Accueil Catalogues en ligne Art sur papier. Acquisitions récentes 15. Dirck Volckertszoon Coornhert (d’après Willem Thibaut) Amsterdam 1522 – 1590 Gouda Cupidité et Avarice Le regard plein de convoitise, un vieil avare prend la bourse des pattes d’un loup ailé, symbole de la cupidité et de l’avarice. Sur le sol, la balance de la justice est piétinée par l’homme et l’animal. Du bras droit, le vieillard tient enlacé un diable aux yeux bandés, armé d’un carquois sur le dos, qui lui enfonce un bonnet de fou (symbole de son idiotie) sur la tête. Sa cupidité, symbolisée par les pièces dispersées sur la table et la cassette sur laquelle il est assis, l’a mené aux pires extrémités : il a vendu son âme au diable en échange de cette bourse et le diable extrait maintenant de sa propre main le cœur de sa poitrine. La scène est tirée d’un des livres de l’Ancien Testament, le Siracide, ou Ecclésiastique, considéré comme apocryphe par les protestants. Selon la légende inscrite en latin (Ecclésiastique 10:10), l’amour de l’argent conduit à l’idolâtrie, car même l’avare accepte de vendre son âme1. Au XVIIe siècle, au cours duquel l’usage et le pouvoir de l’argent ont considérablement augmenté, peintres et écrivains mettaient fréquemment en garde contre les dangers de la cupidité2. Dirck Volkertsz. Coornhert, qui en plus d’être graveur, était un philosophe et homme de lettres renommé, dénonçait ce pêché capital dans ses œuvres. Outre deux pièces de théâtre, il a réalisé deux séries d’estampes qui illustrent ces méfaits3. On sait qu’il avait l’habitude de confier à d’autres le soin de lui fournir des projets d’estampes, mais il ne fait pas de doute qu’il a été l’initiateur de telles séries. Son travail de graveur représentait une source de revenus en même temps qu’un moyen de diffuser ses idées. Cupidité et Avarice fait partie d’un groupe de six illustrations de la sottise humaine gravées par Coornhert d’après des projets du peintre verrier de Haarlem Willem Thibaut (1524/26-1597)4. Deux estampes de ce groupe, portant les signatures de Thibaut et Coornhert, sont datées de 1556 et 1557. Notre estampe n’est pas datée et présente un format beaucoup plus grand que les autres feuilles du groupe. La scène principale est de surcroît enchâssée dans un cadre au riche décor, qui rappelle les estampes d’ornement de Hans Vredeman de Vries (1527-1609) et Jacob Floris (1524-1581)5. Sur le bord supérieur, la personnification de la Tromperie, affublée d’un masque pour dissimuler son vrai visage démoniaque. Elle tient dans chacune de ses mains une canne à pêche ; au bout de celles-ci pendent des appâts constitués de bourses et d’un livre renfermant des connaissances trompeuses ou erronées. Un savant et trois pêcheurs n’ont pas su résister à la tentation et ont mordu aux hameçons. Les épreuves tirées de cette estampe sont exceptionnellement rares6. L’exemplaire de la Fondation Custodia est de grande qualité et possède incontestablement la fraîcheur des premiers tirages. Les fines lignes de construction que Coornhert a tracées à la pointe sèche avant d’attaquer sa composition au burin, sont encore clairement visibles à certains endroits. Sur le verso, on distingue les traces d’encre qu’y a laissées par contact le recto une autre estampe. MR 1Ilja M. Veldman dans Joris van Grieken, Ger Luijten et Jan van der Stock (éd.), Hiermonymus Cock : la gravure à la Renaissance, cat. exp., Louvain, M – Museum Leuven, et Paris, Fondation Custodia, 2013, p. 210. 2Ilja M. Veldman, De Wereld tussen Goed en Kwaad. Late prenten van Coornhert, La Haye, 1990, p. 57 3Ibid., p. 57. 4Ilja M. Veldman, « Leerzame dwaasheid. De invloed van het Sotten schip (1548) op zottenvoorstellingen van Maarten van Heemskerck en Willem Thibaut », Nederlands Kunsthistorisch Jaarboek, 37, 1986, p. 207-215, fig. 13-15, 20 et 21. 5Cf. Van Grieken et al. 2013, op. cit. (note 1), p. 288-289, cat. n° 79 ; C.-P. Warncke, « Bild, Wort und Dekor. Zu einer Kartuschenfolge von Hans Liefrinck aus dem Jahre 1556 », Imprimatur, 12, 1987, p. 63-79. 6Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-P-BI-6555X ; New York, Metropolitan Museum of Art, inv. 55.590.21 ; et Bruxelles, Royal Library of Belgium, inv. S.V 89186 ; https://www.rijksmuseum.nl/nl/zoeken et https://www.metmuseum.org/art/collection.
