Accueil Catalogues en ligne Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870 66. Camille Corot (Paris 1796 – 1875 Paris) L’île et le pont de San Bartolomeo, Rome, 1825-1828 Figure essentielle dans l’histoire de la peinture de plein air, Corot exerça, de son vivant déjà, une influence non négligeable sur plusieurs générations de paysagistes. Dès 1845, il était placé par Baudelaire « à la tête de l’école moderne du paysage »1. Corot ne fut jamais inscrit à l’École des Beaux-Arts, mais les cours qu’il suivit auprès de Michallon et de Bertin l’encouragèrent à peindre en extérieur. Il finança son voyage à Rome de ses propres deniers et les études à l’huile ainsi que les petites peintures exécutées au cours de son premier séjour entre 1825 et 1828 comptent parmi ses œuvres les plus éminentes. Cette vue de l’île de San Bartolomeo en est un exemple emblématique. Le point de vue très bas adopté par l’artiste, qui travailla sans doute depuis un bateau amarré sur la rive nord du Tibre, confère au motif une monumentalité accrue. Avec une palette pourtant limitée, l’artiste parvient, par sa sensibilité aux jeux d’ombre et de lumière, à créer un agencement complexe de surfaces harmonieusement équilibrées, entre les eaux fangeuses du fleuve et la luminosité du ciel d’été. D’une remarquable modernité, la puissance des formes et le sens très affirmé de la géométrie anticipent les réalisations de Cézanne et du cubisme. 1Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1845, Paris, p.61.
Figure essentielle dans l’histoire de la peinture de plein air, Corot exerça, de son vivant déjà, une influence non négligeable sur plusieurs générations de paysagistes. Dès 1845, il était placé par Baudelaire « à la tête de l’école moderne du paysage »1. Corot ne fut jamais inscrit à l’École des Beaux-Arts, mais les cours qu’il suivit auprès de Michallon et de Bertin l’encouragèrent à peindre en extérieur. Il finança son voyage à Rome de ses propres deniers et les études à l’huile ainsi que les petites peintures exécutées au cours de son premier séjour entre 1825 et 1828 comptent parmi ses œuvres les plus éminentes. Cette vue de l’île de San Bartolomeo en est un exemple emblématique. Le point de vue très bas adopté par l’artiste, qui travailla sans doute depuis un bateau amarré sur la rive nord du Tibre, confère au motif une monumentalité accrue. Avec une palette pourtant limitée, l’artiste parvient, par sa sensibilité aux jeux d’ombre et de lumière, à créer un agencement complexe de surfaces harmonieusement équilibrées, entre les eaux fangeuses du fleuve et la luminosité du ciel d’été. D’une remarquable modernité, la puissance des formes et le sens très affirmé de la géométrie anticipent les réalisations de Cézanne et du cubisme. 1Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1845, Paris, p.61.