Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 73. Jérôme David (vers 1605 – vers 1670) et Jean Couvay (Arles vers 1605 – 1663 Paris) D’après Claude Vignon (Tours 1593 – 1670 Paris), Rembrandt van Rijn (Leyde 1606 – 1669 Amsterdam), Jan Lievens (Leyde 1607 – 1674 Amsterdam) et « J [ou H] Padoanus » Bustes de philosophes et de rois, Paris, François Langlois, vers 1637 Vers 1637, le célèbre éditeur parisien François Langlois, dit Ciartres (1588–1647), publia une série de trente-six représentations de demi-figures vêtues de costumes très inventifs1. Bien que le titre de la série, Bustes de philosophes et de rois, et les inscriptions sur les différentes estampes suggèrent le contraire, ces apparitions flamboyantes ne sont en aucun cas des portraits historicisants, mais plutôt ce qu’on appelle des tronies, des têtes de caractère2. Avec leurs expressions faciales outrancières et leurs accoutrements de théâtre, ces effigies visent autant à susciter l’émerveillement du spectateur que l’admiration pour la créativité et l’inventivité de l’artiste. Ce genre connut une grande popularité dans la première moitié du XVIIe siècle, en particulier dans les Pays-Bas3. Le choix de Langlois d’introduire ce type de matériel visuel sur le marché français est donc singulier et témoigne de son esprit d’entreprise. De nombreux bustes furent en outre inspirés par des artistes originaires des Provinces-Unies, en particulier Rembrandt van Rijn. Neuf estampes de la série sont des copies directes, mais en sens inverse, d’eaux-fortes exécutées par Jan Gillisz. van Vliet (vers 1605–1668) d’après des peintures (et un détail) de Rembrandt4. Deux autres furent copiées d’après des eaux-fortes originales du maître5. L’œuvre de l’ami et contemporain de Rembrandt, Jan Lievens, fournit les modèles desdits « portraits » de Thomas More et de Gaston de Foix6. La grande majorité des bustes furent conçus par le peintre français Claude Vignon7. Dans ces figures aux abondantes chevelures et calottes fantaisistes transparaît également, en plus des influences italiennes, le langage visuel de Rembrandt8. Enfin, certaines estampes mentionnent le nom de « J [ou H] Padoanus » comme inventor. Cet artiste fut assimilé à l’artiste vénitien Alessandro Varotari dit Il Padovanino (1588–1648). Mais les différences dans l’orthographe de son nom et le peu d’analogies formelles entre son œuvre et les têtes de caractère suggèrent qu’il s’agirait d’un autre artiste, encore non identifié9. Les estampes furent exécutées par au moins deux graveurs. Sept gravures portent la signature de Jérôme David. Les autres ne sont pas signées mais la collaboration de Jean Couvay au projet est attestée par un document d’archives10. Que les graveurs français se soient largement inspirés de l’œuvre de leurs collègues de la Hollande septentrionale est une preuve tangible de la diffusion internationale des eaux-fortes de Rembrandt et de son cercle peu de temps après leur impression à Amsterdam11. François Langlois joua un rôle important dans ce processus. L’éditeur et marchand se rendit probablement plusieurs fois en Hollande, profitant de l’occasion pour s’approvisionner en estampes et autres objets d’art12. Outre des œuvres d’autres maîtres du Nord, l’inventaire de sa succession signale des albums contenant des estampes de Rembrandt et d’après Rembrandt13. Des éditeurs à vocation internationale comme Langlois ont, de cette manière, été des protagonistes essentiels dans la diffusion des nouveaux développements artistiques. Saskia van Altena 1Langois prêta serment comme maître libraire à Paris en avril 1634. En octobre 1637, il