Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 12. Jan de Braij Haarlem 1626/1627 – 1697 Amsterdam Vue de la Brouwersbeek près de Haarlem, vers 1664/1665 Ce dessin d’un paysage de dunes n’évoque pas immédiatement le nom de Jan de Braij. Natif de Haarlem, le peintre ne se spécialisa pas dans les paysages, mais dans les portraits (voir cat. 97) et les tableaux d’histoire, dans le droit-fil de l’œuvre de son père Salomon de Bray (1597–1664), et fut en outre actif comme architecte et ingénieur1. Seuls les dessins peuvent nous révéler à quoi s’essayaient les artistes à leurs heures perdues. Car il arrivait aussi à De Braij, comme délassement, de partir en expédition, un carnet de croquis sous le bras, pour observer et noter les alentours de sa ville natale. Notre feuille fait partie d’un petit groupe de dessins de paysages similaires à la pierre noire représentant les environs de Haarlem. Un Paysage avec des dunes2 est conservé à la Fondation Custodia à Paris, deux autres3, dont une vue du manoir d’Elswout4, se trouvent au Nasjonalmuseet d’Oslo et un Paysage forestier avec route près de Haarlem appartient à une collection particulière5. Trois de ces dessins sont datés et furent réalisés par De Braij au cours de l’été 1651. Le filigrane de notre feuille6 indique que De Braij continua de faire des promenades champêtres dans les années suivantes, dans le cas qui nous occupe vers 1664-16657. D’après l’inscription sur le montage, De Braij réalisa ce dessin près du « Brouwers Beek Buijten haerlem », un emplacement qui paraît répondre au canal Brouwersvaart situé à l’ouest de la ville8. L’eau pure, filtrée par le sable des dunes et destinée à la production de bière, était acheminée par ce cours d’eau jusqu’à Haarlem. L’artiste se tenait probablement sur un monticule de dune légèrement surélevé, d’où il pouvait distinguer notamment la figure dans la barque et le promeneur au bord du rivage. C’est d’ailleurs cette inscription, dont la graphie correspond tout à fait à celle du Paysage forestier avec route près de Haarlem, et le montage identique, qui permirent d’attribuer correctement le dessin, d’abord considéré comme l’œuvre de Jan van der Meer I (1621–1698)9. Il semble que De Braij ait moins cherché à rendre un lieu identifiable qu’à reproduire la lumière, en particulier la manière dont les rayons du soleil tombent sur les fosses sablonneuses et projettent une ombre sur la digue. À cette fin, les traits de pierre noire sont maniés avec parcimonie : à peine appuyés et posés en de rares endroits. Avec un pinceau et de l’encre grise, il accentua – peut-être seulement une fois de retour chez lui – le premier plan, pour donner plus de profondeur au paysage. De Braij créa ainsi une image très atmosphérique de la campagne haarlemoise. Maud van Suylen 1Sur la vie et l’œuvre de Jan de Braij, voir Jeroen Giltaij, Jan de Braij (1626/1627-1697), peintre et architecte, Zwolle, 2017. 2Paris, Fondation Custodia, inv. 9346. 3Paysage près de Haarlem, Oslo, Nasjonalmuseet, inv. NG.K&H.B.15650. 4Elswout près de Haarlem, Oslo, Nasjonalmuseet, inv. NG.K&H.B.15651. 5Pour ces quatre dessins, voir Jeroen Giltaij, « Duinlandschap met de Brouwers Beek bij Haarlem door Jan de Braij », Delineavit et Sculpsit, vol. LII, 2023, p. 2-10, figs. 2-5. 6Armes de Berne (coupé) ; voir Theo Laurentius et Frans Laurentius, Watermarks found in the Zeeland Archives, 2 vols., vol. II, 1650-1700, ’t Goy-Houten, 2008, nos 266-267, datés 1664 et 1665 respectivement, à La Haye. Avec nos remerciements à Onno van Seggelen. 7Giltaij 2023, op. cit. (note 5), p. 8. 8Pour la localisation de l’emplacement, voir ibid. 9Aussi appelé Jan Vermeer de Haarlem I. Ibid., p. 4. Le montage contient en filigrane un écusson couronné d’une fleur de lys (coupée), analogue à Laurentius et Laurentius 2007-2008, op. cit. (note 6), vol. I, 1600-1650, nos 420-421 et 423, avec des datations oscillant entre 1642-1646. Avec nos remerciements à Onno van Seggelen.
