Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 29. Thomas Jones Trefonnen, Powys 1742 – 1803 Pencerrig, Powys Le Cratère au sommet du mont Vésuve, vers 1778 L’artiste gallois Thomas Jones fut connu de son vivant pour ses paysages classicisants dont le style évoquait celui de son maître Richard Wilson (1713/1714–1782). Son nom sortit de la relative obscurité dans laquelle il était tombé dans les années 1950, grâce à la publication de ses mémoires et l’apparition sur le marché de l’art d’un ensemble de ses études de paysage d’une étonnante modernité1. Parmi ce groupe, les petites esquisses à l’huile sur papier peintes à Naples vers 1782, représentant d’humbles bâtiments vus depuis les fenêtres de son propre appartement, sont considérées comme la production la plus originale de sa carrière2. Le fait que ces études vendues en 1954 aient été en possession de ses descendants jusque-là indique qu’elles furent réalisées par l’artiste pour son propre enseignement et son plaisir, plutôt que pour la vente. Jones fit plusieurs ascensions du Vésuve pendant son séjour en Italie entre 1776 et 1783. Cette vue rapprochée du cratère ne fut pas exécutée sur le motif mais se fonde sur un dessin au crayon, enrichi d’annotations, figurant dans son carnet de croquis et daté du 29 octobre 17783. Peinte à l’huile, dans une matière picturale très diluée et avec la palette restreinte caractéristique de l’artiste, l’œuvre fut probablement réalisée alors que le souvenir des teintes multicolores des roches sulfuriques était encore très vif dans son esprit. Le cratère ne semble guère menaçant mais Jones rappela dans ses mémoires les risques qu’encourrait quiconque s’intéressait à ce sujet aux humeurs parfois fort capricieuses. Ce même 29 octobre, il rapporta ainsi avoir été lui-même contraint à une retraite précipitée par « une grande crevasse, ou fissure, qui s’était ouverte de manière imperceptible », à une vingtaine de mètres derrière lui4. Quand cette peinture est apparue sur le marché en 1980, elle était accompagnée d’une toile de mêmes dimensions sur laquelle le Vésuve apparaît au loin5. Aspirant à construire une collection de référence d’esquisses à l’huile britanniques, Ger Luijten acquit pour la Fondation Custodia ces pendants de Jones, ainsi que des paysages de son maître Richard Wilson et ses successeurs John Constable (1776–1837), Samuel Palmer (1805–1881) et Augustus Leopold Egg (1816–1863), entre autres6. Ces œuvres rejoignent le seul tableau de paysage anglais dont Frits Lugt fit l’acquisition, en 1927, La Giudecca à Venise de Richard Parkes Bonington (1802–1828)7. Lugt avait noté sur sa fiche d’inventaire qu’il le considérait comme un ravissant petit tableau ensoleillé8. Alice-Anne Tod 1« The Property of a lady whose husband was a descendant of Thomas Jones, a pupil of Richard Wilson, RA », vente, Londres (Christie’s), 2 juillet 1954. 2Voir Un mur à Naples, Londres, The National Gallery, inv. NG6544 ; Toits à Naples, Oxford, Ashmolean Museum, inv. WA1954.81. 3Thomas Jones, « The Crater on the Summit of M. Vesuvius / 29 Octobr 1778 », 1778, graphite sur papier, Cardiff, National Museum Cardiff, carnet de croquis inv. NMW A 2528, folio 127. 4« Memoirs of Thomas Jones : Penkerrig Radnorshire. 1803 », The Walpole Society, vol. XXXII, (1946-1948) 1951, p. 80-81. 5Rochers sur la côte de Sorrente, vers 1778, huile sur toile, 35,2 × 43,7 cm, inv. 2020-S.9 ; vente, Londres (Sotheby’s), 12 mars 1980, n° 119 (T. Jones, « A rocky promontory ; A volcano »). 6Richard Wilson, Vue des Cascatelles et de la villa de Mécène à Tivoli, vers 1752, huile sur toile, 30,3 × 50,7 cm, inv. 2019-S.29 ; John Constable, Vue de jardins à Hampstead, avec un sureau, cat. 31 ; Samuel Palmer, Vue de Box Hill, Surrey, 1848, huile sur papier, contrecollé sur carton, 24,1 × 41,4 cm, inv. 2018-S.16 ; Augustus Leopold Egg, Un jardin de cottage, 1863, huile sur panneau, 25,4 × 25,4 cm, inv. 2020-S.4. 7Daté 1826, huile sur panneau, 24,8 × 31,7 cm, inv. 2762. 8« een heerlijk zonnig schilderijtje ».