s’installa rue Saint-Jacques, dans la maison « Aux Colonnes d’Hercule » ; voir Maxime Préaud et al., Dictionnaire des éditeurs d’estampes à Paris sous l’Ancien Régime, Paris, 1987, p. 191-193. Pour Langlois, voir aussi le cat. 90. La série non datée des Bustes, qui ne mentionne pas encore cette adresse, fut probablement publiée juste avant le déménagement de 1637. À cette date, le graveur Jérôme David était tout juste rentré à Paris ; Stéphane Loire, « La carrière de Jérôme David », dans Claude Mignot et Paola Pacht Bassani (dir.), Claude Vignon et son temps. Actes du colloque international de l’université de Tours, 28-29 janvier 1994 (Actes et colloques, vol. LI), Paris, 1998, p. 168, note 82. 2Pierre-Jean Mariette (1694–1774), dans ses Notes manuscrites, décrivit cette série comme « une suite de bustes de différents caractères [...] ». Il nota : « Les noms de Princes et de Philosophes qu’on y trouve, y ont été mis assez mal à propos, car il n’y a aucune de ces têtes qui ne soit d’invention et n’ayant par conséquent nul rapport avec ce qu’on a prétendu leur faire représenter » (Notes manuscrites, vol. IX, fol. 146, cité par Paola Pacht Bassani, Claude Vignon (1593-1670), Paris, 1992, p. 284-285). 3Le genre des têtes de caractère est né en Italie mais il a été très en vogue aux Pays-Bas au XVIIe siècle. Rembrandt le révolutionna dans les années 1630-1640 avec ses sensationnelles tronies peintes et gravées. Pour une publication récente sur ce genre, voir Nico Van Hout et Koen Bulckens (dir.), Drôles de têtes. Bruegel, Rubens et Rembrandt, cat. exp. Anvers (Musée Royal des Beaux-Arts), 2023. 4Van Vliet, peintre actif à Leyde, réalisa plusieurs reproductions d’après des dessins de Rembrandt dans les années 1631-1635. Parmi celles-ci, six tronies que Van Vliet exécuta à partir des peintures (et un détail) de son collègue. On ignore si ces eaux-fortes, dont certaines portent la date de 1631 ou de 1634 et qui ont toutes un format identique (220 × 190 mm), furent exécutées dans l’idée d’être publiées en série. On suppose que Rembrandt participa lui-même à cette publication ; voir Christiaan Schuckman, Martin Royalton-Kisch et Erik Hinterding, Rembrandt & Van Vliet. A Collaboration on Copper. (Studies in Dutch Graphic Art, vol. I), cat. exp. Amsterdam (Museum Het Rembrandthuis), 1996, nos 6-11. 5Bien que le nom « Padoanus » soit mentionné en haut à gauche du buste de Platon, il s’agit d’une copie partielle du Vieil homme barbu coiffé d’un bonnet de fourrure de Rembrandt réalisé vers 1631 ; Erik Hinterding et Jaco Rutgers, Rembrandt (The New Hollstein Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, 1450-1700), Ouderkerk aan den IJssel, 2013, vol. Text I, n° 92 et vol. Plates I, p. 155-157. Diogène provient également d’une petite tronie de Rembrandt (Vieil homme à la longue barbe, 1631 ; ibid., vol. Text I, n° 83 et vol. Plates I, p. 129). 6Jan Lievens, Buste d’un vieil homme portant une calotte, vers 1630-1631 ; F. W. H. Hollstein, Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, Amsterdam, [1954], vol. XI, n° 36. L’estampe de Lievens faisait partie d’une série de six tronies, intitulée Variӕ effigies, vers 1630-1632. En 1635, Rembrandt exécuta une copie en sens inverse par rapport à l’original, plus connue comme l’une des « Têtes orientales » ; voir Hinterding et Rutgers 2013, op. cit. (note 5), vol. I, n° 149. Cependant, étant donné que l’estampe de la publication de Langlois est également en sens inverse par rapport à celle de Lievens, celle-ci semble avoir servi de modèle. L’effigie de Gaston de Foix est basée sur une reproduction imprimée de Willem van der Leeuw (1603–1665) d’après une peinture de Lievens (Jeune homme au béret rouge, vers 1629-1630, Pasadena, Norton Simon Art Foundation, inv. M.1997.1.1.P) ; voir Werner Sumowski, Gemälde der Rembrandt-Schüler, vol. III, Landau, 1983, n° 42, p. 198 et p. 245. 