Accueil Catalogues en ligne Art sur papier. Acquisitions récentes 80. Jan Baptist Weenix Amsterdam 1621 – 1660/61 Huis ter Mey, près d’Utrecht Paysage italianisant avec des bergers près d’un pont naturel Jan Baptist Weenix suit l’exemple de nombre d’artistes hollandais avant lui et se rend en Italie1, en promettant à sa famille de ne pas s’absenter plus de quatre mois. Sa malheureuse femme et son nouveau-né seront fort déçus car l’artiste s’absentera pendant quatre ans. Entre 1643 et 1646 Weenix séjourne à Rome, où il rejoint la Schildersbent (la Société des Artistes nordiques à Rome), qui le surnomme Ratel (« Hochet »), en raison d’un défaut d’élocution qui affectait le peintre. Cette absence prolongée s’explique sans doute par le succès qu’il obtient dans la Ville Ėternelle, où il travaille pour le cardinal Camillo Francesco Maria Pamphili (1622-1666) et son oncle Giovanni Battista Pamphili (1574-1655), devenu Pape Innocent X en 1644. Weenix est de retour à Amsterdam en 1647, mais deux ans plus tard il s’installe à Utrecht. Là, il est élu officier dans la guilde de Saint-Luc, aux côtés des paysagistes italianisants Jan Both (1618/22-1652) et Cornelis Poelenburch (1594/95-1667). Puisant son inspiration dans son séjour en Italie, Weenix peindra toute sa vie des ports méditerranéens et des vues de la campagna romaine. Il est également réputé pour ses tableaux d’histoire, de genre, ses natures mortes, et même ses portraits. Les dessins à la sanguine, médium rarement employé par les artistes italianisants2, constituent une part considérable de son œuvre. Les motifs de ces dessins (le plus souvent des paysages italiens avec des ruines, des ports et des vues de villes), le trait enlevé de la sanguine, et le rendu naturaliste de la lumière laissent supposer une exécution d’après nature3. Certains dessins, cependant, présentent un aspect plus fini, ce qui laisse penser qu’ils furent achevés dans un second temps, voire entièrement créés dans l’atelier4. C’est, semble-t-il, le cas de notre feuille. Elle montre un paysage rocheux avec un pont naturel, creusé par la cascade à pic qui s’écoule en-dessous. Ses eaux impétueuses sont rendues par de larges hachures verticales, dans la manière caractéristique de Weenix. Des formations rocheuses similaires, avec des arbres, des arbustes et des branches en surplomb figurent dans un dessin signé conservé à la Staatliche Graphische Sammlung à Munich5. Cette feuille est plus esquissée, moins détaillée que le Paysage italianisant avec bergers de la Fondation Custodia ; elle a donc probablement été entièrement faite sur le motif. La scène d’ensemble de notre feuille paraît moins spontanée, articulée par le repoussoir pesant sur la gauche et l’élément anecdotique des deux chevriers reposant auprès de leurs animaux. MR 1Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche kunstschilders en schilderessen, 3 vol., Amsterdam, 1718-1721, vol. I, p. 78. 2Peter Schatborn, Drawn to Warmth. 17th-century Dutch Artists in Italy, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 2001, p. 114-115. 3Pour un aperçu des œuvres de Weenix faites en Italie voir Anne-Charlotte Steland, « Jan Baptist Weenix in Rom – 1643 bis 1647 », Niederdeutsche Beiträge zur Kunstgeschichte, XXXIII, 1994, p. 87-112. 4Par exemple un dessin à Weimar, Klassik Stiftung, inv. KK 5638 (sanguine ; 306 × 189 mm) ; Bob van den Boogert et al., Goethe & Rembrandt. Tekeningen uit Weimar, cat. exp., Amsterdam, Museum Het Rembrandthuis, 1999, p. 118-119, repr. 5Munich, Staatliche Graphische Sammlung, inv. 1946 (sanguine ; 293 × 195 mm) ; Schatborn 2001, op. cit. (note 2), p. 114, fig. H.