Ce dessin d’un paysage de dunes n’évoque pas immédiatement le nom de Jan de Braij. Natif de Haarlem, le peintre ne se spécialisa pas dans les paysages, mais dans les portraits (voir cat. 97) et les tableaux d’histoire, dans le droit-fil de l’œuvre de son père Salomon de Bray (1597–1664), et fut en outre actif comme architecte et ingénieur1. Seuls les dessins peuvent nous révéler à quoi s’essayaient les artistes à leurs heures perdues. Car il arrivait aussi à De Braij, comme délassement, de partir en expédition, un carnet de croquis sous le bras, pour observer et noter les alentours de sa ville natale. Notre feuille fait partie d’un petit groupe de dessins de paysages similaires à la pierre noire représentant les environs de Haarlem. Un Paysage avec des dunes2 est conservé à la Fondation Custodia à Paris, deux autres3, dont une vue du manoir d’Elswout4, se trouvent au Nasjonalmuseet d’Oslo et un Paysage forestier avec route près de Haarlem appartient à une collection particulière5. Trois de ces dessins sont datés et furent réalisés par De Braij au cours de l’été 1651. Le filigrane de notre feuille6 indique que De Braij continua de faire des promenades champêtres dans les années suivantes, dans le cas qui nous occupe vers 1664-16657. D’après l’inscription sur le montage, De Braij réalisa ce dessin près du « Brouwers Beek Buijten haerlem », un emplacement qui paraît répondre au canal Brouwersvaart situé à l’ouest de la ville8. L’eau pure, filtrée par le sable des dunes et destinée à la production de bière, était acheminée par ce cours d’eau jusqu’à Haarlem. L’artiste se tenait probablement sur un monticule de dune légèrement surélevé, d’où il pouvait distinguer notamment la figure dans la barque et le promeneur au bord du rivage. C’est d’ailleurs cette inscription, dont la graphie correspond tout à fait à celle du Paysage forestier avec route près de Haarlem, et le montage identique, qui permirent d’attribuer correctement le dessin, d’abord considéré comme l’œuvre de Jan van der Meer I (1621–1698)9. Il semble que De Braij ait moins cherché à rendre un lieu identifiable qu’à reproduire la lumière, en particulier la manière dont les rayons du soleil tombent sur les fosses sablonneuses et projettent une ombre sur la digue. À cette fin, les traits de pierre noire sont maniés avec parcimonie : à peine appuyés et posés en de rares endroits. Avec un pinceau et de l’encre grise, il accentua – peut-être seulement une fois de retour chez lui – le premier plan, pour donner plus de profondeur au paysage. De Braij créa ainsi une image très atmosphérique de la campagne haarlemoise. Maud van Suylen 1Sur la vie et l’œuvre de Jan de Braij, voir Jeroen Giltaij, Jan de Braij (1626/1627-1697), peintre et architecte, Zwolle, 2017. 2Paris, Fondation Custodia, inv. 9346. 3Paysage près de Haarlem, Oslo, Nasjonalmuseet, inv. NG.K&H.B.15650. 4Elswout près de Haarlem, Oslo, Nasjonalmuseet, inv. NG.K&H.B.15651. 5Pour ces quatre dessins, voir Jeroen Giltaij, « Duinlandschap met de Brouwers Beek bij Haarlem door Jan de Braij », Delineavit et Sculpsit, vol. LII, 2023, p. 2-10, figs. 2-5. 6Armes de Berne (coupé) ; voir Theo Laurentius et Frans Laurentius, Watermarks found in the Zeeland Archives, 2 vols., vol. II, 1650-1700, ’t Goy-Houten, 2008, nos 266-267, datés 1664 et 1665 respectivement, à La Haye. Avec nos remerciements à Onno van Seggelen. 7Giltaij 2023, op. cit. (note 5), p. 8. 8Pour la localisation de l’emplacement, voir ibid. 9Aussi appelé Jan Vermeer de Haarlem I. Ibid., p. 4. Le montage contient en filigrane un écusson couronné d’une fleur de lys (coupée), analogue à Laurentius et Laurentius 2007-2008, op. cit. (note 6), vol. I, 1600-1650, nos 420-421 et 423, avec des datations oscillant entre 1642-1646. Avec nos remerciements à Onno van Seggelen.