Le regard plein de convoitise, un vieil avare prend la bourse des pattes d’un loup ailé, symbole de la cupidité et de l’avarice. Sur le sol, la balance de la justice est piétinée par l’homme et l’animal. Du bras droit, le vieillard tient enlacé un diable aux yeux bandés, armé d’un carquois sur le dos, qui lui enfonce un bonnet de fou (symbole de son idiotie) sur la tête. Sa cupidité, symbolisée par les pièces dispersées sur la table et la cassette sur laquelle il est assis, l’a mené aux pires extrémités : il a vendu son âme au diable en échange de cette bourse et le diable extrait maintenant de sa propre main le cœur de sa poitrine. La scène est tirée d’un des livres de l’Ancien Testament, le Siracide, ou Ecclésiastique, considéré comme apocryphe par les protestants. Selon la légende inscrite en latin (Ecclésiastique 10:10), l’amour de l’argent conduit à l’idolâtrie, car même l’avare accepte de vendre son âme1. Au XVIIe siècle, au cours duquel l’usage et le pouvoir de l’argent ont considérablement augmenté, peintres et écrivains mettaient fréquemment en garde contre les dangers de la cupidité2. Dirck Volkertsz. Coornhert, qui en plus d’être graveur, était un philosophe et homme de lettres renommé, dénonçait ce pêché capital dans ses œuvres. Outre deux pièces de théâtre, il a réalisé deux séries d’estampes qui illustrent ces méfaits3. On sait qu’il avait l’habitude de confier à d’autres le soin de lui fournir des projets d’estampes, mais il ne fait pas de doute qu’il a été l’initiateur de telles séries. Son travail de graveur représentait une source de revenus en même temps qu’un moyen de diffuser ses idées. Cupidité et Avarice fait partie d’un groupe de six illustrations de la sottise humaine gravées par Coornhert d’après des projets du peintre verrier de Haarlem Willem Thibaut (1524/26-1597)4. Deux estampes de ce groupe, portant les signatures de Thibaut et Coornhert, sont datées de 1556 et 1557. Notre estampe n’est pas datée et présente un format beaucoup plus grand que les autres feuilles du groupe. La scène principale est de surcroît enchâssée dans un cadre au riche décor, qui rappelle les estampes d’ornement de Hans Vredeman de Vries (1527-1609) et Jacob Floris (1524-1581)5. Sur le bord supérieur, la personnification de la Tromperie, affublée d’un masque pour dissimuler son vrai visage démoniaque. Elle tient dans chacune de ses mains une canne à pêche ; au bout de celles-ci pendent des appâts constitués de bourses et d’un livre renfermant des connaissances trompeuses ou erronées. Un savant et trois pêcheurs n’ont pas su résister à la tentation et ont mordu aux hameçons. Les épreuves tirées de cette estampe sont exceptionnellement rares6. L’exemplaire de la Fondation Custodia est de grande qualité et possède incontestablement la fraîcheur des premiers tirages. Les fines lignes de construction que Coornhert a tracées à la pointe sèche avant d’attaquer sa composition au burin, sont encore clairement visibles à certains endroits. Sur le verso, on distingue les traces d’encre qu’y a laissées par contact le recto une autre estampe. MR 1Ilja M. Veldman dans Joris van Grieken, Ger Luijten et Jan van der Stock (éd.), Hiermonymus Cock : la gravure à la Renaissance, cat. exp., Louvain, M – Museum Leuven, et Paris, Fondation Custodia, 2013, p. 210. 2Ilja M. Veldman, De Wereld tussen Goed en Kwaad. Late prenten van Coornhert, La Haye, 1990, p. 57 3Ibid., p. 57. 4Ilja M. Veldman, « Leerzame dwaasheid. De invloed van het Sotten schip (1548) op zottenvoorstellingen van Maarten van Heemskerck en Willem Thibaut », Nederlands Kunsthistorisch Jaarboek, 37, 1986, p. 207-215, fig. 13-15, 20 et 21. 5Cf. Van Grieken et al. 2013, op. cit. (note 1), p. 288-289, cat. n° 79 ; C.-P. Warncke, « Bild, Wort und Dekor. Zu einer Kartuschenfolge von Hans Liefrinck aus dem Jahre 1556 », Imprimatur, 12, 1987, p. 63-79. 6Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-P-BI-6555X ; New York, Metropolitan Museum of Art, inv. 55.590.21 ; et Bruxelles, Royal Library of Belgium, inv. S.V 89186 ; https://www.rijksmuseum.nl/nl/zoeken et https://www.metmuseum.org/art/collection.