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45. Jean-Baptiste Huet

45. Jean-Baptiste Huet

Paris 1745 – 1811 Paris

Rave, vers 1770-1775

Élève de Jean-Baptiste Le Prince (1734-1781), Huet fut aussi directement influencé par l’art de son aîné François Boucher (1703-1770)1. Reçu à l’Académie en 1769 avec Un dogue qui attaque des oies sauvages, il développe au fil de sa carrière son talent naturaliste au travers de paysages, scènes pastorales et portraits d’animaux. C’est également un dessinateur et graveur à l’eau-forte dont la production graphique connue est particulièrement abondante, bien que son corpus n’ait pas encore été totalement reconstitué à ce jour.

En homme du siècle des Lumières, Huet fait sienne l’esthétique sensualiste qui prône l’expérience directe de la nature. C’est ainsi que l’on retrouve dans son inventaire après décès mention d’une collection de curiosités naturelles2. En outre, l’artiste, ainsi que le révèlent les archives3, devait passer la majorité de son temps dans sa maison de Villiers-sur-Orge. Cet environnement rural explique que les animaux de ferme constituent la quasi-totalité de son répertoire animalier ; quant à ses nombreuses études botaniques, elles décrivent des plantes potagères, voire des mauvaises herbes4, que l’artiste avait quotidiennement sous les yeux. Notre feuille résulte donc de ces observations sur le motif. Elle partage avec d’autres études issues d’un même album, réapparu en 1986 sur le marché de l’art, sa mise en page monumentale qui confère à cet humble sujet une dignité certaine. L’artiste déploie son motif en largeur afin de tirer le meilleur parti des grandes dimensions de la feuille. Mais cette étude botanique est avant tout une magistrale étude de lumière. Par une utilisation minutieuse de la sanguine, travaillée en fines hachures et en accents plus ou moins appuyés qui définissent des réserves de papier, Huet sculpte la surface cloquée des feuilles. En l’isolant presque entièrement de son contexte naturel – seules quelques larges hachures suggèrent le sol, tandis qu’un groupe d’herbacées est tout juste esquissé à l’arrière-plan gauche –, l’artiste élève ce motif en un sujet esthétique à part entière.

Cette feuille, non signée, n’était sans doute pas destinée à la vente5. L’artiste a pu la conserver dans son fonds d’atelier comme partie de son répertoire de motifs naturalistes à insérer dans ses compositions peintes, dessinées ou gravées, ainsi que le pratiquaient les maîtres du Siècle d’Or hollandais. La plante aux larges feuilles charnues que l’on retrouve au premier plan à gauche dans un autre dessin de Huet, Vue de la cascade de Tivoli, acquis par la Fondation Custodia en 19826, a pu faire elle aussi l’objet d’une étude isolée similaire. MNG

1Laure Hug, « Recherches sur la biographie du peintre Jean-Baptiste Huet (1745-1811) », Bulletin de la Société d’Histoire de l’Art Français (B.S.H.A.F.), 1998 (1999), p. 160.

2Dressé à Paris du 5 au 25 septembre 1811, items nos 18 et 22 ; Hug 1998, op. cit. (note 1), p. 170.

3Ibid., p. 162.

4Benjamin Couilleaux, Jean-Baptiste Huet. Le plaisir de la nature, cat. exp., Paris, Musée Cognacq-Jay, 2016, cat. nos 26 à 32.

5Ibid., p. 18.

6Paris, Fondation Custodia, inv. 1982-T.7 (pierre noire et estompe, rehauts de gouache blanche et de pastel, sur papier préparé brun ; lignes d’encadrement à la pierre noire ; doublé de papier bleu ; 338 × 563 mm) ; José-Luis de Los Llanos (éd.), Tivoli. Variations sur un paysage au XVIIIe siècle, cat. exp., Paris, Musée Cognacq-Jay, 2010, cat. n° 27.