La Fondation Custodia acquiert une lettre inconnue de Goya

La Fondation Custodia a pu acquérir dans une vente parisienne une lettre inédite du peintre espagnol Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828).

La lettre est adressée à la compagne de ses dernières années, Leocadia Zorilla (1788-1856), et date d’un an avant sa mort, alors que le peintre âgé, sourd et tourmenté par la maladie, entreprenait encore un voyage à Madrid pour négocier la pension à laquelle il avait droit en sa qualité de peintre de la Cour d’Espagne. Goya vivait à Bordeaux depuis 1824, avec Leocadia et ses deux plus jeunes enfants, officiellement pour raisons de santé mais en réalité pour échapper au régime répressif de Ferdinand VII.

Francisco de Goya y Lucientes, lettre autographe signée à sa compagne Leocadia Zorilla, recto
avant le 30 juillet 1827

Le ton affectueux, prévenant et tendre de la lettre, peut-être la plus intime que nous connaissons de Goya, met en lumière la relation encore mystérieuse que le peintre a entretenue, après la mort de sa femme en 1812, avec Leocadia. On ne sait presque rien de cette dernière, plus jeune que lui de nombreuses années. Il l’assure qu’il est bien arrivé à Madrid et qu’il y a été bien accueilli (sans doute par son fils Javier), mais se montre soucieux de son bien-être, tant qu’il n’a pas reçu un courrier de sa part, et de celui de la petite Rosario, alors âgée de 13 ans, fille présumée du peintre. La lettre évoque l’univers des Caprices de Goya et des dessins de figures spectrales que l’artiste a réalisés pendant ses années à Bordeaux : il est bouleversé par la nouvelle de l’épouvantable suicide de son ami Ródenas (dont nous ignorons tout) qui, après avoir fait sortir son fils de sa chambre, s’est tranché les poignets et la gorge et a été retrouvé mort par sa femme l’instant suivant.

Francisco de Goya y Lucientes, lettre autographe signée à sa compagne Leocadia Zorilla, verso
avant le 30 juillet 1827

Au cours des dernières décennies, seules quelques lettres du peintre sont apparues sur le marché. La plupart se trouvent dans des musées, des archives et des bibliothèques espagnols et sont connues depuis longtemps, telle la correspondance avec son ami de toujours et agent à Saragosse, Martín Zapater, dont la majeure partie est conservée au musée du Prado à Madrid. L’apparition d’une lettre inédite, comme celle à Leocadia, est rarissime.