Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 71. Giovanni Benedetto Castiglione Gênes 1609 – vers 1663 Mantoue Deux bergers avec un âne et des brebis dans un paysage, vers 1638-1640 Les scènes pastorales, les représentations de transhumance étaient parmi les sujets favoris de Castiglione depuis sa jeunesse, une prédilection sans doute née pendant sa formation dans l’atelier du peintre animalier Sinibaldo Scorza (1589–1631) à Gênes, et renforcée par les tableaux des Bassano qu’il avait pu admirer dans les collections de la ville portuaire. Le peintre développa sa propre interprétation du thème durant son premier séjour à Rome, dans les années 1630, et en produisit également des variations dans ses eaux-fortes. Souvent considérées comme représentant les voyages des patriarches de l’Ancien Testament, les scènes pastorales de Castiglione ont toutefois rarement un sujet spécifique et sont plutôt des évocations magistrales d’une existence rurale, arcadienne et paisible. Dans le cas de cette eau-forte, cependant, un thème plus précis semble être suggéré. On voit deux bergers se mettre à l’abri au milieu des arbres avec leur chien, derrière un âne chargé de différents ustensiles, tandis qu’un troupeau de brebis se presse autour de la bête de somme. Le garçon à gauche porte une couronne de feuilles dans sa chevelure et tient un coq dans les mains. La raison pour laquelle les bergers se cachent et ce qu’ils guettent n’est pas clair : craignent-ils les figures très sommairement tracées à droite, dans le lointain, peut-être d’autres bergers, si ce ne sont des brigands ? L’artiste nous laisse dans le suspense. L’eau-forte fait partie d’un petit groupe d’estampes datant vraisemblablement de la fin des années 1630, après le retour de Castiglione à Gênes en 16371. Considéré comme l’un des graveurs les plus innovateurs d’Italie au XVIIe siècle, il s’inspira ici du travail de ses contemporains hollandais, en particulier des eaux-fortes de Rembrandt (1606–1669) qui était de quelques années son aîné2. La légèreté de la touche, la grande variété des traits et des touches pointillées témoignent de la virtuosité de l’artiste en évoquant une atmosphère vibrante et lumineuse3. Carel van Tuyll van Serooskerken 1Paolo Bellini (éd.), The Illustrated Bartsch. The Italian Masters of the Seventeenth Century, New York, 1985, vol. XLVI (Commentary), n° 29 (26). 2Pour l’influence de Rembrandt sur l’œuvre de Castiglione, voir Ewald Jeutter, Zur Problematik der Rembrandt-Rezeption im Werk des Genuesen Giovanni Battista Castiglione (Genua 1609-1664 Mantua). Eine Untersuchung zu seinem Stil und seinen Nachwirkungen im 17. und 18. Jahrhundert, Weimar, 2004. 3Timothy J. Standring et Martin Clayton, Castiglione. Lost Genius, cat. exp. Londres (Royal Collection Trust), 2013, p. 27, au n° 3, décèlent ici l’influence des premières estampes de Claude Gellée, dit Le Lorrain (1600–1682) (voir cat. 72).
Les scènes pastorales, les représentations de transhumance étaient parmi les sujets favoris de Castiglione depuis sa jeunesse, une prédilection sans doute née pendant sa formation dans l’atelier du peintre animalier Sinibaldo Scorza (1589–1631) à Gênes, et renforcée par les tableaux des Bassano qu’il avait pu admirer dans les collections de la ville portuaire. Le peintre développa sa propre interprétation du thème durant son premier séjour à Rome, dans les années 1630, et en produisit également des variations dans ses eaux-fortes. Souvent considérées comme représentant les voyages des patriarches de l’Ancien Testament, les scènes pastorales de Castiglione ont toutefois rarement un sujet spécifique et sont plutôt des évocations magistrales d’une existence rurale, arcadienne et paisible. Dans le cas de cette eau-forte, cependant, un thème plus précis semble être suggéré. On voit deux bergers se mettre à l’abri au milieu des arbres avec leur chien, derrière un âne chargé de différents ustensiles, tandis qu’un troupeau de brebis se presse autour de la bête de somme. Le garçon à gauche porte une couronne de feuilles dans sa chevelure et tient un coq dans les mains. La raison pour laquelle les bergers se cachent et ce qu’ils guettent n’est pas clair : craignent-ils les figures très sommairement tracées à droite, dans le lointain, peut-être d’autres bergers, si ce ne sont des brigands ? L’artiste nous laisse dans le suspense. L’eau-forte fait partie d’un petit groupe d’estampes datant vraisemblablement de la fin des années 1630, après le retour de Castiglione à Gênes en 16371. Considéré comme l’un des graveurs les plus innovateurs d’Italie au XVIIe siècle, il s’inspira ici du travail de ses contemporains hollandais, en particulier des eaux-fortes de Rembrandt (1606–1669) qui était de quelques années son aîné2. La légèreté de la touche, la grande variété des traits et des touches pointillées témoignent de la virtuosité de l’artiste en évoquant une atmosphère vibrante et lumineuse3. Carel van Tuyll van Serooskerken 1Paolo Bellini (éd.), The Illustrated Bartsch. The Italian Masters of the Seventeenth Century, New York, 1985, vol. XLVI (Commentary), n° 29 (26). 2Pour l’influence de Rembrandt sur l’œuvre de Castiglione, voir Ewald Jeutter, Zur Problematik der Rembrandt-Rezeption im Werk des Genuesen Giovanni Battista Castiglione (Genua 1609-1664 Mantua). Eine Untersuchung zu seinem Stil und seinen Nachwirkungen im 17. und 18. Jahrhundert, Weimar, 2004. 3Timothy J. Standring et Martin Clayton, Castiglione. Lost Genius, cat. exp. Londres (Royal Collection Trust), 2013, p. 27, au n° 3, décèlent ici l’influence des premières estampes de Claude Gellée, dit Le Lorrain (1600–1682) (voir cat. 72).