L’artiste gallois Thomas Jones fut connu de son vivant pour ses paysages classicisants dont le style évoquait celui de son maître Richard Wilson (1713/1714–1782). Son nom sortit de la relative obscurité dans laquelle il était tombé dans les années 1950, grâce à la publication de ses mémoires et l’apparition sur le marché de l’art d’un ensemble de ses études de paysage d’une étonnante modernité1. Parmi ce groupe, les petites esquisses à l’huile sur papier peintes à Naples vers 1782, représentant d’humbles bâtiments vus depuis les fenêtres de son propre appartement, sont considérées comme la production la plus originale de sa carrière2. Le fait que ces études vendues en 1954 aient été en possession de ses descendants jusque-là indique qu’elles furent réalisées par l’artiste pour son propre enseignement et son plaisir, plutôt que pour la vente. Jones fit plusieurs ascensions du Vésuve pendant son séjour en Italie entre 1776 et 1783. Cette vue rapprochée du cratère ne fut pas exécutée sur le motif mais se fonde sur un dessin au crayon, enrichi d’annotations, figurant dans son carnet de croquis et daté du 29 octobre 17783. Peinte à l’huile, dans une matière picturale très diluée et avec la palette restreinte caractéristique de l’artiste, l’œuvre fut probablement réalisée alors que le souvenir des teintes multicolores des roches sulfuriques était encore très vif dans son esprit. Le cratère ne semble guère menaçant mais Jones rappela dans ses mémoires les risques qu’encourrait quiconque s’intéressait à ce sujet aux humeurs parfois fort capricieuses. Ce même 29 octobre, il rapporta ainsi avoir été lui-même contraint à une retraite précipitée par « une grande crevasse, ou fissure, qui s’était ouverte de manière imperceptible », à une vingtaine de mètres derrière lui4. Quand cette peinture est apparue sur le marché en 1980, elle était accompagnée d’une toile de mêmes dimensions sur laquelle le Vésuve apparaît au loin5. Aspirant à construire une collection de référence d’esquisses à l’huile britanniques, Ger Luijten acquit pour la Fondation Custodia ces pendants de Jones, ainsi que des paysages de son maître Richard Wilson et ses successeurs John Constable (1776–1837), Samuel Palmer (1805–1881) et Augustus Leopold Egg (1816–1863), entre autres6. Ces œuvres rejoignent le seul tableau de paysage anglais dont Frits Lugt fit l’acquisition, en 1927, La Giudecca à Venise de Richard Parkes Bonington (1802–1828)7. Lugt avait noté sur sa fiche d’inventaire qu’il le considérait comme un ravissant petit tableau ensoleillé8. Alice-Anne Tod 1« The Property of a lady whose husband was a descendant of Thomas Jones, a pupil of Richard Wilson, RA », vente, Londres (Christie’s), 2 juillet 1954. 2Voir Un mur à Naples, Londres, The National Gallery, inv. NG6544 ; Toits à Naples, Oxford, Ashmolean Museum, inv. WA1954.81. 3Thomas Jones, « The Crater on the Summit of M. Vesuvius / 29 Octobr 1778 », 1778, graphite sur papier, Cardiff, National Museum Cardiff, carnet de croquis inv. NMW A 2528, folio 127. 4« Memoirs of Thomas Jones : Penkerrig Radnorshire. 1803 », The Walpole Society, vol. XXXII, (1946-1948) 1951, p. 80-81. 5Rochers sur la côte de Sorrente, vers 1778, huile sur toile, 35,2 × 43,7 cm, inv. 2020-S.9 ; vente, Londres (Sotheby’s), 12 mars 1980, n° 119 (T. Jones, « A rocky promontory ; A volcano »). 6Richard Wilson, Vue des Cascatelles et de la villa de Mécène à Tivoli, vers 1752, huile sur toile, 30,3 × 50,7 cm, inv. 2019-S.29 ; John Constable, Vue de jardins à Hampstead, avec un sureau, cat. 31 ; Samuel Palmer, Vue de Box Hill, Surrey, 1848, huile sur papier, contrecollé sur carton, 24,1 × 41,4 cm, inv. 2018-S.16 ; Augustus Leopold Egg, Un jardin de cottage, 1863, huile sur panneau, 25,4 × 25,4 cm, inv. 2020-S.4. 7Daté 1826, huile sur panneau, 24,8 × 31,7 cm, inv. 2762. 8« een heerlijk zonnig schilderijtje ».