Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 88. Adam Pijnacker Schiedam 1620/1621 – 1673 Amsterdam Paysage boisé avec des bergers conduisant une vache, vers 1660-1670 Les peintres hollandais à qui l’on donna le surnom d’Italianisants, dont Adam Pijnacker faisait partie, se sont plu à reconstruire des paysages vallonnés méditerranéens baignés d’une lumière dorée, en les agrémentant de références à l’Antiquité classique, de bergers et de bétail. Selon son biographe Arnold Houbraken (1660–1719), Pijnacker aurait séjourné trois ans en Italie, où il s’exerça « afin de perfectionner son art en travaillant d’après les meilleurs motifs [...] dessinant et peignant assidument d’après nature1 ». Ce séjour date probablement des années 1645-1648. À son retour, pendant le quart de siècle qui précéda sa mort, Pijnacker continua à réaliser des paysages italianisants, en brodant sur des motifs qu’il avait étudiés en Italie. Sa spécialité était un soleil bas avec des effets de contre-jour. Il savait envelopper les arbres et les repoussoirs de ses premiers plans d’une lumière rasante. Par conséquent, les autres parties restent plus sombres. Son arbre préféré était le bouleau. Un arbre des pays froids, mais qui, par la lumière étincelante sur son tronc blanc, fournit un élément très effectif dans un paysage ensoleillé. Il faut convenir que Pijnacker, malgré son répertoire limité, ne se répéta jamais. Chacune de ses compositions est originale. Dans le tableau de la Fondation Custodia, le premier plan est sombre car la lumière du soleil bas n’atteint pas la mare profonde. Les arbres du premier plan, dont un bouleau, présentent quelques branches fraîchement cassées, certaines flottant dans l’eau. La composition est fermée sur la gauche. À droite, une échappée vers le ciel se forme à l’endroit où le soleil perce à travers les nuages de pluie qui s’amoncellent. De cette manière, une douce lumière du soir effleure les parties basses des collines. Les troncs des arbres et les branches mortes qui se détachent du ciel sont vivement éclairés à droite, comme s’ils étaient encore mouillés par une averse. En vieillissant, Frits Lugt s’intéressa de plus en plus aux Italianisants. En 1949, il fit l’acquisition d’un tableau de Jan Both (1618–1652)2, suivi d’autres de Karel Dujardin (1626–1678), de Jan Asselijn (vers 1610–1652), d’un de Albert Cuyp d’un aspect très méridional, de Bartholomeüs Breenbergh (1598–1657) et de Nicolaes Berchem (1620–1683)3. Son successeur Carlos van Hasselt compléta cet ensemble par un Cornelis van Poelenburch (1595/1596–1667), un Willem Romeyn (vers 1624–1695 ou après) et un Herman van Swanevelt (1603–1655)4. Lorsque l’occasion se présenta en 2014, Ger Luijten choisit d’enrichir cette série du maître manquant. Le panneau inédit, relativement petit, peut être daté de la dernière période de Pijnacker, les années 16605. Quoiqu’il se soit quelque peu obscurci avec le temps, il peut être considéré comme un spécimen accompli et éclatant de la peinture italianisante des Pays-Bas. Arjan de Koomen 1« Om zyn Konst naar brave voorbeelden voort te zetten, welke tyd hy yverig zoo met naar het leven te teekenen, als te schilderen heeft waar genomen » ; Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche schilders en schilderessen, Amsterdam, 1719, vol. II, p. 96. 2Inv. 6040. 3Il acquit le tableau de Dujardin (inv. 6462) en 1951, celui d’Asselijn (inv. 6611) et celui de Cuyp (inv. 6608) en 1953, celui de Breenbergh (inv. 7529) en 1961 et celui de Berchem (inv. 7670) en 1962. 4En 1974 pour le Van Poelenburch (inv. 1974-S.1), en 1975 pour le Romeyn (inv. 1975-S.3) et en 1977 pour le Van Swanevelt (inv. 1977-S.1). 5Sur l’évolution stylistique de Pijnacker, voir la monographie et le catalogue raisonné de Laurie Harwood, Adam Pijnacker, Doornspijk, 1988. Le tableau de la Fondation Custodia n’y figure pas. Dans les quinze dernières années de la vie de Pijnacker, les arbres au premier plan devinrent plus dominants. Il existe d’autres exemples dans son œuvre datés de cette époque dans lesquels le ciel est dramatisé et où la nature occupe seule le premier plan, sans figures ni animaux, tel le paysage conservé au Musée de la Ville de Bruxelles (inv. 195), que Harwood date d’environ 1665 (n° 73, repr.). 6D’après le cat. de la vente, Londres (Sotheby’s), 2 mai 2012, n° 76.
