20. Josephus Augustus Knip

Tilbourg 1777 – 1847 Berlicum

Vue de la maison de Buffon au Jardin des Plantes, Paris, vers 1805

En 1801, l’artiste néerlandais Josephus Augustus Knip arriva à Paris. Très vite, il y obtint une commande prestigieuse du consul de la République batave Rutger Jan Schimmelpenninck (1761–1825) pour trois tableaux : deux vues de l’Hôtel Beauharnais, alors siège de l’ambassade batave à Paris, et une vue du jardin de Schimmelpenninck à Auteuil1. Knip continua à réaliser des vues topographiques de Paris et de ses environs, surtout à la gouache selon ses propres dires2, mais seules quelques-unes de ces gouaches datant de ce premier séjour en France sont aujourd’hui connues3.

Cette vue de la maison de Buffon au Jardin des Plantes en est un rare exemple. La maison, que nous voyons depuis une terrasse où se sont arrêtés deux hommes élégants, prit le nom de Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707–1788). Celui-ci acquit l’hôtel particulier en 1771 afin d’être logé près de son travail en tant qu’intendant du Jardin du Roi4.

Selon la tradition, la figure que l’on aperçoit derrière l’une des fenêtres en train de travailler serait le peintre de fleurs Gerard van Spaendonck (1746–1822)5. En effet, celui-ci disposait d’un appartement au premier étage depuis 17806. Cet artiste, originaire comme Knip de Tilbourg, avait beaucoup de succès auprès du public français7. Installé à Paris depuis 1769, Van Spaendonck fut nommé « peintre du Roi pour la miniature » en 1774 et devait par la suite contribuer aux vélins du roi, documentant la collection royale des plantes. En 1793, il devint « professeur d’iconographie naturelle » au Muséum national d’histoire naturelle et enseigna le dessin botanique à de nombreux élèves dont Pierre Joseph Redouté (1759–1840), mais aussi à la sœur de Knip, Henriëtte Geertruij (1783–1842)8.

Van Spaendonck aida également des artistes néerlandais qui séjournaient dans la capitale française. Ainsi, il soutint Josephus Augustus Knip et appuya en 1808 sa candidature pour l’obtention d’une bourse instaurée par le roi de Hollande, Louis Bonaparte (r. 1806–1810), sur le modèle du Prix de Rome français (voir cat. 19). Van Spaendonck avait fait cosigner la lettre de recommandation par François Gérard (1770–1837) et Jean Joseph Xavier Bidault (1758–1846), ce qui a sans doute contribué à la réponse favorable9. Cette bourse permit à Knip de terminer sa formation à Paris en tant que pensionnaire, puis de partir en Italie en 1809 où il se spécialisa davantage dans l’art du paysage, réalisant des centaines d’études sur le motif.

Rhea Sylvia Blok

1Ces trois tableaux ont été réalisés autour de 1801. Une des vues est aujourd’hui conservée à Amsterdam, Rijksmuseum, inv. SK-A-3909. Les deux autres se trouvent dans une collection particulière mais furent longtemps prêtées au Rijksmuseum par F. J. C. Schimmelpenninck, Putten (inv. SK-C-1455 et inv. SK-C-1456). Le jardin à Auteuil était situé près du Bois de Boulogne (Gerrit Schimmelpenninck, Rutger Jan Schimmelpenninck, en eenige gebeurtenissen van zijnen tijd, beschreven door zijnen zoon, vol. II, La Haye et Amsterdam, 1845, p. 127) et pourrait être le jardin de Bagatelle au Bois de Bologne (Edwina Hagen, President van Nederland. Rutger Jan Schimmelpenninck (1761-1825), Amsterdam, 2012, p. 123-128).

2Ellinoor Bergvelt et Margriet van Boven, J.A. Knip 1777-1847, cat. exp. Bois-le-Duc (Noordbrabants Museum), 1977, p. 200. Voir aussi Ellinoor Bergvelt (dir.), Reizen naar Rome. Italië als leerschool voor Nederlandse kunstenaars omstreeks 1800 / Paesaggisti ed altri artisti olandesi a Roma intorno al 1800, cat. exp. Haarlem (Teylers Museum), Rome (Istituto Olandese di Roma), 1986, Appendice 1 (sans pagination).

3Adolph Staring mentionne un groupe de gouaches qu’il attribue à Knip, mais dont la localisation reste aujourd’hui inconnue : «  Parijse topographie van Josephus Augustus Knip  », Publicaties van het Genootschap voor Napoleontische Studiën, n° 2, 1952, p. 86-95. De ses premières années en France, nous connaissons quelques aquarelles, notamment réalisées lors d’un voyage à Tours : Bergvelt et Van Boven 1977, op. cit. (note 2), nos 14-18  ; Diederik Bakhuys dans Mària van Berge-Gerbaud et Hans Buijs (dir.), Morceaux Choisis parmi les acquisitions de la Collection Frits Lugt réalisées sous le directorat de Carlos van Hasselt 1970-1994, cat. exp. Paris (Institut Néerlandais), 1994, n° 35.

4La maison de Buffon existe toujours et se trouve à l’angle de la rue Buffon et de la rue Geoffroy Saint Hilaire. À droite, on voit le Cabinet d’histoire naturelle qui a été détruit.

5Margriet van Boven, Sam Segal, Gerard & Cornelis van Spaendonck. Twee Brabantse bloemenschilders in Parijs, cat. exp. Bois-le-Duc (Het Noordbrabants Museum), 1980, p. 37, n° B7.

6Léon Bultingaire, «  Les Peintres du Jardin du Roy au XVIIIe siècle  », Archives du Muséum national d’Histoire naturelle, série 6, n° 1, 1928, p. 19-68  ; William Falls, «  Buffon et l’Agrandissement du Jardin du Roi à Paris  », Archives du Muséum national d’Histoire naturelle, série 6, n° 10, 1933, p. 129-200, p. 141, note 5  ; et Joseph Philipe François Deleuze, Histoire et description du Muséum royal d’histoire naturelle, Paris, 1823, p. 693-694.

7Pour Gerard van Spaendonck, voir Van Boven et Segal 1980, op. cit. (note 5)  ; Paul Huys Janssen, De geur van succes. Gerard & Cornelis van Spaendonck, bloemschilders in Parijs, cat. exp. Bois-le-Duc (Het Noordbrabants Museum), 2019  ; et Mayken Jonkman (dir.), Les Hollandais à Paris 1789-1914 : Van Spaendonck, Scheffer, Jongkind, Maris, Kaemmerer, Breitner, Van Gogh, Van Dongen, Mondrian, cat. exp. Amsterdam (Van Gogh Museum), Paris (Petit Palais), 2017-2018, p. 46-67.

8Fransje Kuyvenhoven et Ronald Peeters, De familie Knip. Drie generaties kunstenaars uit Noord-Brabant, cat. exp. Bois-le-Duc (Noordbrabants Museum), 1988, p. 46-55.

9Bergvelt et Van Boven 1977, op. cit. (note 2), p. 19-20, 182, 197.