

2On sait que Jean-Antoine Watteau (1684–1721) et Jean-Baptiste Greuze (1725–1805), entre autres, ont pris pour sujet ces Savoyards.

3Eddy de Jongh et Ger Luijten, Mirror of Everyday Life. Genreprints from the Netherlands, 1550-1700, cat. exp. Amsterdam (Rijksmuseum), 1997, p. 327 ; les auteurs y font également référence au tableau de Du Jardin (TEFAF 2024, chez Agnews) dans lequel réapparaissent le garçon et le chien.