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49. Augustus John

49. Augustus John

Tenby 1879 – 1961 Fordingbridge

Tête farouche (Autoportrait), 1906

Dessinateur extrêmement doué, Augustus John fréquente la Slade School de 1894 à 1898, avant d’entreprendre une carrière de portraitiste à Liverpool puis Londres. Qu’il dépeigne les membres de la société de son temps (William Butler Yeats, George Bernard Shaw, James Joyce, la marquise Casati, etc.) ou qu’il fixe à l’eau-forte ou au graphite des figures de bohémiens et marginaux, John s’attache à restituer ses sujets dans toute leur humanité. Campbell Dodgson notait déjà en 1920 la filiation entre les premiers travaux d’Augustus John et ceux de Rembrandt1. Cela est d’autant plus frappant si l’on considère la série d’autoportraits à l’eau-forte que le jeune artiste réalise autour de 19062. Cette période de production correspond par ailleurs à l’année où il expose pour la première fois ses gravures à la Chenil Gallery3.

Notre autoportrait, intitulé par l’artiste Tête farouche, représente l’aboutissement de cette série ; c’est aussi le plus grand qu’il ait réalisé. L’attitude et l’expression du visage, vu de face, se basent sur deux compositions antérieures4, dans lesquelles John scrute ses traits et son regard avec une acuité pénétrante. Elles n’atteignent cependant pas la puissance dramatique que l’artiste confère au deuxième état de cet autoportrait, et qui semble, à un demi-siècle de distance, faire écho à L’Autoportrait en désespéré de Gustave Courbet (1819-1877)5.

John grave, au moyen de courts accents nerveux, le modelé de son visage tourmenté – sourcils froncés, joues creusées –, ses iris sont notés par deux cercles d’un noir opaque, tandis que sa chevelure et sa barbe broussailleuses sont décrites par un réseau dense de virgules et de courbes à l’agencement désordonné. Le reste du buste n’est que très sommairement indiqué. Mais l’effet réside surtout dans l’essuyage partiel de l’encre sur la plaque, qui produit un ton de surface gris vaporeux autour du visage et un halo sombre vers les bords. Le visage de l’artiste semble donc émerger des ténèbres, à moins qu’il ne soit sur le point d’être happé par celles-ci. Il fut tiré de cette plaque vingt-cinq impressions, chacune expérimentant un effet d’essuyage différent. Aucun dessin préparatoire n’est connu pour ces autoportraits, ce qui pourrait confirmer que John a travaillé directement sur la plaque, la pointe utilisée pour graver à l’eau-forte autorisant un geste spontané, aussi proche que possible de celui du dessin. L’intérêt de l’artiste pour les techniques graphiques les plus libres transparaît également dans des autoportraits de vieillesse, qui conservent au visage son intense présence6.

Personnalité atypique et flamboyante, Augustus John, qui adopte dès ses jeunes années le mode de vie des gens du voyage, est considéré comme l’un des plus grands créateurs de sa génération. Il devient membre de la Royal Academy en 1928 et se voit dédier de son vivant, en 1954, une rétrospective au sein de cette même institution. MNG

1Campbell Dodgson, A Catalogue of Etchings by Augustus John. 1901-1914, Londres, 1920, p. vi.

2Ibid., nos 2-10.

3Ibid., p. vii.

4Ibid., nos 7 et 9.

5Collection particulière (huile sur toile ; 54 × 45 cm) ; Laurence des Cars (éd.), Gustave Courbet, cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais, New York, The Metropolitan Museum of Art, et Montpellier, Musée Fabre, 2007-2008, cat. n° 6.

6Notamment deux autoportraits (crayon lithographique, sur plaque de zinc ; 330 × 241 mm et 260 × 222 mm) ; vente, Londres (Christie’s), 12 juin 1987, n° 290.