Les peintres hollandais à qui l’on donna le surnom d’Italianisants, dont Adam Pijnacker faisait partie, se sont plu à reconstruire des paysages vallonnés méditerranéens baignés d’une lumière dorée, en les agrémentant de références à l’Antiquité classique, de bergers et de bétail. Selon son biographe Arnold Houbraken (1660–1719), Pijnacker aurait séjourné trois ans en Italie, où il s’exerça « afin de perfectionner son art en travaillant d’après les meilleurs motifs [...] dessinant et peignant assidument d’après nature1 ». Ce séjour date probablement des années 1645-1648. À son retour, pendant le quart de siècle qui précéda sa mort, Pijnacker continua à réaliser des paysages italianisants, en brodant sur des motifs qu’il avait étudiés en Italie. Sa spécialité était un soleil bas avec des effets de contre-jour. Il savait envelopper les arbres et les repoussoirs de ses premiers plans d’une lumière rasante. Par conséquent, les autres parties restent plus sombres. Son arbre préféré était le bouleau. Un arbre des pays froids, mais qui, par la lumière étincelante sur son tronc blanc, fournit un élément très effectif dans un paysage ensoleillé. Il faut convenir que Pijnacker, malgré son répertoire limité, ne se répéta jamais. Chacune de ses compositions est originale. Dans le tableau de la Fondation Custodia, le premier plan est sombre car la lumière du soleil bas n’atteint pas la mare profonde. Les arbres du premier plan, dont un bouleau, présentent quelques branches fraîchement cassées, certaines flottant dans l’eau. La composition est fermée sur la gauche. À droite, une échappée vers le ciel se forme à l’endroit où le soleil perce à travers les nuages de pluie qui s’amoncellent. De cette manière, une douce lumière du soir effleure les parties basses des collines. Les troncs des arbres et les branches mortes qui se détachent du ciel sont vivement éclairés à droite, comme s’ils étaient encore mouillés par une averse. En vieillissant, Frits Lugt s’intéressa de plus en plus aux Italianisants. En 1949, il fit l’acquisition d’un tableau de Jan Both (1618–1652)2, suivi d’autres de Karel Dujardin (1626–1678), de Jan Asselijn (vers 1610–1652), d’un de Albert Cuyp d’un aspect très méridional, de Bartholomeüs Breenbergh (1598–1657) et de Nicolaes Berchem (1620–1683)3. Son successeur Carlos van Hasselt compléta cet ensemble par un Cornelis van Poelenburch (1595/1596–1667), un Willem Romeyn (vers 1624–1695 ou après) et un Herman van Swanevelt (1603–1655)4. Lorsque l’occasion se présenta en 2014, Ger Luijten choisit d’enrichir cette série du maître manquant. Le panneau inédit, relativement petit, peut être daté de la dernière période de Pijnacker, les années 16605. Quoiqu’il se soit quelque peu obscurci avec le temps, il peut être considéré comme un spécimen accompli et éclatant de la peinture italianisante des Pays-Bas. Arjan de Koomen 1« Om zyn Konst naar brave voorbeelden voort te zetten, welke tyd hy yverig zoo met naar het leven te teekenen, als te schilderen heeft waar genomen » ; Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche schilders en schilderessen, Amsterdam, 1719, vol. II, p. 96. 2Inv. 6040. 3Il acquit le tableau de Dujardin (inv. 6462) en 1951, celui d’Asselijn (inv. 6611) et celui de Cuyp (inv. 6608) en 1953, celui de Breenbergh (inv. 7529) en 1961 et celui de Berchem (inv. 7670) en 1962. 4En 1974 pour le Van Poelenburch (inv. 1974-S.1), en 1975 pour le Romeyn (inv. 1975-S.3) et en 1977 pour le Van Swanevelt (inv. 1977-S.1). 5Sur l’évolution stylistique de Pijnacker, voir la monographie et le catalogue raisonné de Laurie Harwood, Adam Pijnacker, Doornspijk, 1988. Le tableau de la Fondation Custodia n’y figure pas. Dans les quinze dernières années de la vie de Pijnacker, les arbres au premier plan devinrent plus dominants. Il existe d’autres exemples dans son œuvre datés de cette époque dans lesquels le ciel est dramatisé et où la nature occupe seule le premier plan, sans figures ni animaux, tel le paysage conservé au Musée de la Ville de Bruxelles (inv. 195), que Harwood date d’environ 1665 (n° 73, repr.). 6D’après le cat. de la vente, Londres (Sotheby’s), 2 mai 2012, n° 76.