Accueil Catalogues en ligne Art sur papier. Acquisitions récentes 76. Jan van der Meer l’Ancien Haarlem 1628 – 1691 Haarlem Paysage avec une auberge, au bord d’une route boisée Ce dessin a joué un rôle essentiel dans l’identification d’un groupe de paysages anonymes, que Jeroen Giltaij appela le « Problem Group 1 » dans son article sur les dessins de Jacob van Ruisdael (1628/29-1682) en 19801. Plus récemment, on a rapproché la feuille d’un tableau signé qui représente la même auberge avec un toit partiellement en chaume, au bord d’une route boisée, par l’artiste paysagiste hollandais Jan van der Meer l’Ancien, connu aussi sous le nom de Jan Vermeer van Haarlem2. Cet artiste, relativement peu connu, s’est formé auprès de l’artiste paysagiste Jacob de Wet l’Aîné (vers 1610-1677/91) à Haarlem, où il est devenu membre de la guilde des peintres en 1654. Il a dû connaître Ruisdael, qui avait le même âge et a travaillé à Haarlem entre la fin des années 1640 et le milieu des années 1650. On constate une nette ressemblance entre les dessins du groupe problématique et les feuilles à la pierre noire rehaussée de lavis gris de Ruisdael, produites pendant ses années à Haarlem3. L’emploi de la pierre noire en particulier est similaire dans des dessins de Ruisdael de cette époque, notamment les lignes étirées en zigzag pour rendre le feuillage et les traits horizontaux esquissés rapidement pour suggérer des nuages. Même si les différences sont minimes, c’est à juste titre que Giltaij a distingué deux mains différentes. Confrontés aux feuilles de Ruisdael, dessinées avec aisance, le Paysage avec une auberge, au bord d’une route boisée et les autres dessins du groupe problématique sont esquissés de façon plus schématique. Cela ne rend ces dessins nullement moins intéressants, au contraire : notre feuille est un paysage merveilleusement atmosphérique, grâce au rendu magistral de la lumière et de l’ombre au moyen du lavis gris. Elle représente une route boisée avec une auberge, que le panneau au-dessus de la porte permet d’identifier comme telle. À droite, une barrière mène à un champ ouvert avec au loin des maisons et des dunes. Comme Ruisdael, l’artiste a sans doute été inspiré par les paysages de la ville de Haarlem et ses environs. Un autre dessin du groupe problématique offre d’ailleurs une vue de Haarlem4. L’auberge était peut-être « De Stinkende Emmer », une célèbre étape sur la route entre Zandvoort et Haarlem, qui existe encore de nos jours5. C’est ici, que se reposaient les femmes de pêcheurs après une journée épuisante à transporter à travers les dunes des seaux remplis de poissons fraîchement pêchés jusqu’au marché de Haarlem. Elles laissaient leurs seaux vides à l’extérieur – sans doute par hygiène – habitude qui donna son nom à l’auberge : le « seau puant ». Plutôt qu’une étude préparatoire pour le tableau comme le suggère Giltaij, le dessin actuel peut aussi avoir été conçu comme une œuvre d’art autonome. Dans le tableau, la composition n’a pas été reprise exactement, et plusieurs éléments, tels que la cheminée à gradins, la clôture en bois, et la barrière près de l’auberge, ne figurent pas dans le dessin. Néanmoins, la récente découverte prouve le rapport entre le Paysage avec une auberge, au bord d’une route boisée et l’œuvre de Van der Meer. Le groupe problématique lui est aujourd’hui entièrement attribué et les feuilles sont probablement à dater de 1650-1660. Le filigrane, que l’on trouve également dans le papier des trois autres dessins de l’artiste, est traçable dès 16456. MR 1Jeroen Giltaij, « Tekeningen van Jacob Ruisdael », Oud Holland, XCIV, 1980, n° 2/3, p. 177-178. 2Localisation inconnue (huile sur toile ; 81,9 × 84,4 cm) ; Jeroen Giltaij, « Tekeningen van Jan (I) van der Meer van Haarlem », Oud Holland, CXXII, 2009, n° 2/3, p. 151-152, fig. 8. 3Giltaij 1980, op. cit. (note 1), p. 148-149 ; et Seymour Slive, Jacob van Ruisdael : A Complete Catalogue of His Paintings, Drawings and Etchings, New Haven, 2001, p. 493-524, nos D1-D43, repr. 4Paris, Musée du Louvre, inv. 23017 (pierre noire, rehauts de lavis gris ; 164 × 239 mm) ; Frits Lugt, Musée du Louvre. Inventaire général des dessins des écoles du nord : École hollandaise, 3 vol., Paris, 1929-1933, vol. II, n° 670, repr., comme « Jacob van Ruisdael » ; Slive 2001, op. cit. (note 3), p. 686 ; n° dubD36, repr., comme « anonyme » ; http://arts-graphiques.louvre.fr. 5Aujourd’hui l’auberge est un café-restaurant, connu sous le nom de ‘t Wapen van Kennemerland. 6Theo Laurentius et Frans Laurentius, Watermarks 1600-1650 in the Zeeland archives, Houten, 2007, nos 648-660.