7Sur les vingt-et-une tronies conçues par Vignon, un seul dessin préparatoire de sa main a été conservé. Ce projet, pour « le portrait » de Godefroi de Bouillon, a été vendu à Londres (Christie’s), 21 novembre 1967, n° 71 ; voir Pacht Bassani 1992, op. cit. (note 2), n° 163. 8La série d’eaux-fortes de Rembrandt représentant des « Têtes orientales » semble notamment avoir été un point de référence ; voir Hinterding et Rutgers 2013, op. cit. (note 5), nos 149-152. 9Loire 1998, op. cit. (note 1) identifia l’artiste comme étant Alessandro Varotari et suggéra que le graveur Jérôme David ait pu faire sa connaissance ou entrer en possession d’œuvres de sa main lors de son séjour en Italie. Le Metropolitan Museum of Art à New York avance une attribution à l’artiste peu connu Giovanni Felice Paduano (Naples vers 1601/1604– ?) dans sa collection en ligne, mais son œuvre très limité ne permet pas de se prononcer. Il convient de signaler qu’au moins une des estampes signées « Padoanus », le Diogène de Sinope, est en fait une copie d’après Rembrandt. 10Sur la paternité des estampes, Mariette écrivit : « [...] la plus grande partie est gravée par David : ce sont surtout celles de Vignon : il se pourroit que les autres soient d’un autre graveur » (Notes manuscrites, vol. IX, fol. 143). Cependant, seules sept gravures portent la signature de David. La collaboration de Couvay résulte de l’inventaire après décès de Madeleine de Collemont, épouse de Pierre Mariette II, qui mentionne : « les 36 testes de Philosophes de Vignon par David, Couvé... ». Loire a établi à juste titre qu’il devait s’agir du graveur Jean Couvay ; voir Loire 1998, op. cit. (note 1), p. 168. 11Voir Jaco Rutgers, « Rembrandt op papier. De rol van prenten bij het vestigen van Rembrandts reputatie als schilder », dans Jaco Rutgers et Mieke Reijnders (dir.), Rembrandt in perspectief, Heerlen et Zwolle, 2014, p. 123. 12À cet égard, il convient de mentionner une lettre souvent citée de Claude Vignon à Langlois, dont le contenu nous est seulement connu par la Raccolta di lettere sulla pittura, scultura, ed architettura, scritte da’ più celebri professori che in dette arti fiorirono dal secolo XV al XVII de Giovanni Gaetano Bottari, Rome, vol. IV, 1764, p. 303-304. On déduit de son contenu que l’éditeur et marchand d’estampes voyageait à ce moment-là en Angleterre et en Hollande. Vignon demanda à Langlois de transmettre ses salutations à Rembrandt à Amsterdam et d’apporter ensuite des œuvres de l’artiste à Paris. Bottari mentionna abusivement Jacques Stella comme expéditeur, erreur soulevée et corrigée par Mariette dans une lettre à Bottari, également publiée dans la Raccolta (vol. V, 1766, p. 269-270). Pacht Bassani a prouvé que l’épître non datée devait remonter approximativement au mois de novembre 1641 ; voir Pacht Bassani 1992, op. cit. (note 2), p. 101. 13Inventaire après décès de François Langlois, Archives nationales, minutier central, FL 22/IV/1655 : « Item quarante cinq pieces de Vliet et coppie de Rembrand [...] ». Ces extraits et d’autres de l’inventaire ont été publiés pour la première fois par Roger-Armand Weigert, « Le commerce de la gravure au XVIIe siècle. Les deux premiers Mariette et François Langlois dit Ciartres », Gazette des beaux-arts, vol. XI, 1953, p. 167-188). L’œuvre de Stefano della Bella (1610–1664), inspiré de Rembrandt, fut également édité par Langlois. ; voir Jaco Rutgers, « Stefano della Bella en Rembrandt. De Franse connectie », De Kroniek van het Rembrandthuis, 2004, n° 1-2, p. 17-27.
