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48. Philips Augustijn Immenraet

48. Philips Augustijn Immenraet

Anvers 1627 – 1679 Anvers

Lisière d’un bois dans un paysage vallonné

Frits Lugt avait le don de mettre la main sur des pièces singulières, atypiques dans l’œuvre d’un artiste. Suivant en cela l’esprit de son fondateur, la Fondation Custodia a acquis cette Lisière d’un bois dans un paysage vallonné, tout à fait insolite, précédemment attribué à l’artiste paysagiste hollandais Dirck Dalens le Jeune (1657/58-1685). D’après la notice dans le catalogue de vente de 1996, cette feuille se situe à mi-chemin entre deux groupes bien connus de dessins de Dalens : ses dessins extrêmement finis avec des lavis monochromes, tels que le Paysage de collines boisées avec cavalier et serviteur, à Amsterdam1, et ses gouaches, qui, estime-t-on à présent, reviennent au fils de l’artiste, Dirck Dalens (1688-1753)2.

Même si le rendu du feuillage dans ces dessins monochromes et dans notre feuille présente des similitudes, les preuves manquent pour maintenir l’attribution à Dirck Dalens le Jeune. Ce dessin, par l’exécution et le style, se rapproche davantage de deux paysages nocturnes conservés au Cabinet des arts graphiques du Rijksmuseum, sous l’École allemande3. Les trois dessins présentent un maniement comparable du pinceau, surtout dans la manière dont l’artiste a figuré le premier plan avec des rochers, les arbres élancés et des feuillages. Notre Lisière d’un bois est nettement la plus naturaliste et atmosphérique des trois et semble annoncer les dessins de paysage romantiques du XIXe siècle.

Il est à remarquer que l’un des dessins d’Amsterdam porte une inscription avec le monogramme « PAI » en ligature suivi de l’année 16564. Ainsi que le suggère Ger Luijten, c’est là le monogramme du peintre paysagiste flamand Philips Augustijn Immenraet (1627-1679)5. Ces mêmes lettres, écrites d’une façon un peu rudimentaire, figurent dans la marge de certaines de ses gravures de jeunesse à l’eau-forte d’après des dessins de Lucas van Uden (1595-1672/73)6. Elles furent probablement créées au début des années 1640, pendant l’apprentissage du jeune artiste auprès de Van Uden. Bien qu’on puisse dater Lisière d’un bois et les dessins d’Amsterdam de plus d’une dizaine d’années plus tard, ils rappellent cependant les paysages atmosphériques dessinés par Van Uden, souvent rehaussés de lavis de couleurs variées et exécutés sur du papier teinté bleu.

On ne sait pratiquement rien sur Immenraet en tant que dessinateur7. Ses dessins sont sans doute aujourd’hui encore classés sous divers noms et écoles erronés dans les cabinets d’art graphique. Son œuvre peint est beaucoup plus étendu. Il reflète la tradition du paysage flamand plus naturaliste de Gillis van Coninxloo le Jeune (1543-1606/7) et de Pieter Paul Rubens (1577-1640), apparu au cours de la première moitié du XVIIe siècle8. Dans ses peintures, on est frappé par les feuillages méticuleusement peints avec des touches juxtaposées, par la palette de couleur brun-verdâtre et la chaude lumière méditerranéenne9, caractéristiques que l’on retrouve dans notre feuille. MR

1Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-1972-83 (pointe du pinceau et encre grise, lavis gris, sur une esquisse à la pierre noire ; 263 × 322 mm) ; Marijn Schapelhouman et Peter Schatborn, Land & Water. Hollandse tekeningen uit de 17de eeuw in het Rijksprentenkabinet, cat. exp., Amsterdam, Rijksmuseum, 1987, cat. n° 92 ; https://www.rijksmuseum.nl/nl/zoeken.

2Notice dans le catalogue de la vente, Amsterdam (Sotheby’s), 12 novembre 1996, n° 14. Deux des trois gouaches citées dans cette notice sont actuellement attribuées au fils de Dirck Dalens le Jeune ; Vadim Sadkov et al., Netherlandish, Flemish and Dutch Drawings of the XVI-XVIII Centuries. Belgian and Dutch Drawings of the XIX-XX Centuries, Amsterdam, 2010, sous le n° 121.

3Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-1986-46 (pointe du pinceau et encre noire, aquarelle et gouache, sur une esquisse à la pierre noire, sur papier teinté bleu ; trait d’encadrement à l’encre noire ; 144 × 182 mm. Inscrit, en bas à gauche, à l’encre noire : « PAI 1656 ») ; et RP-T-1986-47 (pointe du pinceau et encre noire, aquarelle et gouache, sur une esquisse à la pierre noire, sur papier teinté bleu ; trait d’encadrement à l’encre noire, 143 × 204 mm) ; https://www.rijksmuseum.nl/nl/zoeken. Je remercie Marijn Schapelhouman de m’avoir signalé ces dessins.

4Ce monogramme a été erronément interprété comme IAR ou IAP dans la base de données en ligne du musée ; https://www.rijksmuseum.nl/nl/zoeken.

5Communication orale, 2017.

6Par exemple la suite de huit gravures d’après Van Uden à Londres, British Museum, inv. S.2812-2824 (eau-forte ; environ 84 × 108 mm ) ; http://www.britishmuseum.org/research.aspx.

7Jusqu’à présent un seul dessin de sa main a pu être identifié. Localisation inconnue (plume et encre brune, lavis gris et rehauts de blanc, sur une esquisse à la pierre noire, sur papier brun ; 281 × 459 mm. Signé et daté, en bas à gauche, à l’encre brune : « Immenraet / 1650 ») ; vente, Hans van Leeuwen, Amsterdam (Christie’s), 24 novembre 1992, n° 111, repr. L’auteur de cette notice prépare un article sur Immenraet dessinateur.

8Marie-Elizabeth de Séjournet-Van Rijckevorsel, « Un peintre flamand méconnu : Philippe-Auguste Immenraet (1627-1679) », Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, XXVIII, 1995, p. 53-61.

9Un séjour en Italie est supposé, mais aucune preuve ne nous en est parvenue ; Arnold Houbraken, De groote schouburgh der Nederlantsche kunstschilders en schilderessen, 3 vol., Amsterdam, 1718-21, vol. I, p. 356 ; et De Séjournet-Van Rijckevorsel 1995, op. cit. (note 9), p. 55.

10L’ancien montage a sans doute été retiré après la vente de 1996. Une perte de fibre de papier et des résidus de colle sont visibles au verso du dessin. Pour l’inscription voir le catalogue de la vente.