Jan Baptist Weenix suit l’exemple de nombre d’artistes hollandais avant lui et se rend en Italie1, en promettant à sa famille de ne pas s’absenter plus de quatre mois. Sa malheureuse femme et son nouveau-né seront fort déçus car l’artiste s’absentera pendant quatre ans. Entre 1643 et 1646 Weenix séjourne à Rome, où il rejoint la Schildersbent (la Société des Artistes nordiques à Rome), qui le surnomme Ratel (« Hochet »), en raison d’un défaut d’élocution qui affectait le peintre. Cette absence prolongée s’explique sans doute par le succès qu’il obtient dans la Ville Ėternelle, où il travaille pour le cardinal Camillo Francesco Maria Pamphili (1622-1666) et son oncle Giovanni Battista Pamphili (1574-1655), devenu Pape Innocent X en 1644. Weenix est de retour à Amsterdam en 1647, mais deux ans plus tard il s’installe à Utrecht. Là, il est élu officier dans la guilde de Saint-Luc, aux côtés des paysagistes italianisants Jan Both (1618/22-1652) et Cornelis Poelenburch (1594/95-1667). Puisant son inspiration dans son séjour en Italie, Weenix peindra toute sa vie des ports méditerranéens et des vues de la campagna romaine. Il est également réputé pour ses tableaux d’histoire, de genre, ses natures mortes, et même ses portraits. Les dessins à la sanguine, médium rarement employé par les artistes italianisants2, constituent une part considérable de son œuvre. Les motifs de ces dessins (le plus souvent des paysages italiens avec des ruines, des ports et des vues de villes), le trait enlevé de la sanguine, et le rendu naturaliste de la lumière laissent supposer une exécution d’après nature3. Certains dessins, cependant, présentent un aspect plus fini, ce qui laisse penser qu’ils furent achevés dans un second temps, voire entièrement créés dans l’atelier4. C’est, semble-t-il, le cas de notre feuille. Elle montre un paysage rocheux avec un pont naturel, creusé par la cascade à pic qui s’écoule en-dessous. Ses eaux impétueuses sont rendues par de larges hachures verticales, dans la manière caractéristique de Weenix. Des formations rocheuses similaires, avec des arbres, des arbustes et des branches en surplomb figurent dans un dessin signé conservé à la Staatliche Graphische Sammlung à Munich5. Cette feuille est plus esquissée, moins détaillée que le Paysage italianisant avec bergers de la Fondation Custodia ; elle a donc probablement été entièrement faite sur le motif. La scène d’ensemble de notre feuille paraît moins spontanée, articulée par le repoussoir pesant sur la gauche et l’élément anecdotique des deux chevriers reposant auprès de leurs animaux. MR 1Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche kunstschilders en schilderessen, 3 vol., Amsterdam, 1718-1721, vol. I, p. 78. 2Peter Schatborn, Drawn to Warmth. 17th-century Dutch Artists in Italy, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 2001, p. 114-115. 3Pour un aperçu des œuvres de Weenix faites en Italie voir Anne-Charlotte Steland, « Jan Baptist Weenix in Rom – 1643 bis 1647 », Niederdeutsche Beiträge zur Kunstgeschichte, XXXIII, 1994, p. 87-112. 4Par exemple un dessin à Weimar, Klassik Stiftung, inv. KK 5638 (sanguine ; 306 × 189 mm) ; Bob van den Boogert et al., Goethe & Rembrandt. Tekeningen uit Weimar, cat. exp., Amsterdam, Museum Het Rembrandthuis, 1999, p. 118-119, repr. 5Munich, Staatliche Graphische Sammlung, inv. 1946 (sanguine ; 293 × 195 mm) ; Schatborn 2001, op. cit. (note 2), p. 114, fig. H.