Vers 1637, le célèbre éditeur parisien François Langlois, dit Ciartres (1588–1647), publia une série de trente-six représentations de demi-figures vêtues de costumes très inventifs1. Bien que le titre de la série, Bustes de philosophes et de rois, et les inscriptions sur les différentes estampes suggèrent le contraire, ces apparitions flamboyantes ne sont en aucun cas des portraits historicisants, mais plutôt ce qu’on appelle des tronies, des têtes de caractère2. Avec leurs expressions faciales outrancières et leurs accoutrements de théâtre, ces effigies visent autant à susciter l’émerveillement du spectateur que l’admiration pour la créativité et l’inventivité de l’artiste. Ce genre connut une grande popularité dans la première moitié du XVIIe siècle, en particulier dans les Pays-Bas3. Le choix de Langlois d’introduire ce type de matériel visuel sur le marché français est donc singulier et témoigne de son esprit d’entreprise. De nombreux bustes furent en outre inspirés par des artistes originaires des Provinces-Unies, en particulier Rembrandt van Rijn. Neuf estampes de la série sont des copies directes, mais en sens inverse, d’eaux-fortes exécutées par Jan Gillisz. van Vliet (vers 1605–1668) d’après des peintures (et un détail) de Rembrandt4. Deux autres furent copiées d’après des eaux-fortes originales du maître5. L’œuvre de l’ami et contemporain de Rembrandt, Jan Lievens, fournit les modèles desdits « portraits » de Thomas More et de Gaston de Foix6. La grande majorité des bustes furent conçus par le peintre français Claude Vignon7. Dans ces figures aux abondantes chevelures et calottes fantaisistes transparaît également, en plus des influences italiennes, le langage visuel de Rembrandt8. Enfin, certaines estampes mentionnent le nom de « J [ou H] Padoanus » comme inventor. Cet artiste fut assimilé à l’artiste vénitien Alessandro Varotari dit Il Padovanino (1588–1648). Mais les différences dans l’orthographe de son nom et le peu d’analogies formelles entre son œuvre et les têtes de caractère suggèrent qu’il s’agirait d’un autre artiste, encore non identifié9. Les estampes furent exécutées par au moins deux graveurs. Sept gravures portent la signature de Jérôme David. Les autres ne sont pas signées mais la collaboration de Jean Couvay au projet est attestée par un document d’archives10. Que les graveurs français se soient largement inspirés de l’œuvre de leurs collègues de la Hollande septentrionale est une preuve tangible de la diffusion internationale des eaux-fortes de Rembrandt et de son cercle peu de temps après leur impression à Amsterdam11. François Langlois joua un rôle important dans ce processus. L’éditeur et marchand se rendit probablement plusieurs fois en Hollande, profitant de l’occasion pour s’approvisionner en estampes et autres objets d’art12. Outre des œuvres d’autres maîtres du Nord, l’inventaire de sa succession signale des albums contenant des estampes de Rembrandt et d’après Rembrandt13. Des éditeurs à vocation internationale comme Langlois ont, de cette manière, été des protagonistes essentiels dans la diffusion des nouveaux développements artistiques. Saskia van Altena 1Langois prêta serment comme maître libraire à Paris en avril 1634. En octobre 1637, il s’installa rue Saint-Jacques, dans la maison « Aux Colonnes d’Hercule » ; voir Maxime Préaud et al., Dictionnaire des éditeurs d’estampes à Paris sous l’Ancien Régime, Paris, 1987, p. 191-193. Pour Langlois, voir aussi le cat. 90. La série non datée des Bustes, qui ne mentionne pas encore cette adresse, fut probablement publiée juste avant le déménagement de 1637. À cette date, le graveur Jérôme David était tout juste rentré à Paris ; Stéphane Loire, « La carrière de Jérôme David », dans Claude Mignot et Paola Pacht Bassani (dir.), Claude Vignon et son temps. Actes du colloque international de l’université de Tours, 28-29 janvier 1994 (Actes et colloques, vol. LI), Paris, 1998, p. 168, note 82. 