Ce dessin a joué un rôle essentiel dans l’identification d’un groupe de paysages anonymes, que Jeroen Giltaij appela le « Problem Group 1 » dans son article sur les dessins de Jacob van Ruisdael (1628/29-1682) en 19801. Plus récemment, on a rapproché la feuille d’un tableau signé qui représente la même auberge avec un toit partiellement en chaume, au bord d’une route boisée, par l’artiste paysagiste hollandais Jan van der Meer l’Ancien, connu aussi sous le nom de Jan Vermeer van Haarlem2. Cet artiste, relativement peu connu, s’est formé auprès de l’artiste paysagiste Jacob de Wet l’Aîné (vers 1610-1677/91) à Haarlem, où il est devenu membre de la guilde des peintres en 1654. Il a dû connaître Ruisdael, qui avait le même âge et a travaillé à Haarlem entre la fin des années 1640 et le milieu des années 1650. On constate une nette ressemblance entre les dessins du groupe problématique et les feuilles à la pierre noire rehaussée de lavis gris de Ruisdael, produites pendant ses années à Haarlem3. L’emploi de la pierre noire en particulier est similaire dans des dessins de Ruisdael de cette époque, notamment les lignes étirées en zigzag pour rendre le feuillage et les traits horizontaux esquissés rapidement pour suggérer des nuages. Même si les différences sont minimes, c’est à juste titre que Giltaij a distingué deux mains différentes. Confrontés aux feuilles de Ruisdael, dessinées avec aisance, le Paysage avec une auberge, au bord d’une route boisée et les autres dessins du groupe problématique sont esquissés de façon plus schématique. Cela ne rend ces dessins nullement moins intéressants, au contraire : notre feuille est un paysage merveilleusement atmosphérique, grâce au rendu magistral de la lumière et de l’ombre au moyen du lavis gris. Elle représente une route boisée avec une auberge, que le panneau au-dessus de la porte permet d’identifier comme telle. À droite, une barrière mène à un champ ouvert avec au loin des maisons et des dunes. Comme Ruisdael, l’artiste a sans doute été inspiré par les paysages de la ville de Haarlem et ses environs. Un autre dessin du groupe problématique offre d’ailleurs une vue de Haarlem4. L’auberge était peut-être « De Stinkende Emmer », une célèbre étape sur la route entre Zandvoort et Haarlem, qui existe encore de nos jours5. C’est ici, que se reposaient les femmes de pêcheurs après une journée épuisante à transporter à travers les dunes des seaux remplis de poissons fraîchement pêchés jusqu’au marché de Haarlem. Elles laissaient leurs seaux vides à l’extérieur – sans doute par hygiène – habitude qui donna son nom à l’auberge : le « seau puant ». Plutôt qu’une étude préparatoire pour le tableau comme le suggère Giltaij, le dessin actuel peut aussi avoir été conçu comme une œuvre d’art autonome. Dans le tableau, la composition n’a pas été reprise exactement, et plusieurs éléments, tels que la cheminée à gradins, la clôture en bois, et la barrière près de l’auberge, ne figurent pas dans le dessin. Néanmoins, la récente découverte prouve le rapport entre le Paysage avec une auberge, au bord d’une route boisée et l’œuvre de Van der Meer. Le groupe problématique lui est aujourd’hui entièrement attribué et les feuilles sont probablement à dater de 1650-1660. Le filigrane, que l’on trouve également dans le papier des trois autres dessins de l’artiste, est traçable dès 16456. MR 1Jeroen Giltaij, « Tekeningen van Jacob Ruisdael », Oud Holland, XCIV, 1980, n° 2/3, p. 177-178. 2Localisation inconnue (huile sur toile ; 81,9 × 84,4 cm) ; Jeroen Giltaij, « Tekeningen van Jan (I) van der Meer van Haarlem », Oud Holland, CXXII, 2009, n° 2/3, p. 151-152, fig. 8. 3Giltaij 1980, op. cit. (note 1), p. 148-149 ; et Seymour Slive, Jacob van Ruisdael : A Complete Catalogue of His Paintings, Drawings and Etchings, New Haven, 2001, p. 493-524, nos D1-D43, repr. 4Paris, Musée du Louvre, inv. 23017 (pierre noire, rehauts de lavis gris ; 164 × 239 mm) ; Frits Lugt, Musée du Louvre. Inventaire général des dessins des écoles du nord : École hollandaise, 3 vol., Paris, 1929-1933, vol. II, n° 670, repr., comme « Jacob van Ruisdael » ; Slive 2001, op. cit. (note 3), p. 686 ; n° dubD36, repr., comme « anonyme » ; http://arts-graphiques.louvre.fr. 5Aujourd’hui l’auberge est un café-restaurant, connu sous le nom de ‘t Wapen van Kennemerland. 6Theo Laurentius et Frans Laurentius, Watermarks 1600-1650 in the Zeeland archives, Houten, 2007, nos 648-660.