Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 72. Claude Gellée, dit le Lorrain Chamagne vers 1604 – 1682 Rome L’Apparition, vers 1630 À différents moments de sa vie, Claude Gellée se dédia à la gravure à l’eau-forte, avec des résultats souvent superbes. Ses premiers essais dans la gravure, vers 1630, furent sans doute stimulés par le marché florissant de l’imprimerie à Rome à cette époque, ainsi que par ses contacts avec certains de ses collègues nordiques du Schildersbent qui pratiquaient ce médium. Avec ses premières eaux-fortes, le Lorrain voulut atteindre un public plus large que celui qui commençait à s’intéresser, vers 1630, à ses paysages peints de petit format. Cette estampe, connue sous le titre L’Apparition, est sans doute l’une des toutes premières qu’il exécuta1. Le paysage boisé, encadré à droite par quelques grands arbres, avec une rivière sur la gauche qui s’incurve paisiblement vers l’horizon, ressemble au schéma des peintures de cette période. Dans une clairière, on aperçoit un homme à genoux, vêtu d’un habit monastique et les bras écartés ; une légère auréole (à peine visible) indique sa sainteté. Le saint tourne la tête vers l’ange qui lui est apparu sur un nuage et qui semble lui adresser la parole. Certains ont voulu voir ici saint François d’Assise, souvent représenté à cette époque en extase avec un ou plusieurs anges qui se manifestent à lui et le consolent, mais aucun attribut ni marque distinctive ne le confirme2. Même si ses estampes reprennent souvent des motifs qu’il avait introduits dans ses peintures, Claude Gellée concevait ses eaux-fortes comme des œuvres indépendantes et originales. Son approche de la technique est expérimentale ; par différentes méthodes innovantes, il chercha à améliorer les effets picturaux et tonals du médium. Son but était surtout de transmettre l’atmosphère vaporeuse qui entoure les formes du paysage. Le graphisme consiste ici en de petits traits et boucles délicats, superposés ou croisés, qui construisent les formes de la nature tout en évitant d’en tracer trop lourdement les contours. Carel van Tuyll van Serooskerken 1Lino Mannocci, The Etchings of Claude Lorrain, New Haven et Londres, 1988, n° 5. 2Voir Pamela Askew, « The Angelic Consolation of St. Francis of Assisi in Post-Tridentine Italian Painting », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. XXXII, 1969, p. 280-306.
À différents moments de sa vie, Claude Gellée se dédia à la gravure à l’eau-forte, avec des résultats souvent superbes. Ses premiers essais dans la gravure, vers 1630, furent sans doute stimulés par le marché florissant de l’imprimerie à Rome à cette époque, ainsi que par ses contacts avec certains de ses collègues nordiques du Schildersbent qui pratiquaient ce médium. Avec ses premières eaux-fortes, le Lorrain voulut atteindre un public plus large que celui qui commençait à s’intéresser, vers 1630, à ses paysages peints de petit format. Cette estampe, connue sous le titre L’Apparition, est sans doute l’une des toutes premières qu’il exécuta1. Le paysage boisé, encadré à droite par quelques grands arbres, avec une rivière sur la gauche qui s’incurve paisiblement vers l’horizon, ressemble au schéma des peintures de cette période. Dans une clairière, on aperçoit un homme à genoux, vêtu d’un habit monastique et les bras écartés ; une légère auréole (à peine visible) indique sa sainteté. Le saint tourne la tête vers l’ange qui lui est apparu sur un nuage et qui semble lui adresser la parole. Certains ont voulu voir ici saint François d’Assise, souvent représenté à cette époque en extase avec un ou plusieurs anges qui se manifestent à lui et le consolent, mais aucun attribut ni marque distinctive ne le confirme2. Même si ses estampes reprennent souvent des motifs qu’il avait introduits dans ses peintures, Claude Gellée concevait ses eaux-fortes comme des œuvres indépendantes et originales. Son approche de la technique est expérimentale ; par différentes méthodes innovantes, il chercha à améliorer les effets picturaux et tonals du médium. Son but était surtout de transmettre l’atmosphère vaporeuse qui entoure les formes du paysage. Le graphisme consiste ici en de petits traits et boucles délicats, superposés ou croisés, qui construisent les formes de la nature tout en évitant d’en tracer trop lourdement les contours. Carel van Tuyll van Serooskerken 1Lino Mannocci, The Etchings of Claude Lorrain, New Haven et Londres, 1988, n° 5. 2Voir Pamela Askew, « The Angelic Consolation of St. Francis of Assisi in Post-Tridentine Italian Painting », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. XXXII, 1969, p. 280-306.