2Pierre-Jean Mariette (1694–1774), dans ses Notes manuscrites, décrivit cette série comme « une suite de bustes de différents caractères [...] ». Il nota : « Les noms de Princes et de Philosophes qu’on y trouve, y ont été mis assez mal à propos, car il n’y a aucune de ces têtes qui ne soit d’invention et n’ayant par conséquent nul rapport avec ce qu’on a prétendu leur faire représenter » (Notes manuscrites, vol. IX, fol. 146, cité par Paola Pacht Bassani, Claude Vignon (1593-1670), Paris, 1992, p. 284-285). 3Le genre des têtes de caractère est né en Italie mais il a été très en vogue aux Pays-Bas au XVIIe siècle. Rembrandt le révolutionna dans les années 1630-1640 avec ses sensationnelles tronies peintes et gravées. Pour une publication récente sur ce genre, voir Nico Van Hout et Koen Bulckens (dir.), Drôles de têtes. Bruegel, Rubens et Rembrandt, cat. exp. Anvers (Musée Royal des Beaux-Arts), 2023. 4Van Vliet, peintre actif à Leyde, réalisa plusieurs reproductions d’après des dessins de Rembrandt dans les années 1631-1635. Parmi celles-ci, six tronies que Van Vliet exécuta à partir des peintures (et un détail) de son collègue. On ignore si ces eaux-fortes, dont certaines portent la date de 1631 ou de 1634 et qui ont toutes un format identique (220 × 190 mm), furent exécutées dans l’idée d’être publiées en série. On suppose que Rembrandt participa lui-même à cette publication ; voir Christiaan Schuckman, Martin Royalton-Kisch et Erik Hinterding, Rembrandt & Van Vliet. A Collaboration on Copper. (Studies in Dutch Graphic Art, vol. I), cat. exp. Amsterdam (Museum Het Rembrandthuis), 1996, nos 6-11. 5Bien que le nom « Padoanus » soit mentionné en haut à gauche du buste de Platon, il s’agit d’une copie partielle du Vieil homme barbu coiffé d’un bonnet de fourrure de Rembrandt réalisé vers 1631 ; Erik Hinterding et Jaco Rutgers, Rembrandt (The New Hollstein Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, 1450-1700), Ouderkerk aan den IJssel, 2013, vol. Text I, n° 92 et vol. Plates I, p. 155-157. Diogène provient également d’une petite tronie de Rembrandt (Vieil homme à la longue barbe, 1631 ; ibid., vol. Text I, n° 83 et vol. Plates I, p. 129). 6Jan Lievens, Buste d’un vieil homme portant une calotte, vers 1630-1631 ; F. W. H. Hollstein, Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, Amsterdam, [1954], vol. XI, n° 36. L’estampe de Lievens faisait partie d’une série de six tronies, intitulée Variӕ effigies, vers 1630-1632. En 1635, Rembrandt exécuta une copie en sens inverse par rapport à l’original, plus connue comme l’une des « Têtes orientales » ; voir Hinterding et Rutgers 2013, op. cit. (note 5), vol. I, n° 149. Cependant, étant donné que l’estampe de la publication de Langlois est également en sens inverse par rapport à celle de Lievens, celle-ci semble avoir servi de modèle. L’effigie de Gaston de Foix est basée sur une reproduction imprimée de Willem van der Leeuw (1603–1665) d’après une peinture de Lievens (Jeune homme au béret rouge, vers 1629-1630, Pasadena, Norton Simon Art Foundation, inv. M.1997.1.1.P) ; voir Werner Sumowski, Gemälde der Rembrandt-Schüler, vol. III, Landau, 1983, n° 42, p. 198 et p. 245. 