24. Hendrick Goltzius

Mulbracht 1558 – 1617 Haarlem

Portrait d’un garçon, 1583

Avant son départ pour l’Italie en 1590, Hendrick Goltzius a dessiné de nombreux petits portraits à la pointe de métal. Cela permettait au jeune artiste de subvenir à ses besoins, en plus du travail qu’il effectuait pour son maître Dirck Volkertsz. Coornhert (1522-1590), qu’il avait suivi à Haarlem en 1577 et pour le compte duquel il réalisait des gravures1. Les dizaines d’effigies encore conservées représentent des figures connues (parmi lesquelles Pieter van Foreest, le médecin de Guillaume d’Orange2), ainsi que quelques amis et connaissances de l’artiste. Plusieurs d’entre elles étaient destinées à être réalisées en estampes (ou en médaillons), tandis que d’autres étaient des œuvres indépendantes. Ce portrait détaillé appartient probablement à cette dernière catégorie. Goltzius a obtenu la diversité des tons gris et le rendu des textures – cheveux lisses, collerette de coton et manteau de laine – en utilisant deux pointes de métal différentes et en varient les jeux de hachures. Il a signé la feuille et noté l’âge de son modèle, ce qui renforce l’impression qu’il la considérait comme une œuvre à part entière.

On ignore qui aurait pu porter cette œuvre dans un étui, comme un objet précieux, ou l’accrocher au mur de sa maison. De nombreux portraits dessinés de Goltzius ont été identifiés depuis longtemps qui, dans le meilleur des cas, datent du vivant de l’artiste et sont donc crédibles3. Notre feuille ne fournit aucune indication quant à l’identité du modèle. Nous savons seulement que le garçon – le regard doux et quelque peu timide, tourné vers le spectateur – avait onze ans lorsque Goltzius a transcrit ses traits sur parchemin. Peut-être s’agissait-il du fils d’un ami ou d’un neveu4. L’artiste a fait plusieurs portraits de son beau-fils Jacob Matham (1571-1631), dont un, à la pointe d’argent, le représente à l’âge de treize ans5. Bien que le garçon de notre feuille ait pratiquement le même âge que Matham (onze ans en 1583 pour le premier, treize ans en 1584 pour le second), il ne lui ressemble pas physiquement. Le dessin d’un garçonnet de douze ans à la pointe de métal de Berlin semble également représenter un autre enfant6.

MvS

1Huigen Leeflang et Ger Luijten (éds.), Hendrick Goltzius (1558-1617). Tekeningen, prenten en schilderijen, cat. exp. Amsterdam, Rijksmuseum, New York, The Metropolitan Museum of Art et Toledo, Ohio, The Toledo Museum of Art, 2003-2004.

2Teylers Museum, Haarlem, inv. N 038  ; voir Bleyerveld et Veldman 2016, n° 61.

3Cat. exp., Amsterdam/New York/Toledo 2003-2004, p. 72, note 1.

4An Van Camp, «  Metalpoint Drawings in the Low Countries in the Sixteenth and Seventeenth Centuries  », dans Stacey Sell et Hugo Chapman (éds.), Drawing in Silver and Gold. Leonardo to Jasper Johns, cat. exp., Washington D.C., National Gallery of Art, Londres, British Museum, 2015, p. 150.

5Teylers Museum, Haarlem, inv. N 048  ; voir Bleyerveld et Veldman 2016, n° 65.

6Reznicek 1961, n° 376  ; cat. exp. Amsterdam/New York/Toledo 2003-2004, sous le cat. n° 21, ill. 21a.