Accueil Catalogues en ligne Enfants du Siècle d’or 21. Jacques de Gheyn II Anvers 1565 – 1629 La Haye Portrait de Hugo Grotius, 1599 Quand Jacques de Gheyn II a réalisé ce portrait d’Hugo Grotius (1583-1645) (voir cat. 36) à l’âge de quinze ans, les deux hommes se connaissaient déjà depuis un certain temps. À douze ans, le prodige Grotius écrivait les vers d’une des séries d’estampes de De Gheyn1. Ils habitaient alors à Leyde et c’est probablement dans les cercles de l’université de cette ville qu’ils se sont rencontrés. Grotius étudiait le droit et De Gheyn avait de nombreux amis érudits. À la date de la réalisation de ce portrait, Grotius avait terminé ses études et venait de rentrer de France. Il y avait accompagné le stathouder Johan van Oldenbarnevelt (1547-1619) et Justinus van Nassau (1559-1631) dans une mission diplomatique auprès de la cour de France et avait été diplômé en droit à Orléans. C’est lors d’une visite à Paris que le roi Henri IV (1572-1610) lui fit offrir le médaillon à son effigie qu’il porte dans notre gravure. Préalablement à l’estampe, De Gheyn a tracé d’une pointe très fine le très ressemblant portrait de Hugo Grotius sur du papier préparé jaune vif2. L’estampe présente un remarquable effet de profondeur, comme si le modèle pouvait à tout moment sortir du cadre. Grotius se tient la main sur la hanche, dans une pose légèrement tournée, son coude se détachant du plan de l’image. De surcroît, sa silhouette projette une ombre de l’autre côté du cadre ovale cachant une partie de l’inscription. La devise Rvit Hora – « Le Temps s’envole » – est écrite en haut. En dessous du portrait, il est fait mention de sa nomination comme avocat à La Haye, l’année de parution de cette estampe. La gravure a été publiée dans le premier grand ouvrage de Grotius, son édition du Satyricon de Martianus Capella3. L’inscription manuscrite en latin sous l’effigie de Grotius précise que l’auteur de ce livre (hic liber) l’a écrit dans la quatorzième année de sa vie. Il compare Grotius à l’écrivain Flavius Josèphe, qui fut également considéré comme un enfant prodige à l’âge de quatorze ans. Cette page provient peut-être de l’exemplaire du livre conservé à la Staatsbibliothek de Munich, qui a un jour appartenu à G. Remus, l’avocat, philosophe et poète allemand Georg Remus (1561-1625)4. Différentes annotations ont été faites dans les marges de cet ouvrage, d’une écriture qui présente de frappantes similitudes avec celle de la gravure. Plus frappant encore est le fait que cette estampe n’en faisait plus partie. MvS 1Omnium rerum vicissitudo est (The New Hollstein 68-76) ; il aurait également pourvu d’un texte d’autres estampes de De Gheyn. 2Amsterdam Museum, Amsterdam, inv. TA 10181. 3Hugo Grotius, Martiani Minei Felicis Capellae Carthaginiensis viri proconsularis satyricon : in quo de nuptiis Philologiae & Mercurio libri duo, & de septem artibus liberalibus libri singulares, Leyde, C. Raphelingen, 1599. 4Bayerische Staatsbibliothek, Munich, inv. A.lat.b. 202 k. Différents catalogues renvoient vers des livres, « avec des notes de G. Remus », ce qui laisse penser que Remus avait l’habitude d’annoter ses ouvrages.
Quand Jacques de Gheyn II a réalisé ce portrait d’Hugo Grotius (1583-1645) (voir cat. 36) à l’âge de quinze ans, les deux hommes se connaissaient déjà depuis un certain temps. À douze ans, le prodige Grotius écrivait les vers d’une des séries d’estampes de De Gheyn1. Ils habitaient alors à Leyde et c’est probablement dans les cercles de l’université de cette ville qu’ils se sont rencontrés. Grotius étudiait le droit et De Gheyn avait de nombreux amis érudits. À la date de la réalisation de ce portrait, Grotius avait terminé ses études et venait de rentrer de France. Il y avait accompagné le stathouder Johan van Oldenbarnevelt (1547-1619) et Justinus van Nassau (1559-1631) dans une mission diplomatique auprès de la cour de France et avait été diplômé en droit à Orléans. C’est lors d’une visite à Paris que le roi Henri IV (1572-1610) lui fit offrir le médaillon à son effigie qu’il porte dans notre gravure. Préalablement à l’estampe, De Gheyn a tracé d’une pointe très fine le très ressemblant portrait de Hugo Grotius sur du papier préparé jaune vif2. L’estampe présente un remarquable effet de profondeur, comme si le modèle pouvait à tout moment sortir du cadre. Grotius se tient la main sur la hanche, dans une pose légèrement tournée, son coude se détachant du plan de l’image. De surcroît, sa silhouette projette une ombre de l’autre côté du cadre ovale cachant une partie de l’inscription. La devise Rvit Hora – « Le Temps s’envole » – est écrite en haut. En dessous du portrait, il est fait mention de sa nomination comme avocat à La Haye, l’année de parution de cette estampe. La gravure a été publiée dans le premier grand ouvrage de Grotius, son édition du Satyricon de Martianus Capella3. L’inscription manuscrite en latin sous l’effigie de Grotius précise que l’auteur de ce livre (hic liber) l’a écrit dans la quatorzième année de sa vie. Il compare Grotius à l’écrivain Flavius Josèphe, qui fut également considéré comme un enfant prodige à l’âge de quatorze ans. Cette page provient peut-être de l’exemplaire du livre conservé à la Staatsbibliothek de Munich, qui a un jour appartenu à G. Remus, l’avocat, philosophe et poète allemand Georg Remus (1561-1625)4. Différentes annotations ont été faites dans les marges de cet ouvrage, d’une écriture qui présente de frappantes similitudes avec celle de la gravure. Plus frappant encore est le fait que cette estampe n’en faisait plus partie. MvS 1Omnium rerum vicissitudo est (The New Hollstein 68-76) ; il aurait également pourvu d’un texte d’autres estampes de De Gheyn. 2Amsterdam Museum, Amsterdam, inv. TA 10181. 3Hugo Grotius, Martiani Minei Felicis Capellae Carthaginiensis viri proconsularis satyricon : in quo de nuptiis Philologiae & Mercurio libri duo, & de septem artibus liberalibus libri singulares, Leyde, C. Raphelingen, 1599. 4Bayerische Staatsbibliothek, Munich, inv. A.lat.b. 202 k. Différents catalogues renvoient vers des livres, « avec des notes de G. Remus », ce qui laisse penser que Remus avait l’habitude d’annoter ses ouvrages.