IV. Étudier la lumière

Capturer la lumière, indiquer avec justesse son incidence sur les formes, saisir les ombres qui modèlent les volumes, jouer avec l’intensité d’un clair-obscur pour dramatiser la présence d’une figure. L’étude des lumi fut un aspect essentiel des traités théoriques en Italie et trouva un écho chez les dessinateurs dès le XVe siècle. Elle intervenait parfois dès les premières études ou, plus souvent, demeurait l’une des dernières étapes du travail préparatoire à la peinture. Dans certains cas, elle constituait aussi une pratique en soi, permettant à l’artiste de s’exercer à comprendre et à rendre les rapports des ombres et des lumières.
Pour les transcrire, différentes solutions graphiques furent apportées par les dessinateurs : représenter la clarté des lumières par les rehauts de blanc (craie, gouache) sur un support sombre (papier préparé ou teinté), ou par effet inverse, indiquer les ombres à l’aide d’une technique sombre (sanguine, pierre noire, encre brune) sur un support clair, laissé en réserve.


Seguita sempre la più eccelente luce, e vogli con debito ragionevole intenderla e seguiterla ; perchè, di cio’ mancando, non sarebbe tuo lavoro con nessuno rilievo, e verrebbe cosa semplice, e con poco mestiero.

Attache-toi toujours à la lumière la plus vive, et travaille à la suivre et l’étendre raisonnablement : car faute de cela, ton travail n’aurait aucun relief et deviendrait une chose par trop simple et de peu d’habileté.

Cennino Cennini, Trattato della pittura, Florence, vers 1400