Nouvelle publication

Les lettres recemment découvertes d’Édouard Manet à son ami Félix Bracquemond

Dans le cadre de la série The Fondation Custodia Studies in the History of Art, la Fondation Custodia s’associe à l’éditeur anglais Ad Ilissvm pour la publication de l’ouvrage Manet to Bracquemond : Newly Discovered Letters to an Artist and Friend qui analyse la correspondance quasi inconnue des lettres adressées par Édouard Manet (1832–1883) à son ami l’artiste Félix Bracquemond (1833–1914).

Cette correspondance a été acquise en 2017 par la Fondation Custodia, avec le généreux soutien de Jean-Luc Baroni. Elle est présentée ici pour la première fois par Jean-Paul Bouillon, dont le travail de longue date sur la vie et l’œuvre de Bracquemond lui a permis de situer avec précision les lettres pour la plupart non datées et d’examiner leur contenu dans le contexte de la carrière des deux artistes.

Publiées dans leur langue française d’origine, ces lettres d’exception sont accompagnées de commentaires en anglais sur leur datation et leur sujet, et la plupart des œuvres évoquées dans les textes sont reproduites en couleur. Les lettres sont précédées d’une introduction complète sur l’amitié entre les deux hommes et met en évidence les principaux thèmes autour desquels s’articule la correspondance au fil des ans.

Lettres d’Édouard Manet à Félix Bracquemond : deux billets non datés
Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2017-A.1

Bracquemond et Manet se sont probablement rencontrés vers 1860, à une époque où Manet commençait à s’intéresser au potentiel de la gravure pour diffuser son travail. De nombreuses lettres attestent des contacts fréquents, parfois presque quotidiens, entre les deux hommes, qui avaient l’habitude de se retrouver dans l’atelier de Manet, mais aussi dans les cafés d’artistes (café de Bade et le Guerbois), et lors des dîners avec Manet, sa femme et sa mère.

D’autres lettres concernent des projets communs, tel l’illustration de la brochure d’Émile Zola publiée à l’occasion de l’exposition personnelle de Manet de 1867, ou l’ex-libris de Manet dessiné par Bracquemond en 1875.

Le lien fort entre les deux hommes ressort clairement de deux lettres plus longues dans lesquelles Manet ouvrit son cœur à Bracquemond au sujet de la situation politique du moment. Ces lettres arrivèrent d’Arcachon, où il attendait la fin de la Commune en essayant de se remettre des privations dont il avait souffert pendant le Siège de Paris en 1870.

Cette correspondance est une source importante pour la connaissance de la vie et des relations de Manet qui, après plus d’un siècle de recherches intenses, présente encore de nombreuses lacunes.

  • Félix Bracquemond, d’après une photographie d’Anatole Godet, Portrait d’Édouard Manet, 1867
    Eau-forte, 160 x 119 mm
    British Museum, Londres
  • Édouard Manet, Portrait de Félix Bracquemond, 1865
    Aquatinte, 172 x 113 mm
    British Museum, Londres

L’ouvrage est écrit par Jean-Paul Bouillon, Professeur émérite d’histoire de l’art à l’Université Clermont-Auvergne et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Ses nombreuses publications comprennent des éditions d’écrits de critiques d’art (de Goncourt, Zola) et d’artistes (Kandinsky, Denis) ; des monographies sur Maurice Denis (1993 et 2006) et Gustav Klimt (1986) ; et des études sur les mouvements Art nouveau et Art déco. Il est un spécialiste reconnu de la vie et de l’œuvre de Félix Bracquemond, dont il a compilé la première partie d’un catalogue raisonné de l’œuvre graphique (1987). Il a consacré en outre trois monographies à cet artiste, liées à des expositions en 2003, 2004, 2005 et a rendu l’œuvre théorique principal de Bracquemond nouvellement accessible dans une édition critique (Du dessin et de la couleur, 2010).