7Sur les vingt-et-une tronies conçues par Vignon, un seul dessin préparatoire de sa main a été conservé. Ce projet, pour « le portrait » de Godefroi de Bouillon, a été vendu à Londres (Christie’s), 21 novembre 1967, n° 71 ; voir Pacht Bassani 1992, op. cit. (note 2), n° 163. 8La série d’eaux-fortes de Rembrandt représentant des « Têtes orientales » semble notamment avoir été un point de référence ; voir Hinterding et Rutgers 2013, op. cit. (note 5), nos 149-152. 9Loire 1998, op. cit. (note 1) identifia l’artiste comme étant Alessandro Varotari et suggéra que le graveur Jérôme David ait pu faire sa connaissance ou entrer en possession d’œuvres de sa main lors de son séjour en Italie. Le Metropolitan Museum of Art à New York avance une attribution à l’artiste peu connu Giovanni Felice Paduano (Naples vers 1601/1604– ?) dans sa collection en ligne, mais son œuvre très limité ne permet pas de se prononcer. Il convient de signaler qu’au moins une des estampes signées « Padoanus », le Diogène de Sinope, est en fait une copie d’après Rembrandt. 10Sur la paternité des estampes, Mariette écrivit : « [...] la plus grande partie est gravée par David : ce sont surtout celles de Vignon : il se pourroit que les autres soient d’un autre graveur » (Notes manuscrites, vol. IX, fol. 143). Cependant, seules sept gravures portent la signature de David. La collaboration de Couvay résulte de l’inventaire après décès de Madeleine de Collemont, épouse de Pierre Mariette II, qui mentionne : « les 36 testes de Philosophes de Vignon par David, Couvé... ». Loire a établi à juste titre qu’il devait s’agir du graveur Jean Couvay ; voir Loire 1998, op. cit. (note 1), p. 168. 11Voir Jaco Rutgers, « Rembrandt op papier. De rol van prenten bij het vestigen van Rembrandts reputatie als schilder », dans Jaco Rutgers et Mieke Reijnders (dir.), Rembrandt in perspectief, Heerlen et Zwolle, 2014, p. 123. 12À cet égard, il convient de mentionner une lettre souvent citée de Claude Vignon à Langlois, dont le contenu nous est seulement connu par la Raccolta di lettere sulla pittura, scultura, ed architettura, scritte da’ più celebri professori che in dette arti fiorirono dal secolo XV al XVII de Giovanni Gaetano Bottari, Rome, vol. IV, 1764, p. 303-304. On déduit de son contenu que l’éditeur et marchand d’estampes voyageait à ce moment-là en Angleterre et en Hollande. Vignon demanda à Langlois de transmettre ses salutations à Rembrandt à Amsterdam et d’apporter ensuite des œuvres de l’artiste à Paris. Bottari mentionna abusivement Jacques Stella comme expéditeur, erreur soulevée et corrigée par Mariette dans une lettre à Bottari, également publiée dans la Raccolta (vol. V, 1766, p. 269-270). Pacht Bassani a prouvé que l’épître non datée devait remonter approximativement au mois de novembre 1641 ; voir Pacht Bassani 1992, op. cit. (note 2), p. 101. 13Inventaire après décès de François Langlois, Archives nationales, minutier central, FL 22/IV/1655 : « Item quarante cinq pieces de Vliet et coppie de Rembrand [...] ». Ces extraits et d’autres de l’inventaire ont été publiés pour la première fois par Roger-Armand Weigert, « Le commerce de la gravure au XVIIe siècle. Les deux premiers Mariette et François Langlois dit Ciartres », Gazette des beaux-arts, vol. XI, 1953, p. 167-188). L’œuvre de Stefano della Bella (1610–1664), inspiré de Rembrandt, fut également édité par Langlois. ; voir Jaco Rutgers, « Stefano della Bella en Rembrandt. De Franse connectie », De Kroniek van het Rembrandthuis, 2004, n° 1-2